Mon petit placement ouvre son capital à ses clients et au grand public pour gagner en notoriété

Quelques mois après une levée de fonds de 6,5 millions d’euros réussie au forceps, Mon petit placement se lance dans une campagne de financement participatif auprès de sa communauté. Une opération pensée comme un «coup marketing», mais qui s’est rapidement transformée, en deux mois, en nouveau tour de table.
Mon petit placement, fintech lyonnaise, ouvre son capital à ses clients et au grand public. Une opération qui pourrait lui rapporter 4 à 5 millions d'euros.
Mon petit placement, fintech lyonnaise, ouvre son capital à ses clients et au grand public. Une opération qui pourrait lui rapporter 4 à 5 millions d'euros. (Crédits : DR)

Positionné sur le segment concurrentiel de l'épargne, Mon petit placement s'est donnée pour mission d'aider les Français à investir leur épargne en fonction de leurs besoins et de leurs revenus via des contrats d'assurance-vie. La startup agit comme intermédiaire en s'appuyant sur ses partenaires : Generali, Apicil ou encore la France mutualiste qui gèrent les contrats. En quête de financement l'an dernier, la fintech lyonnaise lancée en 2017 par Thomas Perret et Thibault Jaillon, s'est confrontée à la réticence des VCs (venture capital) à « investir dans des startups B2C (business to consumer, en français : des entreprises au particulier)».

Sortie de cette tempête qui l'a obligée à se restructurer, la société cherche désormais à fidéliser et agrandir sa communauté. Une stratégie qui se traduit par le lancement d'une campagne de financement participatif, via Sowefund, qui devrait finalement se muer en une augmentation de capital de 4 à 5 millions d'euros.

Une levée de fonds in extremis

« Lever des fonds pour une société B2C est devenu difficile car développer une communauté nécessite d'investir beaucoup d'argent et du temps », introduit Thomas Perret pour expliquer l'année 2023 qu'il laisse derrière lui. Un modèle qui se traduit par de fortes dépenses mensuelles et s'avère beaucoup moins attractif aux yeux des VCs que les modèles récurrents basés sur abonnement.

Pour « entrer dans le moule des investisseurs, c'est-à-dire, se rapprocher d'un modèle rentable », les deux associés réduisent les coûts en diminuant les dépenses de communication et en réalisant un plan de licenciement en mai 2023. Résultat : 15 salariés sur les 55 que compte la fintech sont licenciés et le seul budget marketing fond de 80.000 à 20.000 euros par mois.

Des efforts qui leur permettent finalement de réaliser un tour de table de 6,5 millions d'euros - le montant espéré - auprès de la France mutualiste qui cherche à rajeunir sa base clients dont l'âge moyen s'élève à 70 ans quand celle de Mon petit placement avoisine davantage les 30 ans, détaille l'entrepreneur. Un tour de table qui vient compléter deux autres levées : 1 million d'euros en 2020 et 6 millions d'euros en 2021.

Ce montant, cumulé à une restructuration de la société, lui permet de renforcer sa base clients et de lancer de nouveaux produits. « La réduction des coûts n'a pas empêché notre croissance. Nous avons 150.000 euros en cours sous gestion contre 100.000 euros au moment du plan de licenciement, en mai 2023. » Son chiffre d'affaires a lui aussi augmenté, passant de 70.000 euros mensuel à 225.000 euros sur la même période.

Le résultat, estime l'entrepreneur, d'une attention particulière portée à leurs clients. « Cette levée de fonds nous a permis de continuer à faire l'existant, c'est-à-dire, maintenir un bon service client. 60% de nos clients débutent l'investissement avec nous et nous réalisons un point tous les six mois avec eux pour nous assurer que tout se passe bien. »

Lire aussiLevées de fonds : la French Tech entre dans une nouvelle ère

À ces chiffres s'ajoute également une hausse du nombre de clients, de 20.000 à 25.000. Un chiffre loin de ceux annoncés en 2021, 50.000 clients accompagnés en 2021, mais qui n'empêchent pas les fondateurs de vouloir devenir un acteur de premier plan dans ce segment concurrencé par les banques traditionnelles et d'autres startups comme Yomoni, Cashbee ou encore Nalo.

Développer la notoriété 

« Aujourd'hui, la croissance vient de nos clients existants et notre notoriété vient du bouche à oreille », reconnaît Thomas Perret. Et ce n'est pas parce que l'entrepreneur dispose d'un capital plus important qu'il entend à nouveau se lancer dans des campagnes de publicité dans le métro ou réaliser des campagnes d'acquisition coûteuses.

Suite à l'annonce de son dernier tour de table, la fintech a reçu beaucoup de demandes de ses clients qui auraient aimé investir dans la société. « Nous avons pensé que c'était un bon moyen d'acquérir de nouveaux clients et de fidéliser notre communauté », confie le fondateur. Des discussions avec Sowefund, plateforme de financement participatif, débutent en janvier 2024 pour lever un montant d'environ 750.000 euros.

