Après les milliards, quelques centaines de millions supplémentaires. Engagé dans une course contre la montre pour produire et anticiper les futures générations de semiconducteurs pour un large spectre d'applications industrielles (automobile, 5G, smartphones, objets connectés, smart homes, etc), le franco-italien STMicroelectronics vient d'annoncer ce mercredi l'octroi d'un nouveau financement émanant de la Banque européenne d'investissement (BEI).
Pour le groupe, qui se pose comme l'un des leaders mondiaux de son domaine, les prévisions de croissance de 2022 (16 à 25%) succèdent à celles de 2021 (25%), avec un chiffre d'affaires qui ayant atteint, pour l'exercice 2021, les 12,76 milliards de dollars.
Il avait d'ailleurs déjà annoncé fin janvier un doublement de ses investissements annuels (passant ainsi de 1,28 milliard de dollars effectivement investis en 2020 à une fourchette de 3,4 à 3,6 milliards annoncés en 2022).
600 millions d'euros injectés vers Crolles et Agrate
Cette fois, c'est une enveloppe de 600 millions d'euros qui viendra ainsi gonfler son poste d'investissements, et notamment le financement de la recherche et développement (R&D) ainsi que la création de nouvelles lignes de production.
Avec, au menu, des investissements annoncés "au sein des installations existantes de STMicroelectronics en Italie (Agrate et Catane) et en France (Crolles)", précise le groupe par voie de communiqué. Une usine de production de plaquettes de 300 mm semblable à celle de Crolles (Isère) est effectivement en projet à Agrate, dans la région de Milan (Italie).
Même si le groupe n'a pas encore à ce stade précisé quels seront les technologies précises financées à travers ce prêt, les applications dédiées à l'automobile devraient une fois encore être ciblées tout particulièrement, au regard de la pénurie de composants que rencontre actuellement le secteur des semi-conducteurs.
Objectif affiché : "Contribuer à la mise au point de technologies et de produits visant à répondre aux grands défis que sont la transition environnementale et la transformation digitale de tous les secteurs".
Le président du directoire de STMicroelectronics Jean-Marc Chéry avait d'ailleurs déjà affirmé qu'un milliard de dollars seraient investis en 2022 au sein de son berceau de Crolles, "à la fois pour développer ses technologies existantes, mais également les complexifier en vue d'adresser notamment le marché des véhicules autonomes".
Déjà, fin janvier, la confiance était de mise sur le terrain des investissements, et se voulait très claire : "On a une visibilité de 18 mois quasiment et aujourd'hui, on a la confiance d'investir aujourd'hui car les deux secteurs, l'automobile et le secteur industriel, sont en transformation systémique. Ce n'est pas qu'une question d'offre et de demande", précisait Jean-Marc Chéry.
Un secteur toujours jugé stratégique dans la lignée du Chips Act
Selon Bercy, ce nouveau financement de 600 millions d'euros "s'inscrit dans le droit fil de la politique menée par l'Union européenne et ses Etats-membres visant à renforcer l'industrie des semi-conducteurs sur le sol européen", et "contribue également aux objectifs stratégiques de la souveraineté technologique européenne dans l'industrie des semi-conducteurs".
Car d'après les derniers chiffres, le marché mondial des semi-conducteurs, devrait même encore doubler d'ici 2030, alors qu'il s'élève aujourd'hui à plus de 500 milliards d'euros. Et l'Europe a toujours un enjeu fort dans ce domaine, puisqu'elle ne représente plus que 10% des capacités de production mondiale.
Un chiffre que compte à nouveau doubler la commission européenne à travers son Chips Act présenté début février, et qui prévoit également une enveloppe de près de 50 milliards d'euros pour doubler les capacités de productions européennes à l'horizon 2030. Longtemps jugé en retard dans ce domaine, l'UE se rapprocherait désormais, à travers cette enveloppe, des 52 milliards de dollars engagés dans le même objectif par les États-Unis.
Seule ombre au tableau au sein de la filière : depuis le démarrage de la guerre en Ukraine le 24 février dernier, STMicroelectronics n'a pas encore évoqué les conséquences que pourraient avoir la diminution des stocks et des approvisionnements en néon ou palladium. Ces deux matières, qui entrent dans le processus de fabrication des semiconducteurs, sont produites en grande partie en Ukraine et en Russie et pourraient venir à manquer au cours des prochaines semaines en fonction de l'évolution de la situation, sur place.
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