Ligne Clermont-Paris : le plan de la SNCF pour mettre fin au cauchemar des voyageurs

Après l’incident du mois dernier avec un train affichant plus de 7 heures de retard, le PDG de la SNCF est venu ce vendredi présenter son plan d’action à Clermont-Ferrand, accompagné de trois ministres dont Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique. Sécurisation et protection des voies, locomotive de secours mobile et meilleure indemnisation des voyageurs... la compagnie ferroviaire s’engage sur différentes mesures pour un coût de 10 à 15 millions d’euros entre 2024 et 2026.
Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, a présidé la réunion de présentation des annonces de la SNCF.
Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, a présidé la réunion de présentation des annonces de la SNCF. (Crédits : DR Emilie Valès)

[article publié le 23 février 2024 à 13h, mis à jour le 23 février 2024 à 15h42]

« Il y a un niveau de retard qui est inacceptable et cela s'aggrave », a déclaré, ce matin, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, à son arrivée à la préfecture de Clermont-Ferrand pour une réunion de travail. Signe que la ligne de train Clermont-Paris est sous haute surveillance, ce sont pas moins de trois ministres qui se sont déplacés ce vendredi dans la capitale auvergnate. Christophe Béchu donc, mais aussi Patrice Vergriete, ministre des Transports et Dominique Faure, ministre des Collectivités territoriales et de la Ruralité. Tous trois ont assisté à la présentation par le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, des mesures d'urgence visant à agir sur les grands retards rencontrés sur cette liaison ferroviaire ces derniers mois. « C'est un plan solide et complet », a souligné le patron de la compagnie ferroviaire.

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Ce plan avait été demandé par le gouvernement après l'épisode du 19 janvier dernier. Les images de ces 700 passagers enveloppés dans des couvertures de survie fournies par la Croix-Rouge avaient marqué les esprits. Leur train, tombé en panne en rase campagne en pleine nuit et par un froid glacial, avait affiché plus de 7 heures de retard à l'arrivée. Apogée de dysfonctionnements à répétition sur cette ligne souffrant depuis 40 ans de sous-investissements. On ne compte plus les pannes, les retards et les annulations de train.

« Nous rêvons d'un trajet en train Clermont-paris digne du XXIème siècle, digne tout simplement », avait écrit, exaspéré, le collectif des usagers du train Clermont-Paris dans un courrier adressé la semaine dernière à Christophe Béchu.

Depuis l'automne au moins un aller-retour est supprimé par jour, faute de locomotives en état de marche. De fait, le parc roulant est à bout de souffle et date de plus de 30 ans, a reconnu la SNCF. Alors en attendant de recevoir le nouveau matériel, douze nouvelles rames commandées par l'Etat qui doivent être livrées en 2026, la compagnie était sommée de trouver des solutions pour gérer au mieux les incidents.

« Locomotive de protection mobile »

La SNCF a donc décidé de mettre en place une locomotive de secours à mi-parcours, à Nevers dans la Nièvre. Elle sera effective dès le 4 mars pour compléter celles déjà présentes aux deux bouts de la ligne. A partir du mois de mai, cette locomotive de réserve deviendra dynamique afin de réduire les temps d'intervention en cas de panne. Elle accompagnera les deux trains du soir (un dans chaque sens), entre Nevers et Montargis, en les suivant et pourra prendre le relais en cas de besoin.

Une demande formulée il y a quelques jours par Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. « Cela n'existe sur aucune autre ligne », a précisé Christophe Béchu. « Au lieu de mettre deux heures, on mettra 30 minutes. Cela va réduire les délais d'intervention », a indiqué de son côté le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou.

« On prend acte, nous verrons à l'usage. Nous espérons que ce sera une mesure suffisante. C'est un pas important mais avec la frustration qui a été la notre ces dernières années, cela ne paraît pas suffisant », a réagi au cours de la réunion Frédéric Aguilera, vice-président (LR) chargé des Transports à la Région.

La SNCF précise qu'elle a déjà engagé 10 locomotives supplémentaires, récupérées en région Centre Val de Loire, pour renforcer le parc roulant sur les lignes Clermont-Paris et Paris-Limoges-Toulouse. Une nouvelle équipe de maintenance d'intervention rapide sera aussi mise en place à Nevers, mais seulement en septembre le temps de recruter et de former ces agents. 100% des locomotives seront révisées d'ici à la fin de l'année et la SNCF compte développer le télédiagnostic des pannes.

Lire aussiLa SNCF prévient (déjà) que les résultats de 2023 seront en baisse

Autre annonce : la SNCF va mettre les moyens pour protéger les voies. Les intrusions et les chocs avec gibier ont été multipliés sur cette ligne par 5 depuis octobre (par rapport à la moyenne de ces 5 dernières années), ce qui endommage les locomotives et les rend indisponibles. SNCF Réseau va donc lancer, dès à présent, un vaste programme d'engrillagement et d'effarouchage, comparable à ce qui est fait sur les lignes à grande vitesse. Vingt kilomètres de clôtures vont être installées dans les zones les plus sensibles. En parallèle, des activités de débroussaillage et de fauchage vont être menées sur plus de 220 kilomètres le long de la ligne. Coût pour 2024 : 7 millions d'euros, soit une hausse de 50% du budget annuel par rapport à 2020.

