Législatives 2024 : dans le Rhône, le fief d’Emmanuel Macron se fissure, au profit du RN et du Nouveau Front populaire

Les lignes se restructurent dans le Rhône, à l'issue du premier tour des élections législatives : le Rassemblement national, jusqu'ici jamais élu, arrive en tête dans quatre circonscriptions, tandis que le Nouveau Front populaire confirme ses bastions lyonnais et progresse dans le reste du département. Le parti présidentiel, quant à lui, continue sa chute, dans un département jusqu'alors plutôt favorable. Mais les cartes seront rebattues cette semaine en fonction des désistements et des consignes de vote, là où 9 triangulaires et une quandragulaire pourraient avoir lieu sur 14 circonscriptions.
La députée sortante Marie-Charlotte Garin (Les Ecologistes) a été réélue dès le premier tour dans la 3e circonscription du Rhône (3e, 7e et 8e arrondissement de Lyon), avec 51,51 % des suffrages exprimés.
La députée sortante Marie-Charlotte Garin (Les Ecologistes) a été réélue dès le premier tour dans la 3e circonscription du Rhône (3e, 7e et 8e arrondissement de Lyon), avec 51,51 % des suffrages exprimés. (Crédits : ER/La Tribune)

Trois semaines après l'annonce surprise d'une dissolution de l'Assemblée nationale, les résultats du premier tour des élections législatives confirment une tendance nationale dans le Rhône et en Isère : le Rassemblement national (RN) progresse largement dans ces circonscriptions, tandis que la majorité présidentielle (Renaissance, Horizons, Modem) s'étiole, là où l'alliance des gauches, à travers le Nouveau Front Populaire (NPF), se qualifie dans la plupart des circonscriptions.

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Dans le Rhône, précisément, le Rassemblement national se qualifie dans 11 des 14 circonscriptions, arrivant en tête dans 4 d'entre elles, notamment situées dans le nord du département (Beaujolais, Villefranche-sur-Saône), mais aussi dans le sud-est (arrondissement de Lyon Saint-Exupéry, mais aussi le long du Rhône).

Avec un taux de participation de 69,5 % à l'échelle nationale, les triangulaires seront plus nombreuses qu'à l'accoutumée. Dans le Rhône, dix circonscriptions sont même concernées. Parmi elles, la 8e (Ecully, Dardilly, jusqu'à Tarare) pourrait même voir une quadrangulaire au second tour. Dans celle-ci, la députée LR sortante, Nathalie Serre, se qualifie de justesse à la quatrième place (20,66 %), face au RN en tête (33,46 %), au NFP (22,75 %) et à Ensemble (21,18 %).

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Le RN poursuit sa conquête

Cette dynamique reste en tout cas inédite à l'échelle du Rhône, où le Rassemblement national n'avait pas percé lors des précédentes élections législatives. À une exception près, en 2017, où un candidat du Front national était arrivé deuxième dans la 14e circonscription (Vénissieux, Feyzin, Saint-Fons), ravie depuis par La France Insoumise : le député sortant, Idir Boumertit, s'est d'ailleurs qualifié hier avec 48,78 % des suffrages.

Une surprise qui ne s'était pas reproduite à l'élection suivante : en 2022, aucun candidat du parti de Marine Le Pen n'avait réussi à franchir cette étape atour de Lyon.

Ainsi, l'arrivée de 11 candidats RN à la députation au second tour, dont 4 en tête, s'annonce déjà comme un fait historique. Ce, alors que nombre d'entre eux n'ont jamais été élu à une élection et semblent loin du monde politique.

Avec une présence particulière dans les fiefs suivants : le plus haut score est enregistré par Alexandre Humbert Dupalais, issu de l'union entre le parti d'extrême droite et le patron des LR, Eric Ciotti, dans la 11e circonscription (Givors, Grigny), avec 36,81 % des suffrages exprimés. De même, dans la 9e (Beaujolais), le candidat RN Patrick Louis dépasse le député LR sortant Alexandre Portier, qui arrive en deuxième position.

Ensemble perd du terrain

Après des résultats en berne aux élections européennes du 9 juin dernier, ainsi qu'une réduction franche du nombre de députés élus aux législatives de 2022, la chute se poursuit pour le camp présidentiel (Renaissance, anciennement La République en Marche, Horizons et le Modem).

Deux ans après les dernières élections législatives, l'échiquier politique se restructure en effet à nouveau. Et n'est, cette fois, plus à l'avantage du camp présidentiel, qui a réinvesti six députés sortants.

Seuls d'eux d'entre-deux - les députés sortants Thomas Gassilloud (10e) et Blandine Brocard (5e) - sont arrivés en tête hier dans le Rhône, sur 10 qualifiés au second tour.

