Piles à combustible : après une levée de 64 millions, Inocel met le cap sur l’industrialisation à Belfort

Avec sa récente levée de fonds de 64 millions d’euros, la start-up grenobloise Inocel de Mauro Ricci et Mike Horn avance encore un peu plus vers l’industrialisation de ses piles à combustible hydrogène à forte puissance. La production en série sera lancée début 2025 dans sa gigafactory de Belfort (Bourgogne-Franche-Comté). Avec dans son viseur, Ies marchés de l'alimentation des générateurs, de la mobilité lourde et du transport maritime, même si le grenoblois l'atteste également : un certain nombre de freins restent à lever pour que le marché de la pile à combustible ne décolle vraiment.
La start-up revendique un milliard d'euros d'intentions de commandes, intentions qu'elle a commencé à convertir en commandes fermes.
La start-up revendique un milliard d'euros d'intentions de commandes, intentions qu'elle a commencé à convertir en commandes fermes. (Crédits : DR)

L'isérois Inocel avance vite. Moins de deux ans après sa création par l'entrepreneur Mauro Ricci (Akka Technologies) et l'explorateur Mike Horn, la start-up industrielle est à quelques mois du lancement de l'industrialisation de sa pile à combustible hydrogène forte puissance (300 kilowatts), à membrane échangeuse de protons (PEMFC). Une pile à combustible qu'elle présente comme compacte, durable et la plus puissante du marché, avec une performance de rendement de l'ordre de 60%.

Sa toute récente levée de fonds de 64 millions d'euros (dont la moitié en equity, 25% en financement bancaire et 25% de subventions) va lui donner les moyens non seulement de livrer d'ici la fin de l'année les premières préséries à ses clients pour les étapes de tests, mais aussi de démarrer, dès le premier semestre 2025, la production industrielle.

Lire aussi Véhicules électrique, hydrogène, rétrofit : la Bourgogne-Franche-Comté veut soutenir les entreprises de la filière automobile

Une production qu'Inocel a choisi de concrétiser à Belfort (à l'instar de McPhy par exemple), où sa gigafactory est en cours d'installation. Le centre R&D de la start-up où travaillent actuellement environ 80 personnes reste lui à Grenoble, tout près du CEA avec qui l'entreprise collabore.

« Notre siège est à Grenoble en raison des liens avec le CEA. En revanche, pour la production, Belfort nous a semblé plus judicieux du point de vue de son écosystème. C'est un véritable hub de l'hydrogène », rappelle Jules Billiet, le directeur général d'Inocel.

La moitié des fonds qu'Inocel vient de collecter sera destinée à cette usine.

100 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2030

Avec sa pile de 300 kilowatts (dont plusieurs unités peuvent être assemblées pour une puissance possible jusqu'à 1,8 MW), représentant unitairement une puissance de 407 CV (soit un moteur d'un camion de 44 tonnes), Inocel vise les marchés du stationnaire (c'est-à-dire l'alimentation des générateurs), la mobilité lourde (bus, camions, engins de chantier) et le maritime (à bord et à quai).

Lire aussi Transport d'hydrogène : malgré un marché qui peine à décoller, les prémices d'un réseau européen se dessinent

« La production démarrera début 2025, avec une accélération de la cadence jusqu'à 2027. Pour 2026, nous envisageons la production de 6.000 unités par an. Nous serons rentables à cette échéance. A terme, entre 2030 et 2035, cette usine aura une capacité de production de 30.000 piles à combustible soit l'équivalent de plus de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires », dévoile Jules Billiet.

Avec une montée en puissance associée des effectifs : 550 salariés devraient être employés sur le site de Belfort d'ici 2030 et 150 environ à Grenoble.

« Nous investissons dès à présent fortement dans notre appareil productif car nous sommes convaincus qu'il y aura dans les prochaines années une forte accélération du marché, tirée par la nécessité de la décarbonation. La seule incertitude, selon moi, concerne le déploiement des infrastructures car c'est un frein réel. L'Europe est assez active sur ce point mais le marché nécessite un renforcement de l'action publique », poursuit le directeur général.

Des freins encore à lever

« Aujourd'hui la technologie des piles à combustible est à un stade TRL9, c'est-à-dire qu'elle dispose d'une maturité opérationnelle. Mais le marché reste commercialement poussif. Il reste en effet un certain nombre de freins à lever pour que le marché de la pile à combustible ne décolle vraiment », décrypte de son côté Emmanuel Bensadoun, responsable expertise de France Hydrogène, l'association fédérant les acteurs français de la filière hydrogène, évoquant globalement le marché de la pile à combustible.

Avec, parmi eux, les coûts de production et la maturité industrielle (fiabilité, durée de vie, maintenabilité) de ces technologies, ainsi que les freins réglementaires qui demeurent. « Il est nécessaire que l'État appuie les industriels de sorte que les cadences de production puissent augmenter afin de parvenir à un niveau de compétitivité suffisant », ajoute Emmanuel Bensadoun.

Lire aussi Décarbonation : nouveau cri d'alarme sur la léthargie du marché de l'hydrogène 

Autant d'obstacles que compte bien traverser Inocel, mettant en avant justement sa différenciation sur ces points sensibles. La start-up revendique un milliard d'euros d'intentions de commandes, intentions qu'elle a commencé à convertir en commandes fermes.

Un certain nombre d'autres acteurs français et internationaux sont positionnés sur ce segment de la forte puissance, chacun avec ses spécificités : le Français Helion (pour le stationnaire notamment), l'Américain Plug Power ou encore le canadien Ballard Power Systems.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.