« Il y a une volonté d'obtenir des résultats vite. A très court-terme, il y aura un monsieur Paris-Clermont, un cadre de la SNCF, qui sera là pour rendre des comptes et pour assurer que les engagements sont tenus. Le message c'est qu'il n'y a pas de France de deuxième catégorie », a souligné Christophe Béchu.

Meilleure indemnisation des usagers en cas d'incident

Enfin, SNCF Voyageurs s'engage à une meilleure prise en charge des usagers pénalisés par ces incidents. Les dédommagements seront renforcés. En cas de retard de plus de trois heures sur cette ligne Clermont-Paris, l'indemnisation ne sera pas de 75% mais de 100%, quelque soit la cause. Et même 200% en cas de conditions difficiles comme cela a été le cas le 19 janvier dernier. Des mesures tarifaires qui seront mises en place dès aujourd'hui précise la compagnie. Pour les abonnés, des réductions seront appliquées sur les abonnements mensuels si la régularité n'est pas assurée.

SNCF voyageurs promet, par ailleurs, de fournir systématiquement des bouteilles d'eau et des coffrets repas aux voyageurs au-delà de deux heures de retard. « Cela ne devrait pas faire partie de ce plan, tellement c'est naturel et normal », a tancé Christophe Béchu lors de cette réunion en direction de Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs. Au total, l'ensemble de ces mesures va coûter 10 à 15 millions pour la SNCF.

« Nous allons traiter cette ligne comme nous traitons une ligne de grande vitesse, c'est une grande première. On met le paquet. C'est toute l'entreprise qui se mobilise. Je ne peux pas vous promettre qu'il n'y aura plus d'incidents mais nous allons essayer de limiter les pannes, avec plus de maintenance, et travailler sur l'information voyageur », a déclaré le PDG de la SNCF.

« Tout ce qu'on avait envie de voir est là. C'est positif et le fait qu'il y ait le top 3 de la SNCF et trois ministres à cette réunion, c'est une marque d'intérêt importante », s'est réjouie Stéphanie Picard, porte-parole du collectif des usagers du train Clermont-Paris.

Cette représentante des voyageurs a profité de cette réunion, tout comme de nombreux élus, pour réclamer des mesures d'anticipation pour l'après 2026 afin de poursuivre la modernisation de la ligne et gagner du temps de parcours. Les acteurs locaux espèrent un trajet à 2h30 au lieu de 3h15 actuellement.

Le ministre des Transports, Patrice Vergriete, s'est ainsi engagé à revenir dans les prochains mois à Clermont-Ferrand, pour non seulement faire une première évaluation des mesures annoncées aujourd'hui, mais aussi discuter justement de l'avenir. Une étude sera notamment menée pour voir si le nombre de rames commandées pour 2026 est suffisant. Le dossier est donc loin d'être clos.

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Commentaires 7
à écrit le 28/02/2024 à 21:43
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1858 Clermont Paris 10 heures origine du train le comte de MORNI 1940 Clermont -Paris 4h30 mn le gouvernement siégeait à Clermont Ferrand 2023 Clermont Paris 20 heures 2024 on vient d'avoir 11 heures .... on s'améliore Par contre que de ministr...

à écrit le 24/02/2024 à 9:24
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La liaison aérienne ! LOL ! On se demande bien pourquoi ils n'y ont pas pensé plus tôt ! ^^ Nos dirigeants sont nuls.

à écrit le 24/02/2024 à 7:56
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Et ces ministres sont venus : en voiture. Et pour se justifier de ne pas avoir pris le train, ils se sont arrêtés dans un village inaugurer une borne de rechange électrique. « 10 millions » (pendant qu´on dépense des milliards pour le TGV) : et encor...

le 29/02/2024 à 18:19
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très bonne analyse d'une situation malheureusement réelle dans tout notre système administratif.et politique ....en regardant le résultat global économique France c'est la catastrophe ....MAIS on peut espérer qu'un jour un illustre inconnu qui aura ...

à écrit le 23/02/2024 à 16:17
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C’est dingue de ne pas pouvoir mieux voyager qu’il y a un siècle sur cette ligne

à écrit le 23/02/2024 à 14:11
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Il ne se passe pas une semaine sans qu'il y ait un problème majeur sur une ligne de la SNCF ! Guillaume Pépy aurait du être mis en examen pour avoir laissé cette entreprise dans un tel état de délabrement. Mais aussi pour les deux accidents mortels s...

à écrit le 23/02/2024 à 14:09
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Bechu en bon politique Français ne doit pas connaître le fonctionnement de la Sncf ou ment : l état décide ou investir et la sncf s exécute .. à la décharge de la Sncf , l’ état lui a demande / exige gauche comme droite depuis 45 ans que d investi...

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