Fermeture de l'A43 et du tunnel du Fréjus : 25% de pertes d'activité pour les entreprises, selon la CCI Savoie

L'autoroute A43 (en Savoie), fermée à la circulation des poids lourds depuis le 27 août 2023 en raison d'un éboulement, va rouvrir dans le week-end du 9 et 10 septembre 2023, « sans doute » dès samedi, a indiqué le ministre des transports Clément Beaune. Sa fermeture a particulièrement affecté les entreprises du département, dépendantes de cet axe transfrontalier entre la France et l'Italie. 25 % d'entres elles ont déclaré avoir subi une perte d'activité auprès de la Chambre de commerce et d'industrie.
Le tunnel transfrontalier du Fréjus, long de 12,8 km, est fermé à la circulation entre la France et l'Italie depuis le 27 août 2023 en raison d'un éboulement.
Le tunnel transfrontalier du Fréjus, long de 12,8 km, est fermé à la circulation entre la France et l'Italie depuis le 27 août 2023 en raison d'un éboulement. (Crédits : DR/Alban Pernet)

Axe stratégique entre la France et l'Italie, l'autoroute A43 (AREA, Eiffage), où se situe le tunnel du Fréjus, va rouvrir à la circulation de l'ensemble des véhicules autorisés ce week-end du 9 et 10 septembre 2023, « sans doute » dès le samedi, a indiqué jeudi le ministre des Transports à France Bleu, Clément Beaune. Sa fermeture à la circulation des poids lourds, intervenue à la suite d'un éboulement important à 5 km de Modane (Savoie) le dimanche 27 août dernier, a engendré des difficultés pour les entreprises de la région, notamment de la Haute-Maurienne, dépendantes de cette artère transfrontalière. De même, la ligne ferroviaire entre Lyon et Turin a elle aussi été interrompue et serait hors service pendant « au moins deux mois », jusqu'à fin octobre au plus tôt.

« Les gens n'anticipaient pas autant de difficultés »

Afin de mesurer les répercussions immédiates de l'événement pour les entreprises locales, la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Savoie a réalisé début septembre une enquête envoyée à 500 TPE et PME du département. Un quart d'entre elles ont répondu. Sur l'ensemble des secteurs (commerce, industries, tourisme), 25 % déclarent avoir subi une perte d'activité dans les dix jours suivant l'éboulement et la fermeture des différents axes. En effet, les routes alternatives vers la péninsule sont celle du tunnel du Mont-Blanc, en Haute-Savoie - déjà engorgée - ou encore l'autoroute A8 par Nice (Alpes-Maritimes) puis Vintimille.

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Selon Marc Berrogia, président de la CCI : « La problématique concerne les commerçants, pour la livraison de leurs produits, mais aussi les stations-services de la Haute-Maurienne, qui n'ont pas pour être approvisionnées, ou avec des retards ». A titre d'exemple, 92 % des commerces de détails se sont déclarés « très impactés » par la fermeture de l'autoroute auprès de la CCI. Du côté du bâtiment, cinq entreprises sur dix remarquent une baisse d'activité. Quant au secteur touristique, la fermeture de la ligne ferroviaire inquiète à l'aune du début de la saison hivernale : « Les impacts commencent à se faire ressentir sur les réservations, en baisse. En Haute-Maurienne, ils ont de grosses incertitudes de savoir si les touristes pourront se rendre dans toutes les stations ».

Infrastructures routières et ferroviaires : quelles orientations ?

Pour l'instant, la CCI « n'a pas tous les leviers en sa possession » pour mesurer les effets de l'événement sur les prix et la santé des structures, dans un département qui exporte plus qu'il n'importe d'Italie (sa balance commerciale est excédentaire d'un milliard d'euros). La réouverture de l'autoroute est une « bonne nouvelle », très attendue, insiste Marc Berrogia. Mais le sujet soulève la question de la sécurité et de la durabilité des infrastructures de transports dans ces vallées encaissées. « Les gens n'anticipaient pas autant de difficultés, remarque à nouveau le président de la CCI. Des clients ne pensaient pas que le sujet était aussi technique ».

En effet, depuis dix jours, des élus locaux, des institutions comme la CCI et des associations réagissent à l'événement en soulevant l'épineux dossier de la ligne ferroviaire Lyon-Turin. Jacques Gounon, président de la Transalpine, association de promotion du projet, estime que « cet épisode illustre les grandes problématiques du transport transalpin. D'un côté, le poids colossal du mode routier qui représente 92% des marchandises échangées. De l'autre, le manque de fiabilité et de performance d'une infrastructure ferroviaire datant de Napoléon III ». Il en va de même des quatre maires de la Communauté de Communes de la Vallée de Chamonix-Mont-Blanc, qui soulignaient fin août l'enjeu « environnemental et de protection des vallées alpines » de la ligne ferroviaire en chantier, dans un communiqué. Si le ministre Clément Beaune soutenait avant l'été mettre sur la table une enveloppe de 3 milliards d'euros pour répondre à la question des accès, les acteurs favorables au projet disent toujours attendre des réponses de l'Etat, qui ne viennent pas. Du côté de l'opposition, le député (LFI) pointe un événement dont le risque « était avéré depuis 1975 » et demande à « sécuriser la ligne existante » : « En tout état de cause, un deuxième tunnel transfrontalier Lyon-Turin ne protègera pas les usagers de la route et des TER qui circulent en Maurienne car ils continueront d'être exposés aux éboulements ».

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