Rémunérer des agriculteurs en plantant des arbres ? Treesition esquisse un autre modèle pour l’agroforesterie

Et si on proposait un revenu complémentaire aux agriculteurs, en utilisant leur foncier non pas pour accueillir des panneaux solaires, mais pour planter des arbres ? Telle est la proposition de la start-up annécienne Treesition, qui veut développer un nouveau modèle pour l'agroforesterie, associant agriculteurs, particuliers et entreprises. Elle passe ce soir sur le grill du jury de « Qui veut être mon associé ».
Lors de son passage ce mercredi 7 février dans l'émission « Qui veut être mon associé », Daniel Dos Santos, fondateur de la start-up annécienne Treesition, défendra son modèle qui propose aux agriculteurs de diversifier leurs revenus tout en participant à la transition écologique.
Lors de son passage ce mercredi 7 février dans l'émission « Qui veut être mon associé », Daniel Dos Santos, fondateur de la start-up annécienne Treesition, défendra son modèle qui propose aux agriculteurs de diversifier leurs revenus tout en participant à la transition écologique. (Crédits : DR)

« Treesition est une double réponse à l'anxiété écologique et aux difficultés que rencontre actuellement le monde agricole », lance Daniel Dos Santos, pour expliquer le modèle de sa start-up, fondée à Annecy (Haute-Savoie) en 2021. Une présentation qui ne peut qu'interpeller dans le contexte agricole actuel.

Concrètement, l'entrepreneur annécien propose à des particuliers et des entreprises d'investir dans des arbres plantés sur des terrains d'agriculteurs partenaires. Une fois arrivés à maturité, les arbres sont ensuite transformés et revendus sous différentes formes. Les gains demeurant quant à eux répartis entre les agriculteurs, les investisseurs et la start-up Treesition.

Un complément de revenu pour les agriculteurs

Car le concept est né d'un double constat : face aux difficultés qu'ils rencontrent, de plus en plus d'agriculteurs tentent de diversifier leurs revenus. Si certains optent pour l'installation de panneaux solaires, Treesition leur propose une autre alternative : celle de planter des arbres.

« Les agriculteurs ont des terrains qu'ils n'exploitent pas, nous nouons donc des partenariats avec eux en les rémunérant », développe Daniel Dos Santos. Une solution qui permet à la société de ne pas avoir à investir dans du foncier.

Le cheminement est toujours le même : après avoir mené une étude de terrain afin de s'assurer de la qualité des sols, Treesition conseille les agriculteurs sur le nombre et l'emplacement des arbres qu'il est possible de planter sur leur exploitation.

« On choisit de planter un arbre tous les 35 mètres par exemple au sein d'un élevage de moutons pour qu'ils puissent s'y reposer ou bien opter pour des rangées de 200 mètres de long, afin de séparer ou d'encadrer des cultures », développe l'entrepreneur.

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Le modèle économique repose globalement sur un bail rural, correspondant à la location du terrain, auquel s'ajoute la gestion des arbres ainsi qu'un pourcentage sur la vente du bois transformé.

Plusieurs modèles sont ensuite proposés aux agriculteurs et peuvent prendre la forme d'un contrat de gestion, d'une surveillance partielle ou d'une simple occupation des sols. Plus ils s'impliquent, plus les agriculteurs seront rémunérés. Avec ce système, « la majorité des revenus arrivent à la fin du cycle de vie de l'arbre, cela encourage donc les agriculteurs à prendre soin des arbres pour que la vente aille à son terme », poursuit Daniel Dos Santos.

Au total, les  agriculteurs peuvent bénéficier d'un « complément de revenu équivalent à 70.000 euros par hectare sur l'ensemble du cycle de vie de l'arbre d'une durée de dix ans, soit 7.000 euros par an et par hectare », assure Daniel Dos Santos, bail et vente du bois compris.

Quatre agriculteurs ont déjà signé un contrat avec Treesition, et la liste s'agrandit.

« Notre modèle s'autofinance car la vente des arbres permet de financer la transition agricole vers l'agroforesterie : on ne peut donc pas lancer trop de projets en même temps. Nous signons pour cela des contrats d'exclusivité d'une durée d'un an avec les agriculteurs », précise l'entrepreneur. Au-delà de cette période, si aucun arbre n'a été planté, l'agriculteur peut se désengager.

