Deux pôles de valorisation, uniques en Auvergne, offrent une seconde vie aux déchets

Comment maximiser le recyclage des déchets et réduire l’enfouissement et l’incinération ? Depuis quelques années, le syndicat du Bois de l'Aumône, qui gère les déchets de 131 communes dans le Puy-de-Dôme, prend le problème à bras le corps. Il vient d’ouvrir un second pôle de valorisation sur le territoire. Coût de l’équipement : 1,5 millions d’euros. D’autres collectivités sont intéressées.
Les pôles de valorisation des déchets du syndicat du Bois de l'Aumône permettent aux usagers de déposer des déchets verts et de repartir avec du compost.
Les pôles de valorisation des déchets du syndicat du Bois de l'Aumône permettent aux usagers de déposer des déchets verts et de repartir avec du compost. (Crédits : DR Syndicat du Bois de l'Aumône)

On peut venir y déposer aussi bien ses branchages, ses ampoules usagées, du plâtre, de vieux pneus, de la ferraille, des gravats... Mais ne parlez pas de déchèterie. C'est un pôle de valorisation des déchets qui s'est ouvert à Combronde, dans le nord du département du Puy-de-Dôme, début juin. Avec un objectif pour le syndicat du Bois de l'Aumône, à l'initiative du projet : favoriser l'économie circulaire. Ici le déchet est valorisé. On incite au maximum au réemploi et au recyclage. « D'un problème à traiter, il devient une ressource ! » précise la structure publique qui veut sensibiliser les habitants et changer leur regard sur les déchets.

Nouveau modèle de déchèterie

Ici, pas de quais verticaux, les usagers peuvent déposer directement leurs déchets sur le sol, ce qui est plus facile et permet un tri plus sélectif. Le syndicat a aussi voulu apporter des services supplémentaires pour attirer les utilisateurs. Ces derniers peuvent ainsi apporter leurs déchets verts et repartir avec du broyat ou du compost pour leur jardin. Une « matériauthèque » permet également de déposer des matériaux - restes de carrelage, tuyaux, palettes...-  et d'en récupérer d'autres. Enfin, le site propose une boutique inversée, la « Tik'Bou », un espace dédié au réemploi.

« Nous sommes en rupture avec le modèle classique de déchèterie », précise Guy Maillard, vice-président du syndicat en charge de l'économie circulaire. « La priorité est donnée au réemploi. L'autre jour, un papa est venu déposer un landau, il est reparti avec une poussette, plus adaptée à l'âge de son enfant. On donne une deuxième ou une troisième vie aux objets et tout cela gratuitement ».

C'est l'une des particularités du site, le service est totalement gratuit (seuls les professionnels paient quand ils apportent des déchets mélangés). Le pôle est cependant accessible uniquement aux 165.000 habitants du territoire, répartis sur 121 communes.

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42.000 passages par an

 Le syndicat du Bois de l'Aumône a décidé d'ouvrir ce site à Combronde, après le succès d'un premier pôle de valorisation, ouvert en avril 2021 à quelques kilomètres, sur la commune de Lezoux.

« Ce modèle est unique dans toute la région Auvergne-Rhône-Alpes. A Lezoux, les gens prennent leur temps. Le pôle devient presque un lieu de rendez-vous, il y a un jardin, un poulailler, on fait beaucoup d'animations. On est sur une approche différente d'une déchèterie classique. Et ça fonctionne. Le site historique de Lezoux comptait 20.000 passages par an, aujourd'hui sur le pôle de valorisation nous sommes à 42.000, » explique Laurent Coudun, directeur général des services.

Démarche écologique et financière

Mais ces équipements ont nécessité un investissement conséquent. Pour le pôle de valorisation des déchets de Combronde, le coût s'élève à 1,5 million d'euros. Le site a reçu une subvention de la Région Auvergne-Rhône-Alpes à hauteur de 300.000 d'euros. Le syndicat prend en charge le reste, grâce aux impôts collectés et aux recettes récoltées avec la vente aux industriels des matières premières recyclées. Sans compter qu'il limite aussi ses coûts de traitement de déchets.

« Nous estimons que ces pôles de valorisation pourront être amortis en 30 ans. Grâce à un tri plus sélectif effectué sur ces sites, nous avons moins de déchets et nous pouvons faire des économies en termes d'incinération et d'enfouissement. A Lezoux, il n'y a que 12% des déchets déposés qui ne sont pas recyclables, c'est 30% dans une déchèterie classique », rapporte Laurent Coudun.

En 2021 et 2022, à Lezoux, ce sont plus de 850 tonnes de déchets qui ne sont pas allés dans la caisse des non recyclables, soit une économie de traitement d'environ 100.000 euros, estime le syndicat.

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Réduction importante de la production de déchets

Afin de réduire les coûts de traitement des déchets, le syndicat s'est engagé très tôt, en fournissant dès les années 2000 des composteurs individuels, en installant des colonnes pour trier le verre...

« Nous avons été précurseurs sur beaucoup de choses. Nous avons aussi décidé de mettre en place une tarification incitative dès 2018. Les habitants paient pour chaque collecte de poubelles d'ordures ménagères ou de tri sélectif. On a rencontré beaucoup d'opposition, des associations se sont montées contre nous. Mais la volonté des élus est de réduire la production de déchets et que tout le monde fasse un effort », raconte Guy Maillard, également conseiller municipal à Chauriat.

Et le syndicat est fier du résultat. Chaque habitant du territoire produit en moyenne 137 kilos de déchets par an, c'est presque moitié moins que la moyenne nationale qui s'élève à 249 kilos. Ce qui veut dire, pour les collectivités, moins de tournées pour collecter les poubelles, moins de carburant dépensé et donc une meilleure maîtrise des coûts et une empreinte environnementale plus faible. Toutes ces initiatives ont d'ailleurs valu au syndicat de remporter les labels « Territoire Zéro déchet Zéro gaspillage » et « Économie circulaire ».  Et cela intéresse d'autres collectivités.

« Nous faisons visiter régulièrement notre pôle de valorisation de Lezoux et sommes très sollicités sur notre retour d'expérience. Dernièrement, nous avons été contactés par Roanne Agglomération ou par des syndicats de traitement de déchets de la Creuse et de Dordogne », indique Laurent Coudun, qui espère que cette initiative fera des petits.

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