Le sprint de la Métropole stéphanoise pour rattraper son retard sur le vélo

Elle n’est pour le moment pas vraiment dans les villes reconnues comme les plus cyclables de France, et c’est un euphémisme à en croire les derniers baromètres publiés. La faute à des choix politiques passés sans doute et à la topographie du territoire certainement. Mais la métropole stéphanoise change désormais de braquet pour quitter la queue du peloton. Elle investit 5 millions d’euros pour tripler sa flotte de vélos en libre-service tout en la basculant sur du 100% électrique afin d’accélérer la démocratisation de l’usage du vélo dans les trajets du quotidien. Elle affiche désormais la troisième plus importante flotte de vélos électriques, après Paris et Marseille.
1.050 vélos à assistance électrique vont être déployés sur l'agglomération stéphanoise.
1.050 vélos à assistance électrique vont être déployés sur l'agglomération stéphanoise. (Crédits : Saint-Etienne Métropole)

Luc François, le vice-président de Saint-Etienne Métropole en charge des transports et des mobilités, le revendique fièrement : la métropole stéphanoise dispose désormais de la troisième flotte française de vélos électriques, derrière Paris et Marseille, se faisant griller de très près la priorité par la cité phocéenne.

Elle vient d'investir 5 millions d'euros pour faire évoluer très significativement son service de vélos en libre-service. Service jusqu'ici composé exclusivement de 300 vélos musculaires et disponibles uniquement sur la ville de Saint-Etienne. La Métropole a décidé de rebattre complètement les cartes, avec trois évolutions majeures. Sur le nombre d'abord, la flotte de vélos est multipliée par plus de trois pour atteindre les 1.050 bicyclettes réparties sur 105 stations. Sur la forme ensuite, avec une flotte au design travaillé et surtout 100% électrique. Sur la géographie enfin, puisque le service est désormais accessible dans 21 communes de Saint-Etienne Métropole. Le tarif : 30 euros pour un abonnement mensuel (avec 30 minutes gratuites pour chaque trajet, sans limite quotidienne), 10 euros pour ceux disposant déjà d'un abonnement aux transports en commun.

Cette nouvelle flotte de vélos rechargeables et automatiques fournie par l'entreprise lyonnaise Fifteen est opérationnelle depuis début juin. Une semaine après son lancement, elle affichait déjà des résultats intéressants avec quelque 17.000 kilomètres parcourus et 1.600 abonnés. L'ancienne version des Vélivert en comptait 2.700, seuil que la Métropole compte franchir d'ici la fin du mois de juin.

« Dès la prochaine rentrée scolaire, nous pensons multiplier par deux le nombre d'abonnés que nous avions sur notre ancien système », confie Luc François.

Atteindre les 5% de part modale du vélo

Il faut dire que la métropole stéphanoise affichait un retard certain en la matière. Le dernier baromètre des villes cyclables édité en 2021 par la FUB (Fédération des Usagers de la Bicyclette) décernait ainsi un tout petit F à la ville de Saint-Etienne avec une note de 2,54/6 reprenant des critères tels que le ressenti des usagers, la sécurité, le confort, les services etc. Un « F » équivalant dans le classement de ce baromètre à « un climat général défavorable au vélo ». D'autres communes de la métropole stéphanoise étaient aussi classées dans ce même baromètre, mais avec des notes tout aussi déplorables, voire plus : Saint-Galmier (2,61) ou Saint-Chamond par exemple (2,31). Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, les trois autres métropoles affichaient quant à elles une meilleure note : un E pour Clermont-Ferrand, un C pour Lyon, et même un B pour Grenoble.

« Actuellement, la part modale du vélo est inférieure à 2% sur notre territoire (moyenne nationale autour de 4% NDLR) », reconnaît Luc François. « Pour accélérer la décarbonation de nos villes, nous devons absolument développer l'utilisation des transports en commun et du vélo. Mais la géographie de notre territoire, avec beaucoup de collines à grimper et des rues peu larges, ne facilite pas une démocratisation de l'usage du vélo dans les trajets du quotidien. Le vélo électrique va nous permettre de faire tomber, au moins en partie, cet obstacle », poursuit l'élu métropolitain, par ailleurs maire de la commune de la Grand'Croix, en périphérie stéphanoise.

D'autant que si Saint-Etienne Métropole ne compte pas exploiter immédiatement le service de data proposé par son prestataire Fifteen, elle entend s'appuyer dès l'année prochaine sur les informations remontées par les systèmes embarqués : chutes, zones accidentogènes, trajets les plus empruntés, nids de poule etc. Ce qui devrait permettre de guider les services de la métropole dans leurs interventions et leurs investissements.

Ambition affichée : passer à 5% de part modale du vélo dans les déplacements quotidiens à horizon 2029. Soit largement plus du double de sa part actuelle mais bien en deçà de l'objectif national affiché à 9% pour 2024 par le gouvernement français.

Un plan vélo à 41 millions d'euros

Cette transition de Saint-Etienne métropole vers du 100% électrique, notable dans le paysage actuel des politiques métropolitaines, s'inscrit dans un plan vélo à 41 millions d'euros pour la décennie 2019-2029. Celui-ci contient, outre les 5 millions d'euros correspondant à l'achat des vélos, une enveloppe annuelle de 100.000 euros pour une aide individuelle de 200 euros aux habitants qui feraient l'acquisition d'un vélo électrique ainsi que, - et c'est le gros du sujet-, un budget annuel de 6 millions d'euros pour l'aménagement des infrastructures (maillage du territoire avec des pistes cyclables indépendantes et continues, installation de consignes à vélos etc). « Nous avons réalisé les études pendant la période Covid, nous sommes maintenant dans la réalisation. Nous sommes dans les clous de l'utilisation des crédits mais il est évident que ce sera long car nous partons de loin », reconnaît Luc François.

En parallèle de ce plan métropolitain, le Département de la Loire va renouveler son plan vélo et se doter d'un nouveau plan pour la période 2022-2027 avec un budget global de l'ordre de 15 millions d'euros.  Il comprend notamment une aide de 300 euros à l'achat d'un vélo à assistance électrique et l'aménagement de nouvelles infrastructures. Ce plan doit être voté fin juin.

« Il faut accélérer encore »

Malgré ces efforts conjugués, qu'Ocivelo, - l'association stéphanoise des usagers du vélo fondée en 2017-, salue, le chantier semble encore gigantesque.

« Le passage à une flotte électrique est une très bonne chose, c'est une bonne nouvelle pour développer le vélo. Mais il faudra être vigilant car Saint-Etienne va avoir subitement des vélos roulant à 25km/h dans ses rues alors que les aménagements ne sont pas au niveau et que les automobilistes et piétons ne sont pas habitués. Nous craignons des conflits de partage d'espace », alerte Raphaël Tixier, le président d'Ocivélo.

« Il est maintenant impératif d'accélérer vraiment sur les aménagements. Pour l'instant, les délais d'exécution, suite aux études réalisées ces dernières années, sont bien trop lents ».

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Commentaire 1
à écrit le 13/06/2023 à 9:44
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on peut pas être bon partout: consacrer de l'argent public pour piéger ses collègues et développer le vélo....

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