« Nous sommes aujourd'hui face à une ligne de la honte. Les Auvergnats sont maltraités. Je le dis : ça suffit ! », s'est indigné Laurent Wauquiez, venu « marquer sa colère » devant la gare de Clermont-Ferrand cet après-midi. Le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes a rappelé l'incident du 19 janvier. 700 voyageurs de la ligne Paris-Clermont-Ferrand avaient été bloqués toute une nuit dans leur train Intercité, dans un froid glacial et sans électricité, à la suite d'une panne de locomotive. La SNCF avait même dû faire appel à la Croix-Rouge.
Lire aussiPannes, retards, annulations... la SNCF attendue au tournant sur la ligne Clermont-Paris
Cette ligne multiplie, en fait, les déboires entre pannes, annulations et retards à répétition. En cause : la vétusté et l'indisponibilité du matériel roulant qui résultent d'un manque criant d'investissement ces dernières décennies. De nouvelles rames ont bien été commandées, mais elles ne devraient pas arriver avant deux ou trois ans. En attendant, les élus et les usagers exigent des solutions rapides.
Sécurisation de la ligne et centres opérationnels de maintenance
« Nous ne pouvons plus continuer comme cela et attendre que les incidents se répètent », a déclaré le président de la Région, qui avait rendez-vous en début de semaine au ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. L'occasion pour lui de présenter ses pistes en vue d'améliorer le fonctionnement de cette ligne. La Région demande notamment une sécurisation de la ligne avec des grillages le long des voies pour éviter les accidents impliquant du gibier. Il souhaite aussi des centres opérationnels de maintenance, émaillés tout au long de la ligne Clermont-Paris, pour qu'il y ait des locomotives de réserve et que les passagers n'attendent pas des heures en cas d'incident. Exigences également formulées par le Collectif des usagers du train Clermont-Paris, qui regroupe 2.000 membres actifs.
Laurent Wauquiez souhaite, enfin, que les trains les plus à risques, ceux du matin et du soir, soient équipés de deux locomotives compte tenu du niveau de fiabilité du matériel.
« Pour que si jamais une locomotive tombe en panne, l'autre puisse être opérationnelle. Nous demandons donc 6 nouveaux équipements affectés tout de suite sur notre ligne. C'est une solution toute simple, il n'y a pas de fatalité », a renchéri Laurent Wauquiez, cinglant au passage Jean-Pierre Farandou qu'il avait convoqué aujourd'hui en Auvergne. « Le PDG de la SNCF n'a pas daigné se déplacer. Il n'a même pas eu la décence de venir s'expliquer. Il faut que la SNCF change de ton et comprenne qu'on ne traite pas l'Auvergne de cette façon. »
Lire aussiJeux olympiques : comment la SNCF prépare ses gares parisiennes pour l'été 2024
« Si je n'ai pas de réponse, la Région retirera ses financements »
Selon le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, les « solutions » proposées permettraient d'apporter des avancées rapides, mais aussi sur le long terme. Et a fixé un ultimatum à la SNCF et à l'Etat, qui gère cette ligne en tant qu'autorité organisatrice des trains d'équilibre du territoire.
« Si je n'ai pas de réponse, la Région retirera ses financements. Nous mettons 43 millions d'euros pour justement sécuriser les passages à niveau, assurer l'entretien et la rénovation du matériel... Maintenant, j'ai besoin d'avoir des garanties de résultats et je veux des avancées avant la fin du mois. J'ai un ministre qui a été attentif », a poursuivi l'élu.
Ce coup de pression, la Région l'avait déjà mis, en juin dernier, au gouvernement, conditionnant déjà sa contribution financière à l'amélioration du service dans un courrier adressé à l'ancienne Première Ministre, Elisabeth Borne. Mais est-ce vraiment possible de supprimer cette subvention de plus de 40 millions d'euros déjà votée ? Laurent Wauquiez a préféré éluder la question : « Vous me connaissez, quand il s'agit de l'Auvergne, je ne laisse rien passer ».
Lire aussiFaut-il relancer la liaison aérienne entre Clermont-Ferrand et l'aéroport d'Orly ?
Visite du ministre le 22 février
Les Auvergnats devraient, en fait, être rapidement fixés sur les mesures retenues. Des annonces sont prévues dans les tous prochains jours. Le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, et le PDG de la SNCF sont attendus, pour l'occasion, à Clermont-Ferrand le 22 février. Suite à l'incident de janvier, le ministre avait exigé à la compagnie ferroviaire un « plan d'actions complémentaires à très court terme ». La SNCF n'a pas souhaité prendre la parole suite aux déclarations de Laurent Wauquiez et précise simplement à La Tribune « travailler sur ce plan d'actions ».
Sujets les + commentés