Livraison de colis : pourquoi DHL réinjecte 121 millions d'euros dans son hub de Lyon Saint-Exupéry

DHL Express renforce son implantation au sein de l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry en y réalisant un investissement record de 121 millions d’euros. Objectif : réunir ses activités sur un seul et même site et moderniser sa chaîne logistique pour répondre à la croissance de la demande et aux nouvelles tendances qui se développent.
Le groupe s'équipe pour faire face aux nouveaux usages qui se développent depuis cinq ans, à savoir en premier lieu, la montée en puissance du e-commerce, mais également des attentes renforcées concernant l'impact environnemental des livraisons.
Le groupe s'équipe pour faire face aux nouveaux usages qui se développent depuis cinq ans, à savoir en premier lieu, la montée en puissance du e-commerce, mais également des attentes renforcées concernant l'impact environnemental des livraisons. (Crédits : DR)

Deuxième site le plus important du pays en matière de flux aériens internationaux et 4ème en Europe pour les acheminements routiers, Auvergne Rhône-Alpes occupe une place de choix sur l'échiquier du transport de colis et de marchandises.

En raison de son positionnement stratégique et géographique qui la placent au carrefour de plusieurs axes européens, « cette région occupe vraiment une place clé », reconnaît Philippe Prétat, président DHL Express France.

Au sein de son réseau également, ce sont 20% des volumes français du groupe qui transitent par la région Auvergne Rhône-Alpes. Les colis qui y arrivent sont ensuite distribués à destination de 7 pays différents. Ce qui explique l'investissement de 121 millions d'euros que vient d'annoncer le transporteur : il s'agit en effet de la seconde plus grosse enveloppe injectée, après les 171 millions d'euros investis dans le site de Charles de Gaulle en 2021.

Un marché toujours en croissance de 8% par an

Cette somme XXL servira à construire le nouveau hub du groupe, qui regroupera des activités jusqu'ici morcelées sur trois pôles et 300 des 750 employés de l'entreprise dans la région.

Installé au plus près des pistes de l'aéroport Lyon Saint-Exupéry, il permettra surtout de traiter davantage de colis, répondant ainsi à la croissance que rencontre encore la société. En effet, au cours des cinq dernières années, Covid-19 ou non, DHL Express a acheminé 8% de colis de plus chaque année.

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La société continue à se baser sur cette hypothèse pour programmer ses futurs investissements, explique Philippe Prétat. « En France, nous visons une croissance de 10% du nombre de colis transportés avec une accélération à partir du mois de mai, qui correspondra sans doute aussi au moment où les taux d'intérêts pourraient baisser, projette-t-il. Cette croissance proviendra d'une hausse des demandes de livraisons, mais aussi de parts de marché gagnées. Au cours des six dernières années, celles-ci ont grimpé de 4 points » .

DHL Express se pose en effet une position de force en revendiquant 43% des parts de marché mondial de son secteur, devançant ainsi ses principaux concurrents, UPS et FedEX, dont les parts s'élèveraient ainsi respectivement à 25 et 27% du marché mondial. A l'échelle française, DHL atteindrait les 41% de parts de marché.

Une demande portée par l'e-commerce, l'aviation et le luxe

Le groupe s'équipe également pour faire face aux nouveaux usages qui se développent depuis cinq ans, à savoir en premier lieu, la montée en puissance du e-commerce.

« Historiquement, notre business est plutôt B2B. En 2010, la part du e-commerce dans nos importations représentait 2% », analyse Philippe Pretat. Avant de bondir à 30% en 2017... puis d'atteindre les 44% pendant la pandémie, même si le taux a amorcé depuis une phase de stabilisation.

« Près d'un colis sur deux est livré à des particuliers, ce qui n'était pas du tout le cas auparavant, dans la catégorie import. »

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Les clients particuliers français privilégient aussi de plus en plus la livraison en point relais. En réponse, DHL a donc dû développer son réseau pour mailler le territoire. Aujourd'hui, la société compte 8.000 points de retrait, dont certains sont installés dans des gares, des magasins Franprix ou des Maisons de la Presse.

