C'est un des chevaux de bataille d'Emmanuel Macron : augmenter significativement le nombre d'ETI françaises. Il en vise 1.000 de plus d'ici 2027, notamment grâce au programme ETIncelles lancé en novembre dernier et visant à accompagner de près des PME en forte croissance.
Partant du constat que la France, avec 5.600 ETI, demeurait loin derrière l'Allemagne qui en compte plus de 10.000, le président de la République avait en effet décidé de lancer un programme de simplification administrative à leur intention.
Programme dont la troisième session a été dévoilée ce mardi, avec une cinquantaine de nouvelles entreprises qui seront chouchoutées par les services de l'État dans toutes leurs problématiques de développement.
Avec, comme principaux critères : « connaître une forte croissance et continuer à se développer pour devenir une ETI », « avoir un effectif compris entre 60 et 220 salariés », « être présent (ou avoir la volonté) de se développer sur les marchés à l'export », et enfin « consacrer une part importante des dépenses à la recherche et au développement » (R&D).
Parmi elles, trois sont implantées en Auvergne Rhône-Alpes : les Lyonnaises MGA Technologies (machines spéciales pour l'industrie pharmaceutique notamment) et ITinsell (elogistique), ainsi que l'Auvergnate Sol Solution (géotechnique).
Identifier les bonnes cibles
Selon le Mouvement des Entreprises Intermédiaires et le cabinet d'audit BDO, le vivier existant pourrait permettre théoriquement d'atteindre à terme le cap quantitatif fixé par Emmanuel Macron. Dans un rapport rendu ce mardi à Olivia Grégoire, en marge du lancement de la 3e promo EtIncelles, le METI et BDO ont identifié 1.118 entreprises « à fort potentiel de croissance ». Ambition : aider les services de l'État à identifier les bonnes cibles.
« Les moyens de l'État ne sont pas illimités, nous souhaitions donc apporter notre contribution afin que les prochaines cohortes du programme ETIncelles notamment intègrent des entreprises avec un réel potentiel. Nous avons utilisé nos compétences et nos expertises pour apporter une analyse scientifique et objective », explicite Arnaud Naudan, dirigeant de BDO France et président de la toute nouvelle « task force » PME de croissance mise en place au sein du METI.
Un rapport qui n'avait pas été sollicité par le gouvernement, mais dont la proposition avait été accueillie favorablement. Sans engagement toutefois de suivre les préconisations du METI en termes de cibles pour ses prochains programmes. « Il pourra s'appuyer sur ce rapport mais évidemment libre à lui de piocher et de compléter », précise le patron de BDO France.
« Quoi qu'il en soit, il nous semble indispensable de pousser le nombre d'ETI françaises. On a l'habitude de dire que ces ETI sont des « entreprises de taille idéale » avec une envergure suffisante leur permettant de peser sur leur marché, de créer de l'emploi, d'être attractives... ».
176 PME à fort potentiel de croissance à AuRA
Concrètement, pour débusquer ces entreprises (dont la liste est confidentielle), BDO s'est appuyée sur une analyse de données multicritères agrégeant notamment la croissance sur les cinq dernières années (supérieure à 5%), la composition du chiffre d'affaires, le nombre de brevets, les surperformances par rapport au marché (supérieure à 5%), leur présence à l'international etc.
72% des entreprises identifiées sont des PME industrielles, un quart dépassent les 20% de croissance sur la période 2017/2022. Ce vivier « à fort potentiel de croissance » est principalement composé d'entreprises réalisant moins de 50 millions d'euros de chiffre d'affaires par an et sont, dans leur grande majorité, indépendantes des grands groupes.
Autre caractéristique majeure de ces pépites : la moitié d'entre elles sont concentrées en Ile-de-France (350 entreprises) et en Auvergne Rhône-Alpes (176). Les autres régions abritent, elles, entre 26 PME à fort potentiel de croissance (Centre Val de Loire) et 83 PME (PACA).
« Nous n'avons pas été étonnés de cette répartition géographique. Elle est cohérente avec le dynamisme économique, en particulier industriel, de ces deux régions ainsi qu'avec leur contribution au PIB national », analyse Arnaud Naudan.
Les leviers
Pour le METI et BDO, ces entreprises devront actionner trois leviers principaux pour grandir : l'export (qui ne représente aujourd'hui en moyenne que 10% de leur chiffre d'affaires), l'innovation (seules 18% ont déposé des brevets entre 2010 et 2023) et le soutien des politiques publiques, au premier rang desquels figurent les programmes ETIncelles, Territoires d'industrie et France 2030.
Après cette phase d'identification, le METI, qui vient donc de constituer sa task force dédiée aux PME à potentiel, va entrer dans une nouvelle étape. « Nous allons désormais aller au contact de ces PME pour bien comprendre les freins qu'elles rencontrent, les problématiques de compétitivité spécifiques etc. En en bout de ligne, nous pourrons construire des préconisations de politiques publiques ».
Ces entreprises - qui ne savent pas nécessairement qu'elles ont été identifiées par cette étude - pourraient également bénéficier des mesures publiques comme Territoires d'Industrie, France 2030, deux programmes de réindustrialisation, ou du programme ETIncelles, relève BDO.
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