Funiflaine : avis de décès d’un ascenseur valléen emblématique pour l’industrie du ski

Le projet de télécabine, qui devait relier la vallée de l’Arve à la station de Flaine (Haute-Savoie) est définitivement abandonné. Ce dossier vieux de trente ans et de près de 100 millions d'euros qui a été enterré face à l'importante hausse du coût des matériaux (+30%), générée par la guerre en Ukraine. Sur le terrain, la réalité de la connexion entre le train et la télécabine demeurait également contestée.
D'ici 2025, le Funiflaine devait connecter la vallée de l'Arve à la station de Flaine, avec un objectif de convoyer 500.000 personnes chaque année. Ce moyen de transport par câble était censé permettre de supprimer 85.000 voitures des routes de montagne, en amenant les touristes à Flaine en 15 minutes, contre 45 minutes par la route.
D'ici 2025, le Funiflaine devait connecter la vallée de l'Arve à la station de Flaine, avec un objectif de convoyer 500.000 personnes chaque année. Ce moyen de transport par câble était censé permettre de supprimer 85.000 voitures des routes de montagne, en amenant les touristes à Flaine en 15 minutes, contre 45 minutes par la route. (Crédits : DR)

Ce n'était qu'un des multiples projets de remontées mécaniques entre vallées et stations, mais son dimensionnement en faisait aussi l'un des plus importants, parmi tous les dossiers à l'étude de liaisons par télécabine. Un domaine que les acteurs du marché ont renommé par l'expression d' « ascenseur valléen », plus vendeuse du point de vue marketing, tout comme avant cela le terme  « montagne » a été préféré par l'industrie du ski pour évoquer ses pistes damées.

Le Syndicat mixte du Funiflaine, qui regroupe le Département de la Haute-Savoie, la Communauté de communes Cluses-Arve et Montagnes, ainsi que les villes d'Arâches et de Magland, a finalement adopté une délibération signant la fin du projet de création d'une remontée mécanique, qui devait relier Magland à la station de Flaine, en vue de desservir le Grand Massif.

D'ici 2025, le Funiflaine devait connecter la vallée de l'Arve à la station de Flaine, avec un objectif de convoyer 500.000 personnes chaque année. Ce moyen de transport par câble était censé permettre de supprimer 85.000 voitures des routes de montagne, en amenant les touristes à Flaine en 15 minutes, contre 45 minutes par la route.

Un contrat de délégation de service public pourtant déjà acté

En juin 2021, le Syndicat mixte du Funiflaine avait pourtant signé un contrat de délégation de service public avec un groupement concessionnaire regroupant la Compagnie des Alpes, le fabricant de remontées mécaniques isérois Poma, la société des Autoroutes et Tunnel du Mont-Blanc (ATMB) ainsi que le Crédit Agricole des Savoie. Les travaux devaient commencer en 2023.

Mais depuis un an, le Funiflaine aurait rencontré d'importants retards administratifs : des procédures ont dû être relancées... en s'appuyant sur des prix des matériau mis à jour avec le contexte économique actuel : la guerre en Ukraine, mais aussi une inflation qui flambe.

Cela faisait pas moins de 30 ans que le projet était dans les cartons. Estimé à un coût de 100 millions d'euros, le Funiflaine aura fini par succomber à la hausse du coût des matériaux, qui aurait été responsable d'un surcoût de 30 %. Contactés, ni le constructeur Poma, ni la Compagnie des Alpes n'ont réagi, pour l'heure, sur l'abandon de ce projet emblématique.

Le tracé du Funiflaine devait reprendre celui du téléphérique historique, qui avait servi à convoyer les matériaux au moment de la construction de la station de Flaine.

Une connexion avec le Léman Express - le RER du Grand Genève - et une autre avec le TGV français à compter de l'année 2029, aurait dû permettre aux touristes de passer des wagons aux cabines facilement, de sorte que la station de Flaine ne soit plus qu'à trois heures de Paris.

Un projet à "repenser"

Dans le passé, un tunnel a aussi été envisagé pour relier la vallée aux stations du Grand Massif. Mais cette alternative était coûteuse, en plus de laisser les voitures continuer à se rendre jusqu'aux stations.

Cet arrêt est cependant une bonne nouvelle pour l'Association flainoise, qui était opposée au Funiflaine. Celle-ci contestait notamment l'intérêt de la remontée par câble, destinée avant tout aux touristes, en oubliant les habitants. L'association demande que le projet soit repensé pour desservir également le village des Carroz. Elle réclame aussi une véritable connexion avec les lignes de la SNCF.

La concertation publique menée en 2019 avait aussi mis en avant le risque de transformer le village de Magland en gigantesque parking... situé à 600 mètres de la gare SNCF, celle-ci ne pouvant pas accueillir de stationnement assez vaste dans sa proximité immédiate.

Le Funiflaine aurait pu devenir un modèle pour les futurs ascenseurs valléens. Pour l'heure, il enseigne au marché qu'avec des coûts en pleine ascension, ces futurs équipements financés par l'argent public doivent satisfaire des besoins réels et imminents au coeur des territoires. A savoir une connexion sans rupture de charge avec les transports en commun, tels que le train, mais aussi une infrastructure adaptée à l'utilisation par les habitants à l'année, dans un contexte de changement climatique où l'avenir du tourisme est devenu plus incertain.

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