Une situation inédite dans un département où le camp d'Emmanuel Macron avait raflé quasiment tous les sièges en 2017, avec 12 députés sur 14 élus. Mais qui avait accusé, cinq ans plus tard, un premier grand revers, avec une division presque par deux du nombre de sièges acquis en 2022, passant de 12 à 7 députés.

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Aujourd'hui, la majorité se retrouve dans la plupart des cas en ballotage derrière le Nouveau Front populaire ou le Rassemblement national, voire les deux, comme dans la 13e circonscription (Décines), où la députée sortant Sarah Tanzili se retrouve troisième position, derrière les deux autres blocs.

Loin d'être facile pour le parti, pourtant bien implanté dans le territoire, cette campagne express n'a pas été aisée face au Nouveau Front populaire et au Rassemblement national. Ce qui s'est traduit par des résultats en demi-teinte pour le camp présidentiel.

Le Nouveau Front populaire se qualifie dans toutes les circonscriptions

Le Nouveau Front populaire (alliance du Parti socialiste, de La France Insoumise, des Écologistes et du Parti communiste) se qualifie quant à lui dans l'ensemble des 14 circonscriptions du Rhône, contre 11 en 2022. Et fait notamment ses meilleurs scores dans la Métropole de Lyon, présidée par l'écologiste Bruno Bernard depuis 2020.

La députée sortante Marie-Charlotte Garin (Les Écologistes) a ainsi été réélue dès le premier tour dans la 3e circonscription (3e, 7e et 8e arrondissement de Lyon). Tandis que les sortants Gabriel Amar (6e, Villeurbanne) et Idir Bourmetit (14e, Vénissieux) tutoient la qualification dans leurs bastions. Boris Tavernier, quant à lui, touche également du doigt la victoire dans la 2e (1er, 2è, 4è et 9è arrondissements de Lyon), avec plus de 49 % des suffrages exprimés.

De même, le NPF progresse dans des circonscriptions jusqu'ici peu favorables dans le Nouveau Rhône, n'arrivant cependant pas en première position. Ce qui interroge désormais la direction des différents reports de voix. Et ainsi, non seulement les consignes de vote des différents partis, mais également le maintien ou le désistement des candidatures.

Les premières réactions politiques

Sur ces enjeux, le président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard, s'est exprimé hier soir, à l'issue des premiers résultats, invitant à faire barrage au Rassemblement national dans la tradition d'un front républicain.

De même, David Kimelfeld (Progressistes et républicains), ancien président du Grand Lyon, salue sur le réseau social X « la responsabilité de tous les démocrates de notre métropole qui se sont désistés face au risque RN et pour qui le ni ni ne saurait être une réponse ».

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De son côté, le chef de file des Républicains du Rhône et maire de Bron, Jérémie Bréaud, déclare « en vouloir » au président de la République auprès de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes : « La digue s'est fissurée et a éclaté au moment des européennes ». Le parti devra faire face à une situation de ballotage défavorable dans la 8è et la 9è circonscription du département.

« On nous donnait morts il y a trois semaines. On survit (...). La situation est grave pour tous ! Le seul motif de satisfaction est la participation », a complété le président des LR du Rhône.

(A suivre)

Laurent Wauquiez, ou l'amorce d'une triangulaire en Haute-Loire

En Auvergne, l'annonce de son entrée en campagne dans la 1ère circonscription de Haute-Loire - dont il avait été député de 2004 à 2007 puis de 2012 à 2017-, avait fait les gros titres, il y a tout juste trois semaines : le président LR de la région Auvergne Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, termine ce premier tour avec une courte avance (36,80 %) devant le candidat du Rassemblement national, Alexandre Heuzey (34,18 %). Mais c'est bien dans une triangulaire que pourrait s'engager Laurent Wauquiez, puisqu'une troisième candidate issue du Nouveau Front populaire, Celline Gacon (18,66 %), est aussi en mesure de se qualifier au second tour.

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Commentaires 3
à écrit le 01/07/2024 à 12:04
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Ce n'est pas étonnant dans la mesure où Macron ou ses supplétifs de droite tendent à ne représenter que des retraités aisés ayant maintenant un pied en EHPAD...

le 01/07/2024 à 13:22
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Nombre de personne en ehpad moins d'un million c'est peu !

à écrit le 01/07/2024 à 11:42
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Faut dire quand même que notre président a vraiment tout fait pendant 7 années pour se faire détester de tous les français sans toutefois générer un mouvement d'ensemble qui lui aurait été menaçant pour le pouvoir en place. Bien joué mais bon la Fran...

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