Mais « le coup marketing auprès des clients pour montrer que la société essaie de partager ses bénéfices», va rapidement se transformer en une véritable levée de fonds. En février, un premier questionnaire est envoyé aux clients pour tester l'appétence pour la solution. Devant l'engouement, les deux fondateurs décident de doubler le montant d'investissement à 1,5 million d'euros, l'objectif étant de limiter la dilution de son capital; la société ayant déjà ouvert son capital par trois fois.

Dans ce type d'opération, on distingue souvent plusieurs phases, détaille Thomas Perret : l'ouverture aux clients puis au public. En 24 heures, le montant total fixé est atteint par les seuls clients. « Ce ne sont pas des intentions, mais des investissements réels », insiste-t-il. Une situation qui les oblige, avec son associé, à repenser l'objectif final.

« On s'est demandé si on préférait frustrer notre communauté ou diluer notre capital pour toucher beaucoup plus de clients. » C'est finalement la deuxième option qui est retenue, les obligeant à refaire un business plan à partir d'une levée de fonds finale comprise entre 4 et 5 millions d'euros contre 15 à 20% de son capital.

Plus de 3 millions d'euros ont déjà été sécurisés auprès des clients de la société. L'ouverture au grand public, le 16 avril 2024, devrait permettre de compléter la somme annoncée.

Lire aussiMon Petit Placement, la fintech lyonnaise qui veut inciter 50.000 particuliers à investir d'ici 2023

Résultat : « nous avons changé l'intention finale en estimant qu'il s'agit en réalité d'une opération d'acquisition de nouveaux clients, car nos clients actuels vont davantage parrainer leurs proches et leurs amis puisqu'ils sont actionnaires. Nous transformons un coup marketing en levée de fonds. » Ce, en offrant les mêmes conditions que pour la France mutualiste, poursuit-il, ce qui devrait en faire le deuxième plus gros actionnaire de la société.

Réussir à diversifier les offres

Pour atteindre son objectif de rentabilité fixé en 2025, et continuer à croître face à la concurrence, Mon petit placement mise sur deux choses : la pédagogie et la diversification de son offre pour gagner en notoriété et s'asseoir comme un acteur important du secteur.

Depuis sa levée de fonds d'octobre 2023, la société a lancé un nouveau produit avec son nouvel actionnaire, plan B, en réponse au livret A, « son premier produit sans risque pour les clients » avec un taux de 3,7% net l'an dernier. « Nous allons ainsi chercher des personnes plus aisées qui bénéficient d'un bon capital et vont ainsi mettre de plus gros tickets. »

Un autre produit qui a beaucoup fait parler de lui au moment de la réforme des retraites, le plan épargne retraite (PER), devrait être proposé dès septembre 2024 au lieu de 2025. « Nous souhaitons également réaliser des partenariats avec d'autres acteurs pour proposer des offres ponctuelles qui nous permettront d'être plus agiles sans alourdir la structure », c'est-à-dire sans recruter. Ce qui se traduira, par exemple, par des opérations commerciales avec une réduction pour les nouveaux clients.

Lire aussiPlan Épargne Retraite (PER), un produit d'épargne encore méconnu des Français

Autre sujet en cours, le développement d'une offre immobilière. Une stratégie qui peut paraître risquée dans le contexte actuel, mais que Thomas Perret assume. « Aujourd'hui, nous en faisons très peu, cela représente 1 million sur les 150 millions d'euros d'encours sous gestion que nous avons. À l'inverse de certains concurrents, nos clients n'ont pas subi la crise immobilière. Nous comptons profiter de l'opportunité que représente la baisse du marché pour se lancer en attendant néanmoins que la crise soit derrière », indique l'entrepreneur.

Actuellement, « la demande des clients est surtout de bénéficier d'investissements dans du non coté et plutôt dans des sociétés en direct, car cela permet de savoir exactement ce qu'elle fait », décrypte Thomas Perret. Ce qui peut expliquer l'engouement autour de sa propre campagne.

Une stratégie qui prendra également en compte la ligne directrice mise en avant depuis le lancement de la société : « aider nos clients à comprendre comment fonctionne l'épargne plutôt que de subir les choses ». Une tendance à la pédagogie qui se développe aussi sur les réseaux sociaux, avec des contenus plus ou moins qualitatifs. Si Thomas Perret y perçoit une ambition de démocratisation du sujet, il reste prudent sur la qualité des contenus.

Après une année 2023 difficile, la prudence reste donc de mise pour Mon petit placement qui vise néanmoins la rentabilité dès 2025. Soit dès qu'elle atteindra 250 millions d'encours sous gestion. À la fin de l'année, et grâce à l'opération en cours, elle projette déjà un encours sous gestion de 215 millions d'euros.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.