Lyon-Turin : le creusement du dernier tronçon du tunnel en Italie est attribué

Le creusement du dernier tronçon du tunnel de base de la ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin a été attribué, mercredi 31 août 2023, pour un montant d'1,1 milliard d'euros. Le groupement des entreprises franco-italiennes Itinera, Spie Batignolles et Ghella obtiennent le marché.
(Crédits : DR)

Nouvelle étape importante dans le projet de ligne ferroviaire entre Lyon et Turin. Le dernier tronçon du tunnel de base du Mont-Cenis, long de 57,5 kilomètres et nécessitant le creusement de 162 km de galeries, a été attribué au groupement d'entreprises franco-italiennes Itinera, Spie Batignolles et Ghella, jeudi 31 août 2023. Il s'agit du dernier appel d'offres de la partie génie civil de l'ouvrage transfrontalier entre Saint-Jean-de-Maurienne et Suze.

D'un montant d'1,1 milliard d'euros, il prévoit le creusement de 25,8 kilomètres de galeries sur la partie italienne, dont 12,5 km de voies. Cette offre, attribuée par la société du Tunnel Euralpin Lyon Turin (TELT-SAS), le promoteur public en charge de la construction, de la gestion et de l'exploitation de l'ouvrage, a été évaluée pendant neuf mois. « Le critère économique a été associé à un critère technique », précise l'organisme.

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Côté français, les trois tronçons de l'ouvrage, qui deviendra le plus long tunnel ferroviaire au monde, ont été attribués en 2021, notamment aux constructeurs Eiffage Génie civil (0,6 milliard d'euros, travaux jusqu'en 2030), Vinci Grands Projets ou encore Implenia France.

Déjà 34 kilomètres de galeries ont été creusées sous les Alpes, pour une livraison à l'horizon 2032. TELT a également lancé en juin dernier un nouvel appel d'offres de 3 milliards d'euros relatif aux équipements technologiques, pour une attribution d'ici 2027. Le coût du tunnel est aujourd'hui estimé à 8,6 milliards d'euros, là où l'ensemble du projet, accès compris, était évalué à 26 milliards d'euros par la Cour des comptes française dans sa dernière évaluation en 2012.

Dissonances sur les accès

Si le chantier est bien lancé, la question des accès reste toujours en suspens du côté français (150 km), là où l'Italie (60 km) a déjà bien avancé sur la question en bouclant son tracé et ses budgets. Le scénario tricolore n'a toujours pas été tranché, même si l'option « grand gabarit », nécessitant la construction de trois autres tunnels sous les massifs de la Chartreuse, de Belledonne et le col du Glandon, semble avoir été retenue.

Le ministre des Transports, Clément Beaune, annonçait en juin dernier une enveloppe de 3 milliards d'euros provenant de l'Etat. « Nous sommes en train de basculer dans le positif, expliquait alors Josiane Beaud, cheffe de la délégation française de la Commission intergouvernementale franco-italienne pour la réalisation du projet, comme nous le rapportions. Nous avons beaucoup reproché à la France de ne pas avancer. L'intervention des ministres des transports français et italien a réaffirmé le tracé grand gabarit et apporté des éléments financiers sur la table. Nous allons nous mettre complètement d'accord sur une programmation dans les vingt ans qui viennent ».

Éboulements en Maurienne

Cette annonce intervient quelques jours après un important éboulement en vallée de la Maurienne. La circulation des trains entre la France et l'Italie est depuis interrompue, tout comme celle des véhicules de plus de 3,5 tonnes dans le tunnel de Fréjus. Le trafic, reporté vers des itinéraires alternatifs (A8 et Vintimille), a engendré une congestion devant les entrées du tunnel du Mont-Blanc, qui devait fermer pour travaux à partir du 4 septembre. Ce chantier de maintenance a été reporté, ont annoncé jeudi 31 août les gouvernements français et italien. Matteo Salvini, vice premier ministre chargé des Transports, avait alerté dans la matinée : « Le tunnel de Fréjus est fermé à cause de l'éboulement, le Mont-Blanc risque de fermer pour cause de travaux, le tunnel du Gothard [en Suisse] également après un déraillement. Nous risquons vraiment un blocage ».

L'événement, sur le passage de l'actuelle desserte ferroviaire, « remet en lumière l'exigence du Lyon-Turin », estime Stéphane Guggino, délégué général de la Transalpine, association de promotion du projet. « La coupure de l'autoroute et de la ligne ferroviaire déstabilise toute l'économie franco-italienne ». Dans un communiqué, les quatre maires de la Communauté de Communes de la Vallée de Chamonix-Mont-Blanc appellent également à accélérer le report modal du fret de la route vers le rail entre la France et l'Italie. Les édiles soulignent « un enjeu environnemental et de protection des vallées alpines comme de leurs habitants ».

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Commentaire 1
à écrit le 01/09/2023 à 9:36
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