Hydrogène : le passage à l'échelle de McPhy se fera aussi... dans les anciens ateliers de General Electric

Exclusif. Après sa méga-levée de 180 millions d’euros menée à l’automne dernier, ainsi que l’annonce de la construction d’une gigafactory à Belfort pour 2024, le spécialiste du stockage hydrogène McPhy dévoile un projet d’installation d’une nouvelle unité de production, cette fois « au cœur de la ville de Grenoble » dès 2022. La Tribune a mené sa petite enquête, et a identifié le lieu d'implantation retenu par l'industriel, une ancienne friche industrielle jusqu'ici dédiée à l'hydroélectricité à Grenoble.
Après avoir choisi Belfort pour installer une gigafactory d'ici 2024 (photo ci-contre), le spécialiste du stockage hydrogène McPhy, qui avait réussi à clôturer une augmentation de capital record de 180 millions en pleine crise, annonce l'implantation d'un site de production au coeur de Grenoble -ou presque-, qui centralisera également d'autres fonctions clés.
Après avoir choisi Belfort pour installer une gigafactory d'ici 2024 (photo ci-contre), le spécialiste du stockage hydrogène McPhy, qui avait réussi à clôturer une augmentation de capital record de 180 millions en pleine crise, annonce l'implantation d'un site de production "au coeur de Grenoble" -ou presque-, qui centralisera également d'autres fonctions clés. (Crédits : Barjane – GBL Architecture)

Fini le temps du bureau d'études, ainsi que des premiers "démonstrateurs" de ses technologies de stockage hydrogène sous forme solide.

Après avoir complété une méga-levée de 180 millions d'euros en octobre dernier en pleine crise sanitaire (auprès des ses investisseurs historiques EDF et Bpifrance ainsi que de nouveaux actionnaires stratégiques Technip Energies et l'américain Chart Industries), le spécialiste de l'hydrogène McPhy, entame un passage à l'échelle.

Fondée en 2008 après des recherches avec le CNRS et le CEA concernant notamment le combinaison de magnésium et d'hydrures métalliques, la société avait déjà confirmé il y a quelques mois sa volonté d'industrialiser ses technologies qui, désormais matures, n'attendaient plus que de surfer sur l'explosion actuelle du marché des nouvelles formes de mobilités.

Face à la manne des financements et des projets autour des nouveaux usages de l'hydrogène, la pépite, qui s'était installée dès ses débuts dans le petit village de La Motte-Fanjas, à la frontière de la Drôme et de l'Isère, se retrouvait aujourd'hui à l'étroit, mais également, un peu éloignée du "coeur de l'action" du bassin grenoblois.

En pleine phase d'industrialisation de ses stations de recharge d'hydrogène ainsi que des électrolyseurs (permettant de produire de l'hydrogène à partir d'énergies renouvelables), sa montée en puissance s'était déjà concrétisée une première fois en 2020 par la signature de gros contrats.

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A l'image de celui de la plus grande unité de production d'hydrogène zéro-carbone en Europe (projet Djewels) initiée par Nouryon et Gasunie aux Pays-Bas, ou de sa participation au projet de déploiement de mobilité hydrogène zéro-émission Zero Emission Valley en Auvergne Rhône-Alpes (soutenu par des fonds européens), ou encore à celui de Dijon Métropole, Smart EnergHy.

Après l'Italie et la Bourgogne-Franche-Comté, un site à Grenoble

Et ce mardi, la société compte franchir une nouvelle étape.

En parallèle à l'annonce, en début d'année, de la pré-selection d'un site situé à Belfort (Bourgogne-Franche-Comté) visant à accueillir sa future usine géante d'électrolyseurs, qui doit entrer en production dès le premier semestre 2024 (avec une capacité de 1 GW par an, pour 30 et 40 millions d'euros d'investissements et 500 emplois directs à la clé), le drômois nourrit une autre ambition.

Celle d'ouvrir un nouveau site de production et de R&D, cette fois en terre grenobloise, soit au plus près de ses racines, et axé cette fois sur le développement de ses stations d'hydrogène.

Alors qu'il dispose déjà d'un autre site de production d'électrolyseurs de 4.000 m2 à San Miniato en Toscane (Italie), chargé d'adresser le marché européen, ce nouveau site grenoblois, appelé à entrer en fonctions « dès mars 2022 », devrait permettre à McPhy de « multiplier par 7 ses capacités de production de stations à hydrogène ».

