![La liste aux élections européennes du Rassemblement national, menée par Jordan Bardella, a recueilli 30,91% des votes exprimés en Auvergne-Rhône-Alpes, contre 31,4 % au niveau national. Elle est suivie par celle de « Coalition d'Europe » (Renaissance, Modem), avec 14,2 % des voix (14,6 % au national), puis par « Réveiller l'Europe » (Parti socialiste, Place publique) avec 13,8 % des voix en Auvergne-Rhône-Alpes (au même niveau qu'à l'échelle nationale).](https://static.latribune.fr/full_width/2388251/elections-isoloir-cherbourg-2022.jpg)
Première région industrielle de France, producteur important d'énergie décarbonée, à la frontière de l'Italie et de la Suisse...La Région Auvergne-Rhône-Alpes, présidée le Républicain Laurent Wauquiez, sort des ces élections européennes avec des résultats similaires à ceux que l'on retrouve à l'échelle nationale.
La liste du Rassemblement national, menée par Jordan Bardella, a en effet recueilli 30,91% des votes exprimés (31,37% au niveau national), suivie par celle de « Coalition d'Europe », qui comprend les partis Renaissance, Modem, Horizons, le Parti Radical et l'Union des démocrates et indépendants, représentée par Valérie Hayer avec 14,19% des suffrages exprimés (14,6% à l'échelle nationale).
En troisième position, la coalition « Réveiller l'Europe » (Parti socialiste, Place publique), portée par Raphaël Glucksmann, a récolté 13,84% des voix en Auvergne-Rhône-Alpes, un résultat identique à celui réalisé à l'échelle nationale. Ce, dans un contexte où le taux de participation s'est élevé à 51,4% dans la région AuRA comptant environ 8 millions d'habitants.
Des chiffres qui contrastent avec ceux des élections européennes de 2019, où le parti Renaissance, alors soutenu par La République En Marche, le Modem et ses partenaires, avait raflé le maximum de voix en Auvergne-Rhône-Alpes, avec 22,65% des suffrages. Le RN, soutenu par Marine Le Pen, avait quant à lui récolté 20,99 % des suffrages.
Un coude à coude qui se traduit, un quinquennat plus tard, par un sprint du Rassemblement national qui arrive cette fois largement en tête, avec près de 10 points supplémentaires pour la liste de Jordan Bardella, contre 8 points de moins pour la coalition soutenue par le parti présidentiel.
Autre constat marquant : la remontée en puissance à gauche du Parti Socialiste et de la France Insoumise, qui double presque son score, passant de 5,77% des votes à 9,5% en 2024 selon nos confrères du Monde.
Tandis que le partie Europe Ecologie les Verts, arrivé à la troisième place en 2019, n'atteint que la cinquième position cette année. Ce, avec 6,21% des suffrages exprimés en Auvergne-Rhône-Alpes (un peu plus qu'au niveau national), contre 14,97% cinq ans auparavant. Soit une division presque par deux de ses soutiens.
Une vague RN sur la Région, à l'exception de poches autour des grandes agglomérations
Cette submersion de la « vague RN » dans une région Auvergne-Rhône-Alpes importante pour la droite et les élus écologistes, fait en tout cas réagir le personnel politique. Cela, alors que le Président de la République a annoncé hier soir dissoudre l'Assemblée nationale, moins d'une heure après la révélation des résultats en France, convoquant ainsi que nouvelles élections législatives dans trois semaines, le 30 juin et le 7 juillet prochains.
Soit un nouveau temps d'expression citoyenne cette fois nationale, à la sortie d'une élection européenne proportionnelle et à un seul tour.
« Cette élection européenne annonce la fin du macronisme qui n'aura jamais réussi à sortir notre démocratie de l'impuissance », réagissait hier soir sur X (anciennement Twitter) Laurent Wauquiez, président LR de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Estimant par ailleurs que « ceux qui envisagent pour demain une forme de macronisme sans Macron seront disqualifiés ».
« À tous mes amis de la droite républicaine : après le flou et l'indécision du « en même temps », notre responsabilité est de préparer collectivement le retour à la clarté et à l'autorité pour redresser notre pays et réunir les Français », ajoutait Laurent Wauquiez.
De l'autre côté de l'échiquier politique, les Ecologistes font grise mine. Fabienne Grébert, conseillère régionale d'opposition et élue à Annecy, en Haute-Savoie - un département où le vote RN aux élections européennes a largement progressé en cinq ans, là où celui du parti Ecologiste s'est effondré - plaidait ainsi pour « sceller l'union des gauches écologistes sans sourciller, sans quoi la gauche disparaîtra de la scène politique ».