Un modèle économique sur deux pieds

De son côté, le modèle économique de Treesition s'appuie sur deux types de revenus. En tant qu'intermédiaire en biens divers, la start-up vend en premier lieu des arbres aux particuliers et aux entreprises. « Nous avons besoin de 89 euros pour amener l'arbre à maturité et nous le revendons 130 euros. À ces premiers bénéfices, s'ajoutent ceux issus de la vente des arbres », explique t-il.

Les investisseurs eux, peuvent espérer un bénéfice compris entre 3 et 10% par an en fonction du risque choisi. Trois formules sont proposées - Serenitree avec un investissement de 50 euros, Libertee avec un investissement minimum de 130 euros et une formule mixte-, l'objectif étant de toucher un large public. Pour ce faire, la société mise sur le caractère responsable du produit financier qu'elle propose. Un message marketing qui devrait séduire.

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Une étude de l'AMF réalisée en avril 2023, confirme un intérêt croissant des Français pour les investissements dit durables, une tendance particulièrement marquée chez les moins de 35 ans. Une cible que Daniel Dos Santos entend bien interpeller lors de son passage dans l'émission de M6, ce mercredi 7 février. Autre acteur visé, les conseillers en gestion de patrimoine, qui ont accès à des grands comptes et possèdent donc une force de frappe décuplée.

Deux autres publics se démarquent également : les départements RSE et RH des entreprises qui cherchent à améliorer leur image ainsi que les CSP+. « L'an dernier, ces derniers ont représenté 100.000 euros d'investissement. En 2024, on devrait faire entre 2 et 5 millions d'euros d'investissements grâce à eux », estime Daniel Dos Santos.

Le Paulownia, un arbre aux multiples atouts

D'autant plus que Treesition se positionne sur un secteur du bois où la demande dépassait encore l'offre disponible en 2021, selon un rapport publié en avril 2022 par l'Agreste (site géré par le service des statistiques du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation). Ce qui devrait laisser de la place à Treesition pour se déployer.

Pour débuter son activité, la start-up haut-savoyarde s'est d'ailleurs concentrée sur un arbre précis, le Paulownia, pour une raison précise : « Cet arbre est très intéressant car il pousse rapidement en dix ans, ce qui lui donne une structure alvéolaire en nid d'abeille, afin de produire un bois flexible et capable de résister à la compression », précise l'entrepreneur.

Les propriétés du Paulownia rendent notamment sa culture intéressante comme une « alternative au plastique, notamment dans les domaines du sport ou de la construction grâce à son effet d'isolation thermique et phonique.»

En 2023, Treesition a ainsi planté 1.090 arbres en Europe et entend en déployer 4.200 supplémentaires cette année. Et ce n'est qu'un début. La société réfléchit déjà à intégrer à son modèle la culture d'arbres fruitiers, dont la production permettrait d'apporter un revenu complémentaire aux agriculteurs.

Gagner en notoriété

Pour mener à bien ses ambitions, la société a cependant encore besoin de développer sa notoriété afin d'attirer de futurs investisseurs, particuliers comme entreprises. C'est donc dans cette optique qu'elle a accepté de rejoindre la promotion 2024 de l'émission « Qui veut être mon associé », sur M6. Avec un passage sur le grill qui sera diffusé ce mercredi 7 février dès 21h10.

Nul doute que la participation de son fondateur à une émission en prime time donnera un coup de projecteur à cette solution, à la croisée de la finance et de l'agriculture. Peut-être réussira-t-elle même à convaincre un ou plusieurs membres du jury d'y investir ? Réponse ce soir.

Daniel Dos Santos, espérait surtout lui-même trouver, au sein de ce panel d'investisseurs, un futur mentor pour l'accompagner dans le développement de Treesition et lui éviter quelques écueils.

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Commentaires 2
à écrit le 19/02/2024 à 20:09
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bonjour, j'ai pensé à une chose similaire, me lancer à la culture des herbes à éléphants et revendre à des fabriquants de pellets en attendant de les faire moi même et vendre en direct.

à écrit le 09/02/2024 à 9:23
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Sauf qu'ils le sont déjà payés à planter des arbres étant donné que dans les haies il y a souvent des arbustes comme des noisetiers. Mais bon au point où on est en est hein... ^^

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