Sur la partie B2B, la société travaille avec 40.000 clients en France, qui demeurent à 95% des PME et des ETI, mais aussi 33 sociétés du CAC40. Plusieurs secteurs alimentent particulièrement la demande, comme « l'engineering avec Airbus, Safran ou encore Renault qui présentent une très forte activité, ou encore la mode et le textile avec LVMH, Hermès ou encore Kering. »

Particuliers comme sociétés s'interrogent également sur un autre point : l'impact environnemental de la livraison. Cette attente mêlée aux réglementations poussent le groupe entier à repenser ses processus.

7 milliards d'euros pour financer sa transition environnementale

Engagé dans un objectif zéro émission en 2050, DHL annonçait, en 2021, une enveloppe de 7 milliards d'euros jusqu'à 2030 pour assurer le début de sa transition.

Une somme qui ne sera pas de trop pour financer la décarbonation de sa propre flotte d'avions et de camions. Rappelons que le secteur des transports, tous modes confondus, a émis près de 30% des émissions de gaz à effet de serre de la France en 2021, selon les chiffres du Ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires.

Comme début de réponse à cet enjeu, le Président de DHL Express France rappelle que « le groupe DHL est le transporteur à avoir acheté la plus grande quantité de SAF (Sustainable Aviation Fuel - carburant d'aviation durable) », à savoir 856 millions de litres jusqu'en 2026.

« L'objectif est que nous intégrions 30% de carburants durables dans les moteurs de nos avions d'ici à 2030 pour les clients qui le souhaitent. » Ce qui n'est pas négligeable, rien que sur son nouveau site, DHL Express aura une activité flux avionné de quatre vols par jour.  Ce premier pas seul sera néanmoins insuffisant pour atteindre l'objectif fixé à l'horizon 2050.

Tentant d'avoir un coup d'avance, la société mise également sur l'électrique pour décarboner encore davantage son transport aérien. En 2021, la société a acheté 12 avions électriques à la société israélienne Eviation. Elle dispose également d'un avion cargo électrique qui a effectué un premier vol de quelques minutes à Washington. « D'ici à 2025, celui-ci devrait commencer à réaliser des livraisons aux Etats-Unis et aux Caraïbes », indique Philippe Prétat.

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Concernant la flotte de véhicules, DHL indique qu'un quart d'entre elle serait déjà électrique. Un chiffre qui devrait s'élever à 50% en 2024, de nombreux véhicules étant actuellement en fin de vie.

La livraison du dernier kilomètre, déjà effectuée, en partie, par des triporteurs électriques, devrait être à 70% « verte » en 2025. Une étude est également en cours afin d'envisager l'installation d'une station de recharge poids lourds pour réaliser des trajets Lyon-Marseille. L'ensemble de ces aménagements permettent au groupe d'appréhender « avec sérénité » le développement des ZFE, zones à faible émission.

À ces engagements s'ajoutent ceux touchant les bâtiments : le nouveau hub de Lyon Saint-Exupéry sera neutre en carbone, grâce à l'installation de panneaux photovoltaïques, l'usage de LEDs ou encore des systèmes d'économie d'énergie et de récupération des eaux de pluie.

Moderniser la chaîne de tri

Aujourd'hui, 38.000 colis sont traités quotidiennement sur la plateforme lyonnaise, et jusqu'à 45.000 en période de fête. Grâce à sa nouvelle chaîne de tri ultramoderne, qui représente, à elle seule, un investissement de 31 millions d'euros, le centre de tri disposera dès 2025 d'une capacité de tri de 17.500 colis par heure, dix fois plus que la cadence actuelle.

Pour atteindre cet objectif, DHL mise sur la modernisation de sa chaîne de tri. Le tout grâce à un arsenal technologique développé, entre autres, par la société hollandaise Vanderlande, qui collabore avec plusieurs acteurs importants du secteur.

Concrètement, deux systèmes de tri séparés seront installés pour gérer, d'un côté les documents, et de l'autre les colis. « La chaîne de tri est entièrement automatisée pour les colis jusqu'à 30 kilos »détaille Philippe Prétat. Pour les envois plus lourds, une intervention humaine restera nécessaire.

A ces technologies s'ajouteront plusieurs machines de contrôle à rayons X, d'un million d'euros chacune, auxquels viendront se greffer de nombreuses caméras, en vue d'automatiser entièrement les contrôles.

L'intelligence artificielle sera présente (ce qui est déjà le cas aujourd'hui) pour trier les colis. Au-delà d'une amélioration de la cadence, l'objectif est également de « réduire au maximum le nombre de tâches manuelles effectuées et répétitives par les employés. »

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