« Chaque année en France, 3 millions de vélos sont achetés et 1,5 million sont jetés.  Cela signifie que l'équivalent de la moitié des vélos achetés en France finissent chaque année en déchetterie », regrette Romain Segura. La raison ? Leur état d'usure évidemment, mais pas seulement...

« Les goûts et les besoins d'un cycliste évoluent tout au long de sa pratique, en fonction de son lieu d'habitation, de son travail, de son état de forme, de l'arrivée d'enfants dans le foyer etc. Résultat : au fil de ces évolutions, les cyclistes doivent se séparer de leur ancien vélo pour en acquérir un nouveau plus adapté à leurs nouveaux besoins », relève le jeune ingénieur de 25 ans, diplômé de l''école d'ingénieurs l'ECAM.

C'est à partir de ce constat qu'il a créé à l'automne 2021 avec David Carneiro, jeune diplômé de l'INSA Lyon et Alain Ségura, professionnel de l'industrie du cycle depuis 20 ans, la startup Ref Bikes.

Un cadre interchangeable

Leur idée : concevoir un engin facilement évolutif grâce au développement d'un cadre innovant qu'ils ont pu faire breveter.

« Lorsqu'on veut faire évoluer la typologie de son vélo, le changement du cadre est souvent indispensable. Mais la plupart du temps, cela coûte cher et la manipulation est complexe. Nous avons mis au point un cadre assemblé sans cadre ni soudure. Il peut être démonté en quelques minutes », assure Romain Segura.

Le cofondateur pointe un double avantage : écologique évidemment puisqu'il permet de garder son vélo plus longtemps mais aussi économique, ce changement de cadre reviendrait deux fois moins cher au cycliste que l'achat d'un nouveau vélo.

Démarche de co-construction avec ses futurs acheteurs

Le premier modèle proposé par Ref Bikes est un vélo urbain musculaire à 1.200 euros. Le second sera une version électrique à 2.500 euros. Le passage de l'un à l'autre sera possible pour le cycliste en modifiant seulement deux composants.

Des kits seront par la suite développés pour permettre de nouvelles transformations vers un longtail par exemple (pour transporter des enfants), ou vers le fatbike pour faire du vélo dans les dunes, etc. Dans une logique d'économie circulaire, Ref Bikes s'engage à faire des offres de reprise des anciens kits qui ne seront plus utilisés.

La première série de 150 vélos devrait sortir des ateliers lyonnais de Ref Bikes en mars prochain. L'ambition étant de commercialiser 1.000 vélos l'année prochaine pour un chiffre d'affaires de l'ordre de deux millions d'euros, 2.000 en 2024 et 5.000 en 2026 (CA prévisionnel de 11 millions d'euros à cet horizon).

Après une première petite levée, en love money, de moins de 100.000 euros mi-2022, Ref Bikes envisage une nouvelle opération, plus importante (mais dont le montant n'est pas communiqué), en 2023 afin de dimensionner son outil aux exigences d'une accélération de la cadence.

En attendant, la startup a équipé une vingtaine de cyclistes il y a quelques semaines, dans une démarche de co-conception. « Ils vont rouler quelques mois, nous faire leurs retours et nous pourrons ainsi apporter les modifications nécessaires ».

La startup s'appuie actuellement sur une équipe de 7 personnes et priorise ses approvisionnements de composants fabriqués en France « dès que c'est possible ».