Pour accélérer sa transformation électrique, Renault s’ouvre au rétrofit avec la startup Phoenix Mobility

Après avoir levé trois millions d’euros fin 2021, Phoenix Mobility a dévoilé fin juillet un partenariat majeur avec le groupe Renault. Une nouvelle étape, pour la startup grenobloise, dans sa marche à l’industrialisation de kits de rétrofit, visant à convertir des véhicules utilitaires légers thermiques en véhicules électriques mais aussi pour le constructeur Renault, qui enclenche ainsi une marche forcée dans le domaine de l'électrification après-vente.
L'usine de Flins devrait produire un millier de kits pour les Renault Master dès 2023. Pour le groupe Renault, il s'agit d'enclencher la marche forcée dans le domaine de l'électrification après-vente.
L'usine de Flins devrait produire un millier de kits pour les Renault Master dès 2023. Pour le groupe Renault, il s'agit d'enclencher la marche forcée dans le domaine de l'électrification après-vente. (Crédits : DR)

Créée en septembre 2019 par des étudiants de Grenoble INP, Phoenix Mobility (32 salariés) avait développé seule son premier kit de rétrofit destiné au modèle Renault Trafic. Ce kit, produit depuis peu par sa toute nouvelle usine iséroise, financée notamment par une levée de fonds de 3 millions d'euros menée à l'automne 2021, permet de convertir à l'électrique ces utilitaires, pour un coût deux fois inférieur à celui de l'achat d'un utilitaire électrique neuf.

Une alternative donc pour les professionnels confrontés non seulement aux changements climatiques, mais aussi aux contraintes, auxquels ils se trouvent de plus en plus confrontés avec l'essor des ZFE. Le parc existant comptabilisait, début 2021, 5,9 millions de véhicules utilitaires légers (VUL) en France selon les données du Ministère de la Transition écologique.

Pour le deuxième modèle dans le viseur de la jeune pousse rhônalpine, le Renault Master, Phoenix Mobility vient de conclure un partenariat majeur avec le constructeur français, en recherche d'accélération de sa transformation vers l'énergie électrique.

Industrialisation sur la Re-Factory Renault de Flins

Phoenix Mobility et Renault vont ainsi co-développer un kit pour cet autre modèle star des utilitaires français. Objectif : une commercialisation du kit à horizon 2023 auprès des clients professionnels de Renault. « Ces kits seront assemblés sur le site de l'usine Renault de Flins (Ile-de-France NDLR) et seront installés sur les véhicules directement sur place ou via notre réseau d'installateurs partenaires », explique Wadie Maaninou, fondateur et CEO de la startup iséroise.

Dans cette première phase, 1.000 kits devraient être assemblés et installés dès 2023.

Dans une seconde étape, si la première s'avère concluante évidemment, les deux entreprises prévoient de s'associer pour développer des kits à destination d'autres marques d'utilitaires. « Et là, nous ne parlerons plus d'un millier de kits par an mais de plusieurs milliers. Nous avons pensé notre kit avec une technologie facilement adaptable à l'essentiel du marché des utilitaires. Le Renault Trafic et le Renault Master représentent déjà 30% du marché français. Au total, les six modèles les plus répandus pèsent 60% du marché. Nous n'avons pas besoin de démultiplier beaucoup notre offre », sourit le CEO.

« Ce partenariat avec Renault nous permet d'accélérer très fortement l'industrialisation afin d'apporter une solution rapide de transition écologique aux utilisateurs d'utilitaires ».

Pour le groupe Renault, il s'agit d'enclencher la marche forcée dans le domaine de l'électrification après-vente. « Ce partenariat avec Phoenix Mobility représente la première association entre un constructeur automobile et une startup pour lancer une offre commerciale inédite sur le marché après-vente. Ce projet s'inscrit pleinement dans la stratégie de Renault Group qui consiste à faire de la Re-Factory de Flins le premier site dédié à l'économie circulaire de la mobilité », assure François Delion, directeur après-vente Renault Group.

L'usine iséroise produira 1.000 kits par an en 2024

En parallèle, Phoenix Mobility travaille à la montée en puissance de son usine flambant neuve de Fontaine, concentrée sur la production du kit destiné au Renault Trafic. Celle-ci devrait être capable de produire quelques dizaines de kits d'ici la fin de l'année puis quelques centaines en 2023 et un millier en 2024.  A cet horizon, le chiffre d'affaires devrait être de 30 millions d'euros environ, avec 90 salariés. Le carnet de commandes 2022, à date, s'établit lui déjà à plus d'1,5 million d'euros.

Pour accélérer cette montée en puissance, Phoenix Mobility mène actuellement une seconde levée de fonds, « beaucoup plus conséquente que la première ». Elle devrait être finalisée d'ici à la fin de l'année.

Quid de la fin programmée de la commercialisation des véhicules thermiques ? Elle n'effraie pas la jeune entreprise. « Nous avons bien étudié les datas disponibles. Selon les prévisions actuelles, le pic du nombre de véhicules thermiques sur le marché sera atteint en 2030/2035, nous avons un intérêt à développer de nouveaux kits jusqu'en 2040, voire 2050 », promet Wadie Maaninou. Et ensuite ? « En réalité, nous avons élaboré une plateforme électrique. Cette technologie est facilement transférable à des constructeurs qui pourront élaborer leurs futurs véhicules à partir de notre plateforme ».

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