Déploiement de la fibre optique : pourquoi l’accord entre Orange et l’État ne changera pas grand-chose à Saint-Etienne

Les élus de Saint-Etienne Métropole demandent à Orange d’accélérer le déploiement de la fibre optique sur leur territoire. Déploiement qu’ils estiment tourner au ralenti depuis le début de l’année, et non conforme aux engagements de l’opérateur. Le récent accord signé entre l’Etat et Orange ne devrait pas vraiment changer la donne.
Saint-Etienne Métropole (hors ville de Saint-Etienne) affiche un taux de 87% de locaux raccordables.
Saint-Etienne Métropole (hors ville de Saint-Etienne) affiche un taux de 87% de locaux raccordables. (Crédits : Orange)

Pour les élus de Saint-Etienne Métropole, le rythme de déploiement de la fibre optique sur leur territoire par Orange n'est pas à la hauteur de leurs attentes. Constatant un ralentissement notable depuis le début de l'année, et après de multiples rappels à l'ordre de l'opérateur, ils ont été, le mois dernier, jusqu'à adopter un vœu en conseil métropolitain. Un vœu adressé dans la foulée au ministre délégué chargé de la transition numérique et des télécommunications, Jean-Noël Barrot, à la présidente d'Orange, Chrystel Heydemann et à la présidente de l'Autorité de Régulation des Communications Electroniques, des Postes et de la distribution de la presse (ARCEP), Laure de La Raudière, les enjoignant à contraindre Orange d'accélérer le pas.

« Aujourd'hui, le déploiement tourne plus qu'au ralenti. Sur le premier semestre 2023, nous avons comptabilisé seulement 1.756 nouveaux locaux raccordés sur nos 42 communes. Il y a un an, c'était quatre fois plus. Nous étions aux alentours des 11.000 nouveaux foyers éligibles à une offre fibre (et donc raccordés) en 2021 ! », pointe Marc Chassaubéné, Vice-Président de Saint-Etienne Métropole chargé du design, de la culture et du numérique.

« Nous entendons les problématiques liées à la pénurie des composants suite à la crise Covid, et nous savons qu'après avoir déployé les zones les plus faciles d'accès, Orange bute désormais sur des secteurs plus difficiles. Il n'empêche, nous ne pouvons que constater une baisse des investissements. Ce n'est pas acceptable, même si ces investissements sont pris en charge à 100 % par Orange et nous ont fait économiser plus de 200 millions d'euros. Orange a pris des engagements, il doit les tenir en ne travaillant pas uniquement sur une logique de rentabilité », ajoute l'élu.

Déploiement ralenti selon Saint-Etienne Métropole

De fait, si 92% des foyers stéphanois sont aujourd'hui raccordés à la fibre, seulement 87% des foyers de Saint-Etienne Métropole (hors ville de Saint-Etienne) peuvent bénéficier du service, soit 215.000 foyers. Un score sensiblement dans la moyenne nationale des zones d'Appel à Manifestation d'Intention d'Investissement (AMII), ces secteurs pour lesquels Orange et SFR avaient candidaté et avaient été retenus par l'État il y a dix ans pour déployer la fibre à leur frais selon un zonage territorial défini. La Métropole étant positionnée dans la partie AMII revenant à Orange.

Ces zones AMII s'insèrent dans un système global où se trouvent d'un côté les « zones très denses » (ZTD, à savoir les grandes villes), pour lesquelles la concurrence joue entre les différents opérateurs, sans exclusivité de tel ou tel acteur (à Saint-Etienne, les clients peuvent choisir entre les offres d'Orange, SFR, Bouygues, Free, Sosh et Red). Et de l'autre, les « réseaux d'initiative publique » (RIP), pour lesquels le développement est piloté et financé par les collectivités locales. C'est le cas de l'ensemble du département de la Loire (excepté Saint-Etienne Métropole et Roannais Agglomération), où le déploiement de la fibre, dans le cadre du RIP THD42, a atteint récemment un niveau exceptionnel de presque 100%. De quoi ajouter de l'exaspération aux foyers de Saint-Etienne Métropole qui ne peuvent pas encore bénéficier de la fibre.

