Avec France Relance, le savoyard Ugitech veut devenir la première aciérie circulaire

Dans un contexte actuel qui enregistre encore de fortes tensions sur les prix des matières premières, l'aciériste Ugitech, premier employeur privé de Savoie, a fait un pas de géant qui représente 30 millions d'euros, en s'appuyant sur France Relance. Il s’apprête en effet à produire les premiers aciers inox issus uniquement de matières premières recyclées, une première mondiale, qui lui permettra notamment de sécuriser ses approvisionnements, tout en réduisant ses émissions de carbone.
A travers le projet Ugi'ring, le savoyard Ugitech créera une nouvelle unité de pyrométallurgie sur son site d'Ugine, où des matières premières recyclées entreront dans un process de fusion, pour une enveloppe de 30 millions d'euros (dont 9,4 millions provenant de France Relance) et 45 nouveaux emplois à la clé.
A travers le projet Ugi'ring, le savoyard Ugitech créera une nouvelle unité de pyrométallurgie sur son site d'Ugine, où des matières premières recyclées entreront dans un process de fusion, pour une enveloppe de 30 millions d'euros (dont 9,4 millions provenant de France Relance) et 45 nouveaux emplois à la clé. (Crédits : DR)

Jusqu'à présent, l'aciérie Ugitech située à Ugine (Savoie) utilisait 75 % de matières premières recyclées pour sa production d'acier inox. Il lui restait donc à se fournir sur l'équivalent de 25 % de matières premières, composées principalement d'alliages issus de l'extraction minière, et dont certains intrants comme le nickel et le manganèse venaient d'autres continents (Australie, Chine, Canada).

Ces approvisionnements venus du bout du monde avaient fini par poser des difficultés à l'aciérie, en raison de la volatilité croissante des marchés, tant pour les volumes que pour les prix de ces matières, explique Frédéric Perret, directeur de la BU Amont et de l'Excellence Opérationnelle chez Ugitech.

Car depuis la crise sanitaire, le prix des matières premières ont flambé au cours des derniers mois sur les marchés internationaux, injectant par conséquent une forte tension sur les chaînes d'approvisionnement.

De quoi inciter des industriels de la métallurgie comme Ugitech à joindre donc d'impératif économique et écologique. D'autant plus que le groupe savoyard, qui se positionne par ailleurs comme le premier employeur privé de Savoie, avait officialisé par ailleurs une stratégie RSE visant à améliorer son empreinte environnementale, avec l'idée de remplacer notamment ces matériaux issus de l'extraction par du recyclage de coproduits industriels.

Créer une usine dans l'usine

Mais l'industriel a fait pour cela face à un défi, puisqu'il demeurait jusqu'ici plus complexe de faire entrer ces matières dans un processus d'économie circulaire, que cela ne l'est pour l'acier inoxydable, aisément achetable auprès de recycleurs qui s'approvisionnent directement au sein des déchetteries. Le modèle restait donc à créer. Et celui-ci passait par une transformation intermédiaire de ces métaux, permettant ensuite leur recyclage.

C'est ainsi qu'Ugitech va investir 30 millions d'euros dans le projet Ugi'ring, une unité de pyrométallurgie, sur son site d'Ugine, où des matières premières recyclées entreront dans un process de fusion, qui les transformera en alliages, prêts à être utilisés dans l'aciérie.

L'investissement prévoit l'adaptation d'un bâtiment existant, au sein de l'usine, ainsi que l'acquisition des équipements nécessaires à ces process de fusion.

Ugitech, qui bénéfice d'une aide de l'État de 9,4 millions d'euros dans le cadre de l'appel à projets Résilience du plan de relance gouvernemental, prévoit lancer sa production au début de l'année 2024.

Le projet prévoit la création de 45 emplois supplémentaires sur ce site qui fait déjà travailler 1.200 personnes. Cet aspect ne sera pas le plus simple à réaliser :

« Certains métiers sont déjà en tension au niveau national, par exemple pour la maintenance, indique Frédéric Perret. Quant aux opérateurs spécialisés en pyrométallurgie, ils n'existent pas.  Nous allons monter des module de formation sur les outils de process à chaud et sur la pyrométallurgie. »

Des avantages compétitifs

Ugitech mise beaucoup sur la mise en oeuvre du projet Ugi'ring en 2024. « Cette usine nous apportera un avantage compétitif avec une valeur d'usage des matières qui sera meilleure que ce qu'on trouve sur le marché », se félicite Frédéric Perret.

Parallèlement, l'aciérie diminuera de 15% ses émissions de carbone sur l'approvisionnement en alliages, par la réduction du transport intercontinental de matériaux, ainsi que la fin du recours à l'extraction minière.

Cet aspect environnemental pourrait bien avoir un avantage indirect, auprès des clients de l'entreprise. Car même dans ce segment industriel, la circularité n'est plus un voeu pieu :

« La tendance chez nos clients finaux est de consommer de plus en plus de produits dont l'empreinte et le cycle de vie sont vertueux du point de vue environnemental, souligne Frédéric Perret. Ces aciers inox totalement produits à partir de l'économie circulaire peuvent nous amener un facteur de différenciation sur le marché, qui est aujourd'hui infime, mais qui se développe. »

Actuellement, seule l'industrie horlogère exige des produits de première coulée en économie circulaire, précise-t-il.

Quand l'usine chauffe la ville

La stratégie RSE d'Ugitech l'amènera également à fournir de l'énergie à sa ville. « Nous allons alimenter le réseau de chaleur de la ville d'Ugine en récupérant l'énergie fatale de nos installations thermiques », indique Frédéric Perret. La ville d'Ugine évitera ainsi la consommation de gaz pour chauffer ses équipements municipaux.

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