Imaginée suite à un accident de moto, et lancée en 2017 par deux amis, Anthony Tabuyo (HEC Paris) et Jovien Chappex (Ecole 42), la solution développée par Urgentime permet aux services de secours, comme le SAMU, d'envoyer à une personne qui les contacte, un sms contenant un lien pour lancer un appel vidéo. Cette opération, réalisée en quelques secondes, permet aux régulateurs de réaliser des diagnostics plus précis et ainsi d'améliorer la prise en charge et l'orientation des patients. Résultat, un appel sur dix réalisé avec cette solution permettrait de sauver une vie, selon la société.
Malgré des débuts difficiles pour convaincre les SAMU de tester leur outil, les fondateurs d'Urgentime ont réussi, après 4 ans de lancement, à intégrer un quart des SAMU français et un tiers des services d'urgence en Suisse. Son intégration au sein d'un tiers des 911 américains a récemment été finalisée, ce qui devrait conduire les services américains à utiliser prochainement cet outil sur le terrain.
Pas d'application, ni de logiciel à installer
L'atout de ce système réside dans la fait qu'il ne nécessite ni l'installation d'une application pour les appelants, ni de logiciel pour les services de secours qui peuvent directement générer le lien SMS via le site internet d'Urgentime. L'objectif, présenté comme une mission, est simple : « donner des yeux à nos héros ». À l'ère de WhatsApp et de Zoom, on peut se demander pourquoi une telle solution n'a pas déjà été proposée par des géants américains. La protection des données, avance Anthony Tabuyo devant le jury de « Qui veut être mon associé », et un travail important sur la stabilisation de la connexion.
Développée à Paris et installée ensuite à Lyon, Urgentime n'aurait qu'un « seul concurrent sérieux aux Etats-Unis », selon son CEO. Cette solution se rapproche néanmoins de celle proposée par Nomadeec, l'outil de télémédecine développé par la filiale santé digitale d'Orange, Enovacom, qui avait racheté Exelus dans cette optique en mai 2022. Urgentime se développe, à la différence, sur deux volets différents, la santé d'une part, et le service client et la maintenance d'un autre côté.
Cette double casquette a poussé les entrepreneurs à ajouter de nouvelles fonctionnalités pour répondre aux besoins de leurs clients, qui exercent dans des secteurs très divers. Au nombre de 15 aujourd'hui, l'une d'entre elles permet d'utiliser un pointeur pour indiquer à l'appelant les zones spécifiques à vérifier, une autre de le géolocaliser.
Orange, Leroy Merlin et Engie déjà séduits
Une quarantaine de sociétés utilisent déjà la solution dont l'opérateur Orange, l'énergéticien Engie ou encore l'enseigne Leroy Merlin. Ce système permettrait ainsi de résoudre le problème sans avoir à se déplacer chez le client dans 8 cas sur 10. Si l'idée originelle était exclusivement de viser les services d'urgence, la vente à ces sociétés permet à Urgentime de proposer des abonnements à moitié prix aux services d'urgence, reconnaît Anthony Tabuyo.
Une offre gratuite, comprenant cinq appels par mois, est disponible sur le site. Pour les sociétés qui souhaiteraient passer à un abonnement supérieur, la première est disponible pour 30 euros par mois et comprend 50 appels par mois. La seconde est à 50 euros pour 200 appels par mois. En cinq ans de déploiement, la solution a déjà permis de passer 100 000 appels vidéo, dont 50 000 pour des services d'urgence.
Dépasser le million d'euros de chiffres d'affaires en 2024
Malgré l'utilité et la simplicité d'usage de la solution, Urgentime a connu quelques difficultés. Rendu gratuitement disponible pour tous les services de santé pendant la pandémie, les difficultés financières de ses clients post-pandémie conduisent les fondateurs à licencier leur équipe.
Soutenus financièrement par leurs proches, ils réussissent à passer ce cap et intéresser de plus en plus de sociétés et de SAMU. En 2022, l'entreprise réalise un chiffre d'affaires de 80.000 euros qui va plus que tripler en 2023 pour atteindre les 270 000 euros. Et les prévisions pour 2024 suivent cette tendance. Si Anthony Tabuyo a soufflé au jury de « Qui veut être mon associé » viser les 600 000 euros de chiffre d'affaires pour 2024, il glisse, post-émission, « pouvoir aller chercher le million d'euros cette année ».
Pour mener à bien cette ambition, les deux fondateurs pourront bénéficier de la notoriété acquise par leur passage dans l'émission diffusée par M6 qui se traduit par de nombreuses sollicitations. Le soutien de leurs deux nouveaux investisseurs, Tony Parker et Marc Simoncini, devrait également peser dans la balance.
Les Etats-Unis en ligne de mire
« Nous travaillons dans l'ombre depuis plusieurs années. Nous sommes avant tout venus pour de la notoriété et montrer que notre solution existe », souligne Anthony Tabuyo pour justifier son passage dans l'émission.
L'intérêt financier ne serait ainsi que secondaire, la société affichant déjà une « belle croissance ». Les fonds alloués par Tony Parker et Marc Simoncini, d'un montant respectif de 375.000 euros, permettront néanmoins d'accélérer le développement de la société. La feuille de route 2024, consiste à « structurer la société et étoffer le déploiement de la solution sur le marché français ». Une première campagne de recrutements est déjà prévue dans les semaines à venir. De trois, l'équipe devrait ainsi passer à huit personnes. D'ici six mois, « une autre salve de recrutements de profils orientés sur les ventes » devrait également intervenir.
Anthony Tabuyo se sent surtout rassuré d'être désormais accompagné et soutenu, avec son associé, par deux investisseurs qu'ils voient déjà comme des mentors. « Nous sommes jeunes, nous avons beaucoup de choses à apprendre », confie t-il. « Pour passer à une autre échelle et attaquer le monde entier, c'est important d'avoir quelqu'un comme Marc Simoncini. Ils vont également nous offrir un réseau et une notoriété énorme ». Le CEO entend bien passer par eux, comme tiers de confiance, pour atteindre des entreprises jusqu'ici inaccessibles à ses yeux.
L'intégration de Tony Parker à l'aventure sera également un atout pour la société qui prévoit, après le déploiement de sa solution dans les services du 911, de s'attaquer aux autres sociétés du marché américain dès 2025.
« Territoires d'industrie » : un tiers de logements seront manquants pour répondre à la demande en Auvergne-Rhône-Alpes
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !