Dans le Rhône, l'artisanat regroupe environ 43.700 entreprises, un chiffre en augmentation depuis cinq ans. Ce sont tout autant de structures et d'entrepreneurs qui traversent les différentes crises actuelles : crise sanitaire, flambée des matières premières depuis le démarrage de la guerre en Ukraine, crise énergétique et pénurie de main d'œuvre...

« Notre rôle, c'est d'être au plus proche des entreprises, nous identifions donc les besoins en fonction des crises. Pour la crise de l'énergie par exemple, on a été appelés par les services de l'État pour appeler les boulangers, qui étaient le plus touchés au départ », explique Christophe Bernollin, président de la CMA Lyon-Rhône au micro de Lyon Business (BFM Lyon/ La Tribune Auvergne Rhône-Alpes).

Inflation : plusieurs professions en difficulté

Dernièrement, ce sont les boulangers qui ont alerté sur les effets de la crise énergétique et de la hausse des matières premières. Dans le Rhône, une vingtaine de boulangers a décidé de porter ce lundi un brassard noir pour alerter sur leur situation.

Selon la Chambre des métiers du Rhône, il existe près de 900 boulangers installés à l'échelle du département et « à peu près un quart d'entre eux sont vraiment en difficulté », souligne Christophe Bernollin. Certains ont vu leur facture être multipliée par dix.

La Région leur a par ailleurs débloqué un fond d'urgence (mais dont les sommes ne sont pas attribuables aux professionnels installés dans les métropoles) tandis que le gouvernement a mis en place des aides aux petites entreprises, dont un plafonnement à 280 euros du mégawattheure (MWh) depuis janvier.

« Les aides contribuent à un moment précis. On ne peur pas les critiquer, mais ce sont plus des pansements que des remèdes. » Selon le président de la CMA, le bouclier tarifaire « constitue l'une des solutions d'urgence, mais je pense qu'il fait aller plus loin. »

Mais il n'y a pas que les boulangers, plusieurs secteurs sont touchés. La hausse des prix des matières premières impacte en effet d'autres professions artisanales en région.

« Les métiers de l'alimentation sont touchés, mais aussi les métiers du bâtiment. Car on a connu des hausses de prix sur les produis d'isolation, les terres cuites, les tuiles, associées à des pénuries.»

Ce phénomène inflationniste se poursuit d'ailleurs en 2023, ce qui pèse sur les chantiers et notamment sur l'établissement des devis, dont la date de validité est beaucoup plus courte (15 jours en moyenne). « A la la fin, c'est le client qui paie : ce sont donc des chantiers qui ne se font plus, ou avec beaucoup moins de travaux. »

S'adapter à son époque

De là à signer la fin de certains métiers artisanaux ? Christophe Bernollin n'y croit pas :. « Quand on est entrepreneur et dans l'artisanat, on a la capacité de rebondir et s'adapter, même si là on cumule les crises. On va rester optimistes. »

Cette capacité d'adaptation vaut d'ailleurs également pour les évolutions environnementales de la toute dernière réglementation thermique (RE2020). « Mieux isoler les bâtiment va dans le bon sens, nous saurons nous adapter et avons les matériaux pour le faire. Des entreprises vont devoir être formées également pour bien appliquer cette réglementation. Mais de manière générale, la réglementation thermique évoluait déjà depuis une quinzaine d'année, et nous savons nous adapter. »

Enfin, concernant la pénurie de main d'œuvre qui touche plusieurs secteurs, les artisans seront là aussi en première ligne : « L'apprentissage représente pour moi la meilleure façon de recruter. Mais lorsqu'il existe une pénurie, il faut forcément se remettre aussi un peu en question. Nous avons heureusement des générations très motivées qui arrivent sur le marché du travail, avec une portion de personnes en reconversion qui veulent faire autre chose. »

Sur ce chemin, la cible fixée par le loi Zéro Artificialisation Nette (ZAN) ) d'ici 2030 puis 2050 restera tout de même une petite difficulté à surmonter : « Le gros problème, c'est qu'on ne trouve plus de locaux pour les entreprises, cela provoque une très forte demande sur le foncier. »

Retrouvez l'intégralité de l'interview ici.

Un décideur chaque semaine

Pour rappel, le groupe La Tribune et BFM Lyon s'unissent depuis la rentrée dernière pour vous proposer, à travers l'émission Lyon Business (tous les mardis à 17h45), l'interview d'un décideur de l'économie lyonnaise au cœur de l'actualité.

Une occasion de décrypter ensemble les enjeux des dossiers et tendances de l'économie locale, animée par Élodie Poyade pour BFM Lyon et Marie Lyan pour le bureau Auvergne Rhône-Alpes du journal La Tribune.

Une émission à retrouver en direct et en replay sur la chaîne BFM Lyon, disponible sur le canal 30 de la TNT et sur les chaines 479 (box SFR), 315 (Bouygues) et 915 (Free), ainsi que sur le bureau Auvergne Rhône-Alpes de La Tribune.