Automobile : pressé de sortir du véhicule thermique, le haut-savoyard Bontaz va investir 200 millions d’euros pour se diversifier

Dans la Vallée de l’Arve (Haute-Savoie), l’équipementier autotomobile Bontaz va mettre 200 millions d’euros sur la table pour accélérer la réduction de sa dépendance au véhicule thermique. Au programme : des investissements pour se positionner sur le véhicule électrique, le vélo et les piles à combustible.
Pour accélérer la diversification de son activités dans trois branches liées aux nouvelles mobilités, l'équipementier autotomobile créé en 1965 par Yves Bontaz va investir près de 200 millions d'euros sur les 15 prochaines années (dont 40% sur fonds propres et 60% via de la dette).
Pour accélérer la diversification de son activités dans trois branches liées aux nouvelles mobilités, l'équipementier autotomobile créé en 1965 par Yves Bontaz va investir près de 200 millions d'euros sur les 15 prochaines années (dont 40% sur fonds propres et 60% via de la dette). (Crédits : DR)

A horizon 2035, plus aucun véhicule thermique neuf ne pourra être commercialisé en Europe. Le groupe Bontaz, historiquement implanté dans la Vallée de l'Arve (Haute-Savoie), en a bien pris acte et s'y prépare activement depuis déjà trois ans. L'équipementier autotomobile passe désormais la seconde et accélère la cadence de sa diversification.

Il faut dire que sans réaction de sa part, l'impact de la fin du véhicule thermique pourrait être très rude pour l'entreprise aux 4.000 collaborateurs répartis dans 11 pays (dont près de 500 en Haute-Savoie).

Équipementier automobile d'envergure internationale, reconnu notamment pour ses systèmes de freinage et ses sous-ensemble moteurs, Bontaz va réaliser cette année 300 millions d'euros de chiffre d'affaires. En 2035, la moitié de ce chiffre d'affaires sera effacée avec la fin de la vente des véhicules thermiques en Europe.

« Nous nous devons absolument de réagir car même si nous sommes présents sur toute la planète, la tendance initiée en Europe sera rapidement suivie par les USA et la Chine. Ces trois territoires pèsent actuellement environ 80% de notre chiffre d'affaires », pointe David Anghelone, directeur général de Bontaz.

« Nous ne nous réveillons pas ces derniers mois... nous avions déjà établi une stratégie de reconversion en 2019/2020 mais en deux ans, elle a été balayée. Les pouvoirs publics ont décidé d'aller très vite sur le sujet, nous devons donc accélérer en conséquence ».

Sa première cible : les véhicules électriques

L'entreprise créée en 1965 par Yves Bontaz, et désormais présidée par son fils Christophe Bontaz, appuie donc sur le champignon en mettant sur la table un investissement de 200 millions d'euros à dérouler sur les 15 prochaines années qui sera financé à hauteur de 40% sur fonds propres et 60% via de la dette. Au programme : une diversification vers les nouveaux modes de mobilité. Au premier lieu desquels, la voiture électrique.

Bontaz va ainsi investir environ 70 millions d'euros pour s'ancrer sur le marché du véhicule électrique, dont 30 millions en R&D et 40 millions pour l'industrialisation. Ce marché représente actuellement un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros pour Bontaz, l'entreprise vise une multiplication par 12 en 2030.

« Nous travaillons déjà sur le véhicule électrique en fabriquant des composants pour les systèmes de refroidissement et de chauffe. Nous voulons désormais proposer des systèmes plus complets d'une part et mettre au point, d'autre part, de nouveaux produits, par exemple des clapets permettant de réguler la température des batteries », précise le directeur général.

« Nous sommes déjà bien avancés sur ce repositionnement sur l'électrique mais de nombreux acteurs sont sur les rangs, c'est un peu la guerre, chacun cherche à s'imposer.... ».

Sans oublier l'hydrogène et l'industrie du cycle

Deuxième axe de diversification engagé depuis deux ans : le vélo. Bontaz s'est lancé dans la fabrication d'un moteur pour les vélos électriques intégrant une boite automatique. « Nous ciblons les vélos cargos, les vélos de location, tous ces utilisateurs qui n'ont pas besoin de vitesse. Nous développons un ensemble boite auto/batterie/logiciel/interface ».

Un premier prototype devrait être prêt début 2023. L'industriel veut également prendre sa place dans la fabrication de freins pour les vélos, avec une envergure envisagée comme mondiale.

« Le marché du vélo souffre de nombreuses pénuries, nous avons une place à prendre, c'est certain », estime David Anghelone.

Troisième pan de développement : les piles à combustible pour les moteurs à hydrogène. 70 millions d'euros vont être investis pour emprunter ce nouveau chemin nécessitant une part lourde de recherche et développement. Ambition : 60 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2030 avec un fort potentiel de développement à suivre.

« Nous nous positionnons sur la boucle d'admission de l'hydrogène car il y a peu de concurrence sur ce sujet, nous avançons avec plusieurs constructeurs. Le premier prototype devrait être prêt en 2023 et les premières ventes, en petites séries, pourraient avoir lieu en 2025 ».

Dans cette course à la diversification, Bontaz a reçu récemment le soutien de l'Etat dans le cadre de l'appel à projet « Soutien aux projets de diversification des sous-traitants de la filière automobile », pour un montant d'1,5 million d'euros.

L'équipementier de la Vallée de l'Arve envisage une production de son moteur et de ses freins pour le vélo en France. Pour le véhicule électrique et les piles à combustible, la fabrication aura lieu, elle, au plus près du client, parmi les 20 usines dont dispose Bontaz à travers la planète.

« C'est le système le plus efficient. Sans compter qu'on nous demande de relocaliser en France mais qu'en réalité, c'est hyper complexe. Avec la concurrence de la Suisse à 30 kilomètres, la Vallée de l'Arve souffre d'un énorme problème de main d'œuvre qualifiée. Nous avons besoin de recruter pour nous développer ici sur notre territoire, j'espère que nous n'aurons pas besoin d'asseoir ce développement ailleurs ».

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