Avec l'objectif de parvenir à "une production de 150 stations à hydrogène par an, contre 20 actuellement", afin de répondre à la forte demande des applications liées à la mobilité à l'échelle européenne.

Derrière cette annonce se cache une autre volonté : regrouper et rapprocher les activités de McPhy de l'écosystème de la vallée iséroise, rendue célèbre par son écosystème de pointe autour des technologies hydrogène mêlant acteurs de la recherche, industriels, PME et jeunes pousses.

C'est pourquoi le groupe drômois visera à réunir, sur son nouveau site, ses activités de recherche et innovation mais aussi d'ingénierie et de production, actuellement basées en partie à La Motte-Fanjas, ainsi que ses fonctions support. De quoi décrocher également en même temps des synergies opérationnelles :

« Grâce à sa localisation stratégique au cœur de l'écosystème grenoblois qui compte parmi les plus dynamiques en Europe, la nouvelle usine de McPhy contribuera au rayonnement international du groupe. Son implantation, optimale concernant la gestion des flux logistiques, (nous) donnera la capacité d'approvisionner l'ensemble du marché européen », confirme le groupe.

Un site « au cœur » de Grenoble... mais où ?

Un projet dont le montant de l'enveloppe n'a pas été communiqué, mais qui devrait générer, selon le groupe, plus de 100 emplois en région grenobloise, a confirmé le directeur général de McPhy, Laurent Carme, par voie de communiqué.

Quant à la localisation du futur site, elle n'a pas non plus été encore officiellement précisée. Pour autant, McPhy évoque un site « au cœur de Grenoble, en louant un bâtiment industriel existant de 4.000 m2 ».

Lorsqu'on remonte la piste, une option en particulier se dessine : celle d'une friche industrielle jouxtant les locaux de Général Electric, qui avait souhaité se départir d'une partie de sa surface, située au sud de la ville, lors d'un plan de réorganisation menant à l'arrêt de son grand atelier en 2018.

Un terrain qui a (justement) fait récemment l'objet d'une annonce de la part de 6e Sens Immobilier Entreprises, la filiale du groupe lyonnais 6e Sens Immobilier.

Le promoteur annonçait en effet il y a tout juste un semaine « avoir signé un bail de 6 ans ferme avec un grand groupe industriel français » pour son projet 6Nergy Valley. Et confirmait : « La société concernée installera une partie de son activité au sein du bâtiment Spark, d'une surface de 5.300 m² après une importante phase de travaux de rénovation qui a déjà débuté. La mise en exploitation du site est prévue en fin d'année. »

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Un projet qui semble tout droit conçu pour l'industriel McPhy, puisqu'il devrait lui permettre de s'insérer au sein d'une ancienne friche au caractère déjà industriel de 60.000m2, « bénéficiant en outre des axes de communication structurant la ville ».

Car sur le papier, ce terrain composé des anciens ateliers industriels de General Electric, rachetés officiellement en juin 2020 par le promoteur 6e Sens Immobilier, a tout pour plaire. En plus de son ancienne vocation liée à l'industrie et à l'énergie, cette parcelle se compose de bâtiments existants à réaménager, ainsi que de terrains demeurant à construire.

Le dg de McPhy connaît d'ailleurs particulièrement bien ce lieu, puisqu'avant de prendre ses fonctions, il occupait depuis 2015 les fonctions de président de GE Hydro France et responsable du site de Grenoble...

Selon le promoteur, près de 60% de la surface de ce site serait encore disponible à jour, en dehors du projet de 5.000 m2 évoqué, et pourrait donc garantir des réserves de foncier disponibles pour de futurs développements.

Contactée, la société McPhy a finalement confirmé à La Tribune l'emplacement de ce nouveau site, sur lequel elle s'installera donc début 2022.

Son dg, Laurent Carme reviendra avec La Tribune sur les défis du passage à l'échelle que compte engager McPhy, dans une interview à paraître prochainement.

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Commentaires 2
à écrit le 22/06/2021 à 14:18
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Voilà on y est ! L'avenir de la France passe par ces sociétés ,elle sont sous les radars médiatiques plus enclin à la facilité que leurs machouillent les lobbies . McPhy cela fait quelques années que je les connais espérons que l'État ne va pas s'e...

le 22/06/2021 à 19:20
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Pour quelqu'un qui prétend suivre les affaires, c'est une remarque qui fait rire (un rire narquois). Connaissez vous une seule entreprise pour laquelle l'état a forcé une alliance avec une boîte Américaine?

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