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Sur ces zones AMII, Orange avait signé un accord de déploiement fixant initialement un objectif de 100% en 2020. Délai décalé à 2022 mais visiblement toujours pas atteint puisque l'opérateur fait désormais état d'un taux de couverture nationale de seulement 88%.

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Non commanditaire en direct, à son grand dam d'ailleurs, Saint-Etienne Métropole ne peut que s'en remettre à l'État pour agiter le bâton. Bâton que l'État et l'Arcep ont effectivement brandi, depuis l'adoption de ce vœu de Saint-Etienne Métropole s'inscrivant dans un contexte national de grogne assez généralisée des collectivités locales. D'une part, l'Arcep a infligé, début novembre, une amende de 26 millions d'euros à Orange pour non-respect de la première échéance de ses engagements en zone AMII. D'autre part, en conclusion d'un bras de fer qui s'éternisait depuis plusieurs mois, l'État et Orange ont annoncé avoir conclu un accord. A la clé, 1,12 million de logements devront été raccordables d'ici 2025 sur le périmètre AMII d'Orange, dont 140.000 dès 2024 pour les zones les moins fibrées de ce périmètre. Et 300.000 pour les zones très denses (dont la Ville de Saint-Etienne).

Plus de coordination avec les élus locaux

Ces nouveaux engagements ne devraient cependant pas vraiment changer la donne pour le territoire stéphanois...

« L'accord signé avec l'État - mais qui doit encore être visé par l'ARCEP et concrétisé par un arrêté qu'on déclinera par des plans régionaux - prévoit une intervention particulière pour les zones en retard. Sont considérées en retard, les territoires dont le taux de déploiement est inférieur à 85%. Or, ce n'est pas le cas sur Saint-Etienne Métropole puisque nous sommes plutôt entre 87 et 88% », observe Bernard Pellier-Cuit, délégué régional d'Orange.

En clair, Saint-Etienne Métropole n'est pas suffisamment en retard pour bénéficier du rattrapage auquel s'est engagé Orange auprès de l'État. Néanmoins, assure le directeur Auvergne-Rhône-Alpes d'Orange, les efforts vont se poursuivre pour atteindre 98,5% dans les prochaines années.

« Nous avons des engagements de volumes avec l'Etat, nous avons donc d'abord déployé là où cela pouvait se faire rapidement et facilement afin d'amener le service au maximum de personnes. Les sujets plus difficiles ont été écartés c'est vrai, et nous y revenons maintenant. Les prises que nous déployons à présent sont celles qui présentent plus de difficultés, il est donc logique que le déploiement avance moins rapidement qu'au début. Ce n'est pas une question de rentabilité...»

Le responsable rappelle toutefois qu'Orange finance sur ses propres deniers ce déploiement, mais que le taux de pénétration de la fibre n'est actuellement que de 60%. Ce qui signifie que 40% des investissements ne génèrent pas de retombées économiques directes pour l'opérateur.

En attendant, faute d'accélération patente à espérer sur son territoire, la Métropole réclame à Orange plus de coordination avec les maires des communes afin que ceux-ci puissent être entendus sur leurs priorités de raccordement. « Aujourd'hui, il semble qu'Orange soit plus à l'écoute, mais il s'agit seulement d'un engagement moral, rien n'est contractualisé. C'est donc au bon vouloir d'Orange...», regrette Marc Chassaubéné, vice-président de la collectivité stéphanoise.

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Commentaire 1
à écrit le 27/11/2023 à 18:56
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Le raccordement dans les habitations et pitoyable Sous traitance à outrance Avons assisté à un audit de l’opérateur historique en col blanc ,avec u!n matraquage verbal de l’opérateur Celui n’avais aucun moyen pour travailler en plus aucune forma...

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