Michelin récompensé pour son pneu durable

Le géant français des pneumatiques vient de remporter un prix pour son pneu pour voiture intégrant 45% de matériaux durables. Depuis une dizaine d'années, le groupe s’engage afin de réduire l’empreinte environnementale de ses produits et se lance un défi : parvenir à 100 % de matériaux durables d’ici 2050.
Michelin s'engage sur une production de pneus avec 100 % de matériaux durables d’ici 2050, et 40 % en moyenne d’ici 2030.
Michelin s'engage sur une production de pneus avec 100 % de matériaux durables d’ici 2050, et 40 % en moyenne d’ici 2030. (Crédits : DR Michelin)

C'est une belle récompense qui couronne plus de 10 ans de travail pour Michelin. Le groupe a reçu, mi-juillet à Francfort, le prix Automotive Innovations Award 2023 dans la catégorie « Chassis, Car Body & Exterior » pour son pneu de voitures, homologué route, intégrant 45% de matériaux durables. Une distinction décernée par PricewaterhouseCoopers (PwC) et le Center of Automotive Management (CAM) qui mènent des études auprès des constructeurs et des fournisseurs afin d'identifier les grandes innovations de l'industrie automobile.

Par « matériaux durables », Michelin entend matières biosourcées renouvelables (à l'échelle d'une vie humaine) ou recyclées. Mais le groupe, basé à Clermont-Ferrand, regrette qu'il n'existe aujourd'hui aucune définition unique de ces matériaux durables et précise que cette absence nuit à la lisibilité des différentes démarches. Car d'autres fabricants, comme Continental ou Goodyear, se sont aussi lancés dans cette course mais avec des approches différentes et des définitions propres, qui peuvent apparaître moins ambitieuses.

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Ici, le pneu Michelin récompensé est composé de caoutchouc naturel, de noir de carbone obtenu avec de vieux pneus, d'huiles et résines végétales, de silice issue de cosses de riz et d'acier intégrant des ferrailles recyclées. Les renforts textiles proviennent, eux, de bouteilles en plastique recyclées.

Trouver le bon équilibre

L'équipementier automobile précise que ce pneu, présenté au public en octobre 2022, est surtout un démonstrateur de technologies, qui ne constitue pas en soi une gamme spécifique qui se retrouvera sur le marché. Pour autant, Michelin compte bien commercialiser des pneus intégrant ces nouvelles technologies (déjà homologuées) d'ici deux ans. Objectif pour le groupe : réduire encore plus l'empreinte environnementale de ses produits, tout en conservant leur qualité. Tout un équilibre à trouver.

« L'idée était de faire des pneus avec des matériaux durables sans dégrader leurs performances. Par exemple, nous aurions pu mettre plus de poudre de pneus recyclés dans ces pneus mais cela aurait dégradé leur usure. Le produit aurait duré moins longtemps. Il faut faire attention aux transferts d'impact. On doit être aussi attentif à la durée de vie, à la sécurité et à l'efficacité énergétique du produit. C'est une démarche globale, » précise Cyrille Roget, directeur de la communication scientifique et technique du manufacturier.

Autre contrainte pour Michelin : intégrer des matériaux durables qui permettent une production à grande échelle. Car le groupe évoque 170 millions d'unités fabriquées à partir de matériaux durables dès 2025.

Une révolution dans le secteur du pneu

Aujourd'hui, l'ensemble des matériaux utilisés par Michelin (3,6 millions de tonnes de matières premières chaque année) sont à 70 % d'origine fossile et proviennent donc du pétrole. Mais une petite révolution est en marche et va radicalement changer la conception et la fabrication de ses produits. Le manufacturier auvergnat ambitionne en effet de parvenir à 100% de matériaux durables d'ici 2050, avec une étape à 40% d'ici 2030 (en moyenne sur l'ensemble de la production).

« Cela est complexe car il faut créer une chaîne d'approvisionnement de ces matériaux. On a créé un consortium pour créer un écosystème spécifique pour fabriquer ces pneus durables. On ne peut pas animer cette démarche tout seul, » explique Cyrille Roget.

Pour cela, le groupe s'est engagé dans un programme de partenariats ciblés, lui permettant d'accélérer le développement de technologies de rupture, en particulier dans les domaines du recyclage. Parmi ces partenaires : Pyrowave (r-styrène), Carbios (r-PET), Enviro (rCB), IFPEN/Axens avec la participation de l'ADEME (bio-butadiène)...

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Et pour tenir sa feuille de route, Michelin va aussi s'appuyer sur l'ensemble de son département R&D (recherches et développement) composé de 6.000 ingénieurs, chercheurs, chimistes et développeurs. Même si les montants investis pour parvenir à ces nouvelles technologies ne sont pas communiqués par le groupe, on sait que la multinationale a consacré 680 millions d'euros l'an dernier à la recherche, en grande partie pour travailler sur ces nouveaux matériaux.

Objectif : aucun surcoût pour le consommateur

Et si Michelin veut déployer ces technologies sur de très gros volumes, via des partenaires, c'est aussi pour aller chercher des économies d'échelle.

« Avec cette stratégie, le coût va être ramené rapidement à des niveaux équivalents, voire plus faibles, à ce que l'on aurait eu sur des matériaux issus du pétrole. Notre objectif, de toute façon, c'est qu'il n'y ait pas de surcoût pour le consommateur, » relate Cyrille Roget.

Car Michelin le sait, si les clients se disent attentifs et soucieux des enjeux environnementaux, au moment d'effectuer leur achat ce qui compte le plus, c'est in fine la durée de vie du pneu et surtout son prix.

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Commentaire 1
à écrit le 28/07/2023 à 11:52
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Bonjour, Déjà disposer partout de pneus rechappés ne serait pas du luxe. Et des pneus de 4x4 avec de beaux crampons introuvables sauf rechapés chers et rares.

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