Dans le Rhône, les Verts chutent, le RN prend la tête
À l'échelle départementale, on constate également que la vague du Rassemblement national s'est déversée sur le Rhône, le parti ayant raflé 23,66% des suffrages contre 15,49% pour la liste Besoin d'Europe soutenue par le parti présidentielle et portée par Valérie Hayer, selon le journal Le Monde.
La liste présidée par Raphaël Glucksmann récolte 14,53% des votes contre 14,11% pour celle de La France Insoumise représentée par Manon Aubry. Les deux places suivantes sont attribuées à la liste représentée par François-Xavier Bellamy (9,23% des suffrages) et celle de Marie Toussaint, Europe Ecologie les Verts (7,35%).
Soit 10 points de moins pour ce dernier par rapport aux élections de 2019 où il était arrivé en deuxième position avec 17,21% des voix. Le Rassemblement national gagne, a contrario, presque 7 points (16,98% en 2019) et La France Insoumise près de 9 points. En passant de 5,29% des suffrages exprimés en 2019 à 14,11%, un mandat plus tard.
Lyon, un bastion où les gauches arrivent en tête
Lyon, aux mains des écologistes, s'affiche comme une résistance face à la montée du RN. Avec un vote principalement tourné vers les partis de gauche.
La liste portée par Raphaël Glucksmann capitalise ainsi 18,8% des votes, contre 17,18% pour Manon Aubry avec la France Insoumise, selon nos confrères de France 3.
Le parti Renaissance arrive quant à lui en troisième position avec 15,78% des suffrages, près de deux fois moins qu'en 2019 où il était en tête (28,76%). Le RN s'arrête, enfin, au pied du podium avec 13,46% des bulletins exprimés à Lyon, en légère hausse (+ 3 points) par rapport à 2019 où il arrivait derrière l'Union de la droite et du centre (UDC).
Enfin, le parti Europe Ecologie les Verts doit se contenter d'une cinquième place avec 11,18% des voix alors qu'il était arrivé en deuxième position en 2019 avec pas moins de 21% des suffrages exprimés.
Malgré tout, Grégory Doucet a félicité, hier soir sur le réseau social X, un score « en progression » dans la Capitale des Gaules :
Bruno Bernard, le discret président de la métropole, également proche des arcanes nationales d'EELV, appelait pour sa part, ce matin, à la création d'un « front populaire et écologiste », sans quoi, « l'extrémisme » serait triomphant.
« Nous ne pouvons rester passifs », a-t-il pointé sur X. « La gauche et les écologistes, dans leur diversité et leurs forces, doivent se saisir de la gravité de la situation. Seule une union large peut préfigurer l'ouverture d'un espoir, d'un horizon social et écologique pour nos habitants. Un véritable Front Populaire et Écologiste ».
En Isère, le RN perce, Grenoble passe chez LFI et Place Publique
Constat similaire autour de Grenoble, en Isère, où le bastion écologiste a notamment viré au rouge de La France Insoumise et au rose de Place Publique, bien que le RN reste majoritaire dans la plupart des communes du département.
Eric Piolle, maire écologiste de la capitale du Dauphiné depuis 2014, a reconnu une forme de « logique » hier soir sur France Info :
« Nous avons, la gauche et les écologistes, non pas à disqualifier l'extrême-droite, mais à proposer un programme qui soit séduisant pour l'avenir », a également indiqué le maire de Grenoble, allant dans le sens d'une union des gauches.
« Quand vous voyez qu'il n'y a plus d'avenir, alors vous vous tournez ou bien vers des partis qui arrivent à proposer des projets clairs - et nous n'en sommes pas là, c'est notre faiblesse actuelle. (...) Ou bien, évidemment, il y a cette chasse au bouc-émissaire pour tout le monde, c'est plus facile. Cela a été le cas dans l'histoire. J'espère que ce ne sera pas le cas le 30 juin et le 7 juillet », a ajouté Eric Piolle.
En parallèle, les députés commencent à organiser leurs candidatures. Plusieurs se sont déjà exprimés en indiquant se représenter. Dans l'Ain, où seules douze communes n'ont pas placé le RN en tête lors de ces élections européennes, le seul député RN du département, Jérôme Buisson, indiquait hier soir au Progrès sortir d'une journée électorale toute particulière : celle du « premier jour de l'après-Macron ».
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