Sciences Po Grenoble : Laurent Wauquiez coupe net le financement régional, des réactions jusqu'à Eric Zemmour

A quelques jours de Noël, le dossier de Sciences Po Grenoble prend un tour inattendu : après la suspension d’un professeur d’allemand, qui avait dénoncé une « chasse idéologique » menée au sein de l’établissement, le président LR de la Région Auvergne Rhône-Alpes Laurent Wauquiez a annoncé qu’il suspendait « l’ensemble des financements » régionaux de l’IEP. Une décision saluée d’une part par Eric Zemmour sur la toile, et fustigée de l’autre par l’opposition écologiste dans l’hémicycle, pour lequel elle témoigne de sa « connivence avec l'extrême-droite ».
(Crédits : DR)

Il s'agit d'un nouveau rebondissement dans une affaire qui remonte déjà à plusieurs mois, et qui se solde, tout juste avant Noël, par une annonce inattendue : ce lundi, le président LR de la région Auvergne Rhône-Alpes a déclaré qu'il stoppait net le financement de Sciences-Po Grenoble (qui compte chaque année près de 2.100 étudiants, 77 enseignants et enseignants-chercheurs 360 intervenants extérieurs).

C'est donc une enveloppe de près de 100.000 euros par an au titre du COMESUP (contrat d'objectif et de moyen pour l'enseignement supérieur) qui sera ainsi retirée à l'IEP de Grenoble, mais également, comme le confirme la Région à La Tribune, « d'autres types de coopérations » dont la nature et le montant n'ont pas encore été précisés à ce stade.

« Les militants de théories "woke", de l'écriture inclusive, ou de pratiques communautaristes, ont aujourd'hui confisqué le débat au sein de cet établissement sans que la direction ne prenne la mesure de cette dérive préoccupante », a justifié Laurent Wauquiez, qui dénonçait ainsi le résultat d'une controverse, en cours depuis plusieurs mois au sein de l'établissement grenoblois.

« La longue dérive idéologique et communautariste de la direction de l'Institut d'Etudes Politiques de Grenoble vient de franchir un nouveau cap avec la suspension d'un enseignant accusé d'avoir publiquement fait état de la dégradation des conditions d'enseignement dans cet établissement », ajoute le président de Région, par voie de communiqué.

C'est donc dans ce cadre, et de manière inédite jusqu'ici, que la Région a prononcé « la suspension de tous les financements et de toutes les coopérations » avec Sciences Po Grenoble.

Une décision félicitée, sur la Toile quelques minutes plus tard, par le candidat Eric Zemmour : "Laurent Wauquiez a parfaitement compris comment couper court à l'infiltration de nos grandes écoles par l'islamo-gauchisme : en commençant par fermer le robinet du financement public".

Ce à quoi la candidate du Rassemblement national à l'élection présidentielle, Marine Le Pen, a également twitté une réaction en un seul mot ce mardi matin : "Bravo".

Retour sur une affaire datant de fin 2020

Avec, à l'origine de cette affaire, des échanges de mails réalisés fin 2020 entre un professeur d'allemand et une collègue historienne à propos d'une journée de débats intitulée « racisme, antisémitisme et islamophobie », et dont le professeur contestait notamment le caractère scientifique.

Début mars, des affiches anonymes (« Des fascistes dans nos amphis. L'islamophobie tue ») avaient accusé nommément deux professeurs, dont Klaus Kinzler, d'islamophobie et avaient été collées à l'entrée de l'établissement.

Une enquête pour « injure publique » et « dégradation » avait été ouverte par le parquet de Grenoble, tandis que l'un des deux enseignants, le professeur d'allemand Klaus Kinzler avait dénoncé « une dérive idéologique et communautariste » de son établissement de rattachement, évoquant entre autres.

Au sein de plusieurs médias comme Marianne, l'Opinion ou CNews, il évoquait notamment « l'arrivée de jeunes chercheurs adeptes des théories woke, décolonialistes, communautaristes, anticapitalistes » et avait d'ailleurs qualifié à ce titre Sciences Po Grenoble d'institut « de rééducation politique ».

Le 26 novembre dernier, 16 des 17 étudiants de l'IEP qui étaient poursuivis devant une instance disciplinaire ont été relaxé, alors que la ministre de l'enseignement supérieur s'était prononcée en faveur de sanctions.

Une mise à pied de quatre mois décidée par la direction

De son côté, la direction de l'IEP de Grenoble, représentée depuis février 2020 par Sabine Saurugger, avait condamné « très clairement » les affiches dont le professeur faisait l'objet, tout en jugeant les propos tenus dans la presse comme « diffamatoires ».

Elle a choisi d'entreprendre des démarches pour suspendre le professeur, estimant qu'il avait « gravement méconnu à plusieurs obligations », en particulier en matière de « discrétion professionnelle ».

Une procédure qui vient de mener à un arrêté suspendant ce professeur pour une durée de quatre mois, tandis que les avocats de Klaus Kinzler dénoncent quant à eux une « chasse aux sorcières », affirmant que ce dernier « a été contraint de prendre la parole afin de se défendre », après avoir été mis en cause « sur la place publique ».

Contactée par l'AFP, la direction de l'IEP de Grenoble n'a pas souhaité réagir à "une mesure interne", une réserve qu'elle a conservée pour l'heure lors des sollicitations menées également La Tribune.

Depuis, l'établissement a publié un communiqué ce mardi dans lequel elle répond en plusieurs points : rappelant tout d'abord que "le soutien financier de la Région en lien avec l'IEP de Grenoble-UGA ne consiste pas en des subventions, mais essentiellement en l'attribution de bourses aux étudiants, de soutien aux projets de formation continue et à l'action sociale (...) Cette décision regrettable risque ainsi d'affecter des étudiants et publics ayant des difficultés d'accès aux études supérieures ou à une formation". L'IEP qualifie ensuite une décision "motivée par un motif politique, davantage que par la réalité de la situation au sein de l'institution".

Du côté de l'opposition régionale, le groupe écologiste, conduit par Fabienne Grébert a pour sa part estimé qu' « en souhaitant couper les subventions de la Région à Sciences Po Grenoble, Laurent Wauquiez sort de son rôle de Président de Région et joue aux apprentis procureurs, tout cela avec les encouragements d'Éric Zemmour ».

Le principal groupe d'opposition au sein de l'hémicycle régional estime que « les libertés académiques incombent de respecter les régulations internes des établissements. Les enseignantes et les enseignants sont jugés par leurs pairs conseil de discipline, sur la base de constats scientifiques ou de manquements comportementaux, et non pas sur des bases politiques ». Et de conclure pour sa part : «  les faits sont plus complexes qu'un tweet lancé en pâture à la fachosphère ».

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Commentaires 4
à écrit le 24/12/2021 à 14:33
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La macronie est d'une grande lâcheté pour des raisons électoralistes. C'est du populisme à l'adresse des islamo gauchistes. Bravo M.Wauquiez.

à écrit le 24/12/2021 à 7:55
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m macron un peu de courage svp virer ces gens de l(universite direction compris il est temps de remettre les choses au clair

à écrit le 23/12/2021 à 23:28
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Sérieux "science po Grenoble " pleure pour 100 000 balles ?

à écrit le 23/12/2021 à 10:30
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c'est toute l(administration de science po grenoble qui doit degager.

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