Le couperet tombera dans quelques jours, le 13 décembre exactement. Clermont-Ferrand et plus largement le Massif Central sauront s'ils ont été choisis, au détriment de Bourges, Montpellier et Rouen, pour devenir Capitale européenne de la Culture en 2028. Le jury indépendant tranchera après une visite de chaque ville. Pour Clermont-Ferrand, ce sera demain, mardi 5 décembre.

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Cela fait huit ans que les élus et acteurs culturels et économiques auvergnats travaillent sur ce dossier de candidature. Un dossier de 100 pages, disponible en ligne, accompagné du slogan : « Terre du milieu, quand la culture rencontre la nature ». Dans cette aventure, les entreprises de la région se sont engagées très tôt, dès 2015.

« Les entreprises ont compris l'intérêt de s'engager dans un projet collectif qui peut faire rayonner notre territoire. Cela s'inscrit bien souvent dans leur démarche RSE et cela montre également leur ancrage territorial. Et puis, si nous obtenons ce label, nous aurons une visibilité européenne, voire mondiale et pour le business, c'est un avantage considérable, » précise Claude Barbin, président de la CCI et du Fonds de dotation de l'association Clermont-Ferrand Massif Central, créé en juin 2022.

Une cinquantaine d'entreprises ont déjà adhéré à ce fond, parmi lesquelles de grands groupes nationaux comme EDF, Engie ou encore Mercure hôtels. Mais aussi locaux, comme le laboratoire Théa ou Limagrain. De plus petites structures, des TPE et PME de la restauration, du digital ou de l'immobilier situées dans le Massif Central, sont également engagées. Surtout, ce dossier a le soutien de la Fondation Michelin. L'industriel clermontois, géant mondial du pneu, est impliqué dans la candidature depuis trois ans et a déjà financé divers évènements à hauteur de 50.000 euros par an.

« Nous avons activement participé au développement du projet. C'est déjà une réussite car c'est très fédérateur et cela a permis de renforcer les activités culturelles sur le territoire. Nous croyons beaucoup en cette candidature, » avance Forrest Patterson, directeur du mécénat et délégué général de la Fondation Michelin.

Acteurs économiques, « producteurs de culture »

Signe de cet engagement, Florent Menegaux, le président du groupe Michelin, a assisté, en personne, à la présentation du dossier mi-novembre à l'hôtel de Région de Clermont-Ferrand. Pour lui, « C'est l'opportunité d'un dialogue entre industrie et culture, de mettre en valeur notre passé ouvrier ».

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D'ailleurs, le parc de Cataroux, très connu des Auvergnats avec ses pistes d'essai (sortes de grands toboggans en béton armé), fait partie du projet Capitale européenne de la Culture. Ce site de Michelin, fermé en 2021, est en cours de réhabilitation. Si la candidature est retenue, il devrait accueillir une cité scientifique intergénérationnelle entre sciences et arts. « C'est dans l'ADN de Michelin de faire le lien entre la technique et la culture. Le projet est en cours de discussion. Certains de nos salariés pourraient également être détachés sur le projet dans le cadre de la gestion du site, de l'animation d'événements... Tout dépendra des besoins », ajoute Forrest Patterson, qui sera présent lors du passage du jury européen, mardi, sur le parc Cataroux.

« Nous nous servons de Cataroux comme l'illustration de cette mutation d'une ville industrielle de production vers une ville de création. C'est une sorte de paradigme de cette mutation. Dans notre projet, les acteurs économiques sont eux-mêmes producteurs de culture, » explique Olivier Bianchi, le maire de Clermont-Ferrand, à l'initiative de cette candidature.

Résidence d'artistes dans les entreprises

« Producteurs de culture »... aussi au travers notamment du mécénat de compétences. Des artistes pourront ainsi s'installer dans différentes entreprises du Massif Central.

« Nous avons déjà un projet de résidence d'artistes avec l'entreprise Constellium d'Issoire (spécialiste mondial de la transformation de l'aluminium, ndlr). L'idée est d'associer un artiste aux salariés pour réaliser une œuvre en profitant des savoir-faire de chacun. Nous avons également la marque de luxe Van Cleef & Arpels (qui va bientôt s'installer près de Thiers, ndlr) qui devrait participer au projet de la Villa Pascal, un lieu de résidence pluridisciplinaire autour de l'art, l'artisanat, le design, » s'enthousiasme Patrice Chazotte, directeur de l'association Clermont-Ferrand Massif Central 2028.

Mécénat attendu à hauteur de 7 millions d'euros

Mais les entreprises devraient surtout s'engager financièrement. Alors que le projet est estimé à 73 millions d'euros (fonctionnement), une levée de fonds de plus de 7 millions d'euros est prévue auprès d'investisseurs privés sur toute la période 2024-2028. Avec l'ambition de proposer des collaborations aux entreprises de toutes tailles, y compris les plus petites. C'est pourquoi le ticket d'entrée pour faire partie du club, baptisé Atelier des Mécènes, démarre à 1.500 euros.

Il est aussi prévu de signer des partenariats officiels avec de grands mécènes, dans le cadre d'un soutien minimum de 850.000 euros. En contrepartie, les salariés de ces entreprises pourraient bénéficier de places de spectacle, de rencontres thématiques avec des acteurs artistiques et des soirées de débat.

Retombées économiques difficiles à estimer

Quant aux retombées économiques pour le territoire, il est encore trop tôt pour avoir une estimation précise.

« Nous savons qu'il y a eu 9 millions de participants aux spectacles et manifestations à Marseille en 2013, quand elle était capitale européenne de la Culture. Kaunas, en Lituanie, qui avait le titre l'an dernier a eu 1,3 million de visiteurs. Donc c'est difficile d'anticiper. Mais pour un euro investi, les retombées économiques seraient en moyenne de 5 euros (transport, commerces, hôtellerie, restauration etc. ndlr). Nous partons là-dessus », souligne Olivier Bianchi.

Et il y a aussi les effets induits. Les acteurs du dossier espèrent que cela apportera de la visibilité au Massif Central, comme cela a été le cas pour Lille après son titre en 2004. Tous souhaitent également que cela accélère les grands projets en cours, notamment autour de la mobilité.

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« Nous pouvons faire le parallèle avec les Jeux Olympiques et Paris. Cela a permis de lancer beaucoup de projets en termes d'infrastructures. Dans le Massif Central, nous espérons que la promesse de l'Etat de mettre Clermont à 2h30 de train de Paris puisse être accélérée. Nous avons l'espoir et l'ambition que cela désenclave notre territoire », pointe Claude Barbin, le président de la CCI, avant de poursuivre : « En nous choisissant, l'Europe donnerait un boost à un territoire qui en a besoin ».