Semi-conducteurs : la méga levée de fonds d’Aledia pour des écrans plus sobres

La start-up grenobloise a levé 120 millions d’euros pour accélérer l’industrialisation de ses microleds, ces puces de quelques microns appelées à remplacer les technologies LCD et OLED dans les écrans. Aledia vise un chiffre d’affaires annuel de 800 millions d’euros à horizon 2030.
Les microLED d'Aledia doivent permettre aux écrans nouvelle génération de consommer moins d'énergie, tout en offrant une meilleure performance d'affichage.
Les microLED d'Aledia doivent permettre aux écrans nouvelle génération de consommer moins d'énergie, tout en offrant une meilleure performance d'affichage. (Crédits : DR)

120 millions d'euros. Le montant de la levée de fonds que vient de réaliser Aledia auprès de ses actionnaires historiques (CEA, Supernova Invest, Braemar Energy Ventures et Bpifrance) et du dispositif French Tech Souveraineté est important. Il est à la hauteur, assure Pierre Laboisse (son tout nouveau président arrivé tout droit du fabricant allemand de semi-conducteurs AMS-Osram), des enjeux industriels et des besoins en R&D qui vont jalonner ces prochains mois le parcours de la start-up grenobloise. Spin-off du CEA, elle avait été créée en 2012 autour d'une nouvelle génération de LED : les microLED.

Lire aussiEcrans nouvelle génération. Les nanofils lumineux d'Aledia auront bientôt leur première usine en Isère

Celles-ci sont amenées à remplacer les technologies LCD et OLED sur les écrans plats nouvelle génération qui devront être plus sobres en énergie, tout en étant encore plus performants en matière d'affichage, et notamment de luminosité (très important pour les écrans utilisés en extérieur).

D'ici à trois ans, les microLED devraient d'abord s'imposer sur les écrans de petite et moyenne dimension (montres connectées, tablettes, écrans des véhicules, lunettes de réalité augmentée), estime Pierre Laboisse. Puis, progressivement, sur les écrans de taille plus importantes comme les téléviseurs. Aledia est aujourd'hui focalisée sur les premiers pour un passage à l'échelle plus rapide.

Des puces de quelques microns

Aledia n'est évidemment pas la seule à s'être positionnée sur ces puces mesurant quelques micromètres, de nombreuses start-ups dans le monde (mais aussi les mastodontes de l'électronique) se sont attaquées à ce sujet. Mais la Grenobloise revendique une technologie unique, appuyée sur un process de production annoncé comme moins couteux : des nanofils implantés à la surface d'un substrat en silicium de large diamètre et émettant de la lumière en 3D. Avec à la clé, des puces de quelques microns, contre quelques dizaines de microns pour la plupart de ses compétiteurs.

« Nous avons un process de production qui nous permet de proposer des tailles de puces trois fois inférieures à celle de nos concurrents », assure Pierre Laboisse.

800 millions d'euros de chiffre d'affaires à horizon 2030

Sur un marché estimé à 150 milliards de dollars à horizon 2030, la start-up vise un chiffre d'affaires annuel de 800 millions à un milliard d'euros.

Pour l'heure, encore en phase de développement, elle n'a pas encore généré de chiffre d'affaires significatif, les premiers revenus sont attendus l'année prochaine. Elle affiche en revanche un effectif de 250 collaborateurs et un investissement global de 360 millions d'euros depuis sa création. Dont 70 millions dans la construction de deux usines : la première (pilote) à Echirolles en Isère en 2019, la seconde l'année suivante, d'une taille plus importante à Champagnier près de Grenoble.

Désormais, l'enjeu auquel va contribuer cette levée de fonds de 120 millions d'euros sera de démarrer, d'ici mi-2024, la production en série des microLED et la commercialisation des premiers produits afin d'être prêt pour 2025/2026 et le décollage attendu du marché. Cette usine sera concentrée sur la production des nanofils, dans une stratégie globale de « flex manufacturing ».

« Nous allons nouer des partenariats avec des partenaires pour pouvoir augmenter rapidement notre capacité de production si besoin. Nous avons déjà signé avec des fondeurs, comme Tower », précise Pierre Laboisse.

Le nouveau président doit présenter dans les prochains jours son plan stratégique à son conseil d'administration.

« Il sera construit autour de deux années charnières. 2026 avec le décollage de notre technologie de nanofils et 2030 où nous devrons atteindre au moins 800 millions d'euros de chiffre d'affaires et 1.000 collaborateurs dans notre écosystème. Ce plan mettra aussi en avant une stratégie de focus autour de quelques marchés clés comme les smartphones ou l'automobile ».

Pour déployer cette ambitieuse feuille de route, Pierre Laboisse dévoile à La Tribune qu'il démarrera dès le début de l'année prochaine les démarches pour une nouvelle levée de fonds à venir. Il devrait s'agir du dernier tour avant une introduction en bourse envisagée en 2025/2026.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.