Des plasturgistes auvergnats veulent améliorer la fin de vie du bioplastique

Sélectionné dans le cadre du volet territorialisé de France 2030, qui permet d’accompagner financièrement l’innovation, le consortium Ademabio entend améliorer le compostage industriel et la méthanisation des emballages en bioplastique. Le projet est né d’une collaboration entre des entreprises privées basées en Auvergne-Rhônes-Alpes et le laboratoire Ingénierie des Matériaux Polymères de l’Université Claude Bernard Lyon 1. Leurs premiers films biosourcés et biodégradables pourraient être commercialisés d’ici fin 2026.
Leygatech devrait fournir des sacs en plastique de collecte pour les biodéchets  avec un meilleur cycle de fin de vie.
Leygatech devrait fournir des sacs en plastique de collecte pour les biodéchets avec un meilleur cycle de fin de vie. (Crédits : ©shutterstock)

C'est une aide financière de 935.000 euros que va recevoir Ademabio. Une somme obtenue dans le cadre du plan France 2030, pourvu d'un volet territorialisé « France 2030 Régionalisé », qui vise à soutenir des projets collaboratifs de recherche et développement. De quoi permettre au consortium qui s'est constitué autour de ce projet dès 2021 de mettre au point ses films biosourcés et biodégradables. L'objectif : que ces produits puissent être utilisés en emballage alimentaire et qu'ils soient capables de bien se dégrader en compostage industriel mais aussi en centre de méthanisation (transformation de la matière organique en biogaz) .

Lire aussiBioplastiques : le belge Futerro projette d'investir un demi-milliard en Normandie

Une manière de répondre à l'un des enjeux du changement de réglementation, applicable au 1er janvier, qui imposera le tri des biodéchets à tous les professionnels et les particuliers (loi antigaspillage de 2020).

« Nous avons constaté que les sacs plastiques ou de collecte réservés aux déchets organiques, c'est-à-dire les polymères compostables, n'étaient pas forcément bien dégradés en méthanisation, ils ne se fragmentent pas correctement. Et donc nous voulons améliorer la dégradabilité de ces matériaux. En clair, leur fin de vie, » résume en quelques mots Sami Zakarya, chef de projet chez Leygatech, l'entreprise qui pilote ADEMABIO.

Selon ce fabricant de films techniques (barrière aux gaz, anti-buée, respirabilité, opacité...) à destination des emballages alimentaires et pharmaceutiques, cela devrait permettre un meilleur cycle de vie de l'emballage et d'être plus vertueux écologiquement.

Travail collaboratif

Sur ce projet, cette PME de Haute-Loire, qui compte aujourd'hui 195 salariés et a enregistré un chiffre d'affaire de 112 millions d'euros l'an dernier, s'est entourée de Barbier Group, autre fabricant altiligérien de films polyéthylènes, et de deux entreprises du Puy-de-Dôme, Green Business and consulting company et Biobasic environnement. Le laboratoire Ingénierie des Matériaux Polymères, unité mixte de recherche entre le CNRS et trois établissements d'enseignement supérieur et de recherche (l'INSA de Lyon, l'Université Claude Bernard Lyon 1 et l'Université Jean Monnet Saint-Etienne), participe également au projet. Chacun des partenaires apporte son expertise dans la chaine de fabrication et de traitement du matériau.

« Nous avons commencé nos travaux en début d'année. Le but est d'améliorer les propriétés du bioplastique pour permettre un meilleur traitement en compostage ou en méthanisation. Nous allons modifier la chimie de ces matériaux pour booster leurs aptitudes à une fin de vie adaptée aux conditions de traitement », explique Laurent Massacrier, ingénieur en génie chimique et biologique, directeur de Green Business and consulting company qui va vendre ce bioplastique modifié.

Lire aussiDu kebab au gaz vert, les biodéchets face aux défis de la collecte massive et de la logistique

Les débouchés visés sont évidemment les sacs de collecte de déchets organiques, pour que le contenu, mais aussi le contenant, puissent être correctement méthanisables et compostables. Autre application : les films alimentaires et les emballages, quand ceux-ci ne peuvent pas être mis dans la poubelle jaune de recyclage car ils sont souillés ou difficilement recyclables. Enfin, ce bioplastique pourrait être utilisé pour produire des films de paillage agricole, pour entourer les bottes de paille. Ce produit pourrait se biodégrader de façon complète et plus rapide.

Améliorer les propriétés de ce film biosourcé

L'objectif du projet est également d'améliorer, via des technologies novatrices, les propriétés d'usage actuelle de ce bioplastique. Et ce afin de développer justement ses applications (film alimentaire, capsule de café...).

« Aujourd'hui ce sont des matériaux très sensibles. Donc il faut, dans un souci industriel, les renforcer pour que nous puissions les mettre en forme plus simplement. Nous travaillons également sur leur résistance à l'eau et leur transparence. Et nous visons une amélioration de leurs propriétés barrières au gaz, que ce soit à la vapeur d'eau ou à l'oxygène, » détaille Sami Zakarya de Leygatech.

Le projet est en phase de démarrage. Les premiers prototypes devraient sortir d'ici la mi-2025 pour une commercialisation fin 2026-début 2027. L'investissement total est estimé à plus d'1,7 million d'euros, dont la moitié est couvert par les aides accordées « France 2030 Régionalisé ».

Lire aussiBioTech Environnement réduit et valorise les biodéchets

« L'aide de l'Etat et de la Région nous permet de booster la R&D et nous avons pu embaucher deux personnes. A notre niveau, sans ce financement en tant que TPE, nous n'aurions pas pu aller aussi vite. Et le temps est un facteur clé de succès sur ce type de technologie de rupture. Il faut notamment sécuriser les technologies avec des brevets », précise Laurent Massacrier, qui emploie aujourd'hui trois salariés.

A terme, ce projet permettra aux entreprises partenaires d'augmenter leur chiffre d'affaires et devrait entrainer l'embauche de quarante-deux personnes dans la région.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.