Il aura pris son temps, et scindé ses prises de paroles en deux épisodes. Après une première déclaration de non-candidature ce jeudi soir réservée aux réseaux sociaux, président LR de la région Auvergne Rhône-Alpes, pressenti depuis plusieurs mois pour les primaires de la droite, est revenu sur les raisons de son choix ce dimanche, lors de sa traditionnelle ascension du Mont Mézenc (qui culmine à 1749m), qu'il effectue chaque année à l'occasion de sa rentrée politique.
Une occasion d'expliquer plus longuement "pourquoi" il a choisi de ne pas se présenter, alors qu'il était considéré, après sa victoire aux élections régionales, comme l'un des trois tenants de la future primaire de la droite, aux côtés de Xavier Bertrand (qui a depuis déclaré qu'il partirait seul) et de Valérie Pécresse.
Lors de son discours, Laurent Wauquiez a d'abord justifié ce choix par une volonté de ne pas "rajouter de la division à la division".
"Aujourd'hui, force est de constater qu'aucun candidat ne s'impose à droite. On peut le regretter, on peut s'interroger sur les raisons, mais personne ne peut nier cette évidence : aucun candidat n'a aujourd'hui la force et la légitimité pour imposer sa candidature, comme Nicolas Sarkozy, Georges Pompidou ou le général De Gaulle ont pu le faire en leur temps", a déclaré Laurent Wauquiez.
L'envie est indispensable, "mais pas suffisante"
Et de justifier que, si "pour être candidat à l'élection présidentielle, l'envie est indispensable mais elle n'est pas suffisante. Il faut sentir, au plus profond de soi, à un moment précis, qu'on est en situation de rassembler à la fois sa famille et les Français. Je considère aujourd'hui, en conscience, que ce moment n'est
pas venu pour moi", a déclaré le président de Région.
S'il laisse ainsi la porte ouverte à de futures ambitions présidentielles (déjà, on parle dans les coulisses de l'arène politique de l'après-crise et notamment de 2027...), Laurent Wauquiez passe ainsi son tour pour cette fois.
Le danger de la division, qu'il a pointé à plusieurs reprises lors de ce nouveau discours, ne lui semble en effet pas de bonne augure pour son parti, dont il a quitté la présidence en 2019 suite aux élections européennes, et avec lequel il entretient encore aujourd'hui des relations à ambivalentes.
Car c'est dans sa famille politique qu'il se considère toujours, mais sans jamais afficher l'étiquette LR, notamment aux élections régionales. Ou encore en prévision de cette rentrée politique, où il a invité la presse avec le sigle de la Droite Sociale, un club de réflexion qu'il a fondé en 2010 aux côtés de "nombreux élus issus de toutes les familles de pensée de la droite et du centre".
Le danger de la division
A propos de LR, il affirme d'ailleurs : "Je vois, comme vous, les candidatures à droite se multiplier dangereusement, sans que l'on sache encore comment les départager. Je vois, comme vous, les risques de morcellement et les difficultés à imposer une candidature d'union. Je vois, comme vous, les dangers que font peser les aventures solitaires sur nos chances de victoire."
Car désormais, on dénombre déjà plusieurs candidats : Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Philippe Juvin, mais aussi Eric Ciotti ou encore Michel Barnier.
Laurent Wauquiez a même terminé son discours par une mise en garde à ses homologues de droite :
"Alors qu'un espoir s'est levé après les élections régionales et que nos idées progressent chez les Français, ne donnons pas le triste spectacle de ces divisions de Pichrocoles, ne donnons aucune raison de déplorer que la droite française soit à nouveau la plus bête du monde."
Des valeurs aux allures de programme malgré tout
D'ailleurs, Laurent Wauquiez en a profité pour rappeler en quelques points clés les "valeurs" qui auraient pu lui servir de socle pour un programme, et qu'il a déjà avancées lors des dernières élections régionales : à savoir le travail -"Les Français n'ont pas perdu le sens du travail ; c'est le travail qui a perdu son sens avec les dérives de l'assistanat", selon le président de Région. Mais aussi l'argent public, où il fustige directement la politique menée par le gouvernement avec le quoi qu'il en coûte -"Quelle absurdité de laisser croire que la France peut dépenser sans compter « quoi qu'il en coûte », alors que nous dépensons déjà plus que tous les pays de l'OCDE"-, dixit Laurent Wauquiez.
L'immigration, ensuite, "qui a doublé en vingt ans alors que nos capacités d'intégration sont saturées". Et d'ajouter : "Pour moi
le but doit être clair : il faut arrêter l'immigration le temps de
relancer l'assimilation républicaine".
Avec enfin, "la restauration de l'autorité", qui doit selon Laurent Wauquiez, que ce soit face aux zadistes, sur les bancs de l'école pour défendre la laïcité, ou sur le terrain de l'histoire, "sans céder à la repentance sur l'Algérie", estime-t-il.
Conscient qu'il peut encore peser dans la bataille des idées, le président LR a ainsi souhaité lancer un double appel à ses "amis" : soit un "appel à l'union et un appel aux convictions". Il l'affirme lui-même : "Je ne vais pas me retirer sous ma tente, je serai là, comme je l'ai toujours été, avec ma famille politique, dans la fidélité à nos idées."
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