A Villeurbanne, l'Usine à Vélo relocalise la production de cycles

Créé par des fabricants locaux de vélo, l'Usine à Vélo est un outil de mutualisation de production et d'achat, mais pas que. Cette société ambitionne aussi de répondre à la demande croissante et vise à accompagner le mouvement de relocalisation, voire, à terme, à créer une filière française.
Onze personnes travaillent à l'Usine à Vélo et ils produisent 5.000 vélos par an.
Onze personnes travaillent à l'Usine à Vélo et ils produisent 5.000 vélos par an. (Crédits : DR ZFA)

L'union fait la force, même dans la filière vélo. Pour mutualiser leurs compétences et leur production, six fabricants locaux de vélo (AddBike, A Fond Gaston, Benur, B2ebike, Cyclik et Vepli) ont créé l'Usine à Vélo, une société qui regroupe une ligne d'assemblage de roues, une ligne d'assemblage de cycles et bientôt une coopérative d'achat de composants.

Ce projet est aussi porté en association avec le constructeur de cadre occitan Milc et le pôle de compétitivité des mobilités, Cara. Après deux ans et demi de maturation, le site a ouvert en juin 2022, au sein du Grand Plateau, le tiers-lieu des acteurs de mobilité de la Métropole de Lyon, ouvert il y a un an, à Villeurbanne.

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Une demande croissante

« Il y avait la volonté de faire quelque chose ensemble, de passer de l'artisanal à l'industriel et de répondre à la croissance du marché du cycle », relate Henri Roussel, responsable de l'Usine à Vélo.

La croissance du marché global du cycle (vélo, pièces et accessoires) ne cesse en effet d'augmenter, d'autant plus depuis la pandémie, avec un chiffre d'affaires cumulé de 3,6 milliards d'euros, en 2022, soit une augmentation de 5,2% par rapport à 2021 et une augmentation de 52% sur les quatre dernières années, comme le rapporte l'Union Sport et Cycle. Un marché qui se porte tout aussi bien à Lyon, où la Métropole écologiste investit activement dans les mobilités douces. Elle compte d'ailleurs 47 entreprises industrielles du vélo sur son territoire.

En mutualisant et sous-traitant la production à l'Usine à Vélo, les marques peuvent ainsi se concentrer sur la recherche et développement et la commercialisation. « La sous-traitance permet d'absorber les pics ou les sous-charge », note aussi Henri Roussel.

«L'objectif est d'augmenter la compétitivité des marques, parce que ce n'est pas facile quand on se lance, mais aussi d'accompagner la relocalisation et d'aider sur les besoins de fond de roulement des marques. »

5.000 vélos par an produits

L'Usine à Vélo a pris la forme d'un SCIC (société coopérative d'intérêt collectif), dont les clients sont les marques fondatrices (à l'exception de Benur, en redressement judiciaire depuis), « mais l'idée est de s'ouvrir à d'autres entreprises », explique le responsable. La diversité des entreprises fondatrices a aussi permis à l'Usine à Vélo d'acquérir une diversité d'expertises qui permettent de traiter différents vélos : en bambou, pliant, longtail, électrique, etc... La SCIC possède son outillage et les marques payent un forfait assemblage.

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« Ça permet de répondre à tous types de projets et de gérer le stockage de composants, poursuit Henri Roussel. Ça nous amène à lancer la deuxième partie du projet qui est de mutualiser les achats. » La coopérative d'achat, « en cours de finalisation », devrait voir le jour bientôt, principalement pour des pièces comme les roues, la transmission, le bloc moteur, etc... (sauf cadres et fourches). En attendant, les marques achètent leurs propres stocks.

Actuellement, onze personnes travaillent à l'Usine à Vélo, sur quatre zones : l'assemblage des sous-ensembles, l'assemblage final (sur pied, pas en ligne : une personne assemble un vélo), l'assemblage roue et la mise en carton et l'expédition. « Nous sommes dimensionnés pour faire environ 5.000 vélos par an, et nous ciblons 15.000 en augmentant l'effectif et les postes d'assemblage, d'ici trois ans", détaille l'entrepreneur.

A termes, le projet avec Cara et d'autres clusters vélo est de créer une filière française. Pourquoi pas aussi en allant voir les acteurs automobiles qui cherchent à se diversifier et à aller sur le marché du vélo, à l'exemple de Bontaz. « Il faut faire un travail d'entonnoir, on monte en capacité, on a un volume et ensuite on pourra aller voir les industriels », projette Henri Roussel.

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