Recyclage textile : Bruno Le Maire choisit la start-up Carbios, à Clermont-Ferrand, pour soutenir la création d'une filière

Et si l’avenir de la filière textile française passait par le recyclage ? En visite à Clermont-Ferrand, le ministre de l’Economie a salué la « technologie prometteuse » de la jeune pépite Carbios. Grâce à un procédé biologique unique au monde, la start-up peut recycler les plastiques et les textiles dans une optique circulaire. Reste à créer tout l'écosystème.
Les salariés de Carbios ont expliqué à Bruno Le Maire le procédé de bio-recyclage développé par l'entreprise, dans le cadre d'une visite du ministre à Clermont-Ferrand.
Les salariés de Carbios ont expliqué à Bruno Le Maire le procédé de bio-recyclage développé par l'entreprise, dans le cadre d'une visite du ministre à Clermont-Ferrand. (Crédits : DR Emilie Valès)

Deux visites ministérielles en moins de six mois... Le signe de l'intérêt du gouvernement pour la filière du recyclage et pour la technologie de rupture développée par la société Carbios. Après Roland Lescure, le ministre délégué à l'Industrie en octobre, c'est donc Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, des finances et de la souveraineté industrielle, qui a visité, à la mi-journée, le démonstrateur industriel de l'entreprise clermontoise de chimie verte.

Carbios a en effet mis au point une technique, unique au monde, de recyclage biologique des plastiques et des textiles à partir d'enzymes. Afin d'accélérer sa recherche et déployer sa première usine, qui ouvrira l'an prochain en Meurthe-et-Moselle, Carbios a bénéficié de financements publics, notamment de l'Etat. Au total : 54 millions d'euros. De quoi donner les moyens à la start-up d'atteindre son ambition : devenir le leader mondial du recyclage et du biorecyclage de déchets plastiques de type PET (matière plastique utilisée pour la fabrication de bouteilles) d'ici à 2035.

« Nous créons une nouvelle filière industrielle, celle du recyclage. Ces trois dernières décennies dans l'industrie, cela a été un massacre, on a fermé des usines, deux millions emplois ont été détruits. Notre ambition, c'est de consolider les filières existantes l'aéronautique, l'automobile, la chimie, mais c'est aussi créer de nouvelles filières. Cette technologie prometteuse de décomposition, c'est l'illustration même du génie français qui permet d'inventer un nouveau procédé et d'être vertueux. En plus, cela crée de la prospérité et de l'emploi », s'est félicité Bruno Le Maire.

Seuls 13% des déchets textiles sont recyclés

Pendant plus d'une heure, le ministre a visité le laboratoire et les unités de recyclage de Carbios, situés sur le site d'une ancienne usine de Michelin à Clermont-Ferrand. C'est là que Carbios récupère, par exemple, des tee-shirts, des vestes de ski usagés en polyester... et qu'une machine déchiquette les tissus, retire boutons ou fermetures éclairs.

Ces morceaux sont ensuite recyclés grâce au procédé enzymatique développé et breveté par l'entreprise. Et cela permet de refabriquer de nouvelles fibres textile. La start-up a même lancé un consortium avec des marques comme Patagonia, Puma ou Salomon, intéressées par cette démarche qui permettrait du « recyclage de fibre à fibre » . Avec l'idée finale, qu'un vêtement puisse redevenir un vêtement.

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L'enjeu est de taille quand on sait qu'à l'échelle mondiale, seuls 13% des déchets textiles sont recyclés. Les 87 % restants finissent en décharge ou à l'incinération.

« Il y avait un chaînon manquant entre le déchet et la production de plastique. Nous sommes désormais un maillon de la chaîne et nous pouvons impulser cette filière du recyclage », a expliqué Emmanuel Ladent, le directeur général de Carbios qui compte aujourd'hui 150 salariés.

Tout un écosystème à créer

C'est en fait tout un écosystème qu'il faut créer autour de cette économie circulaire avec l'objectif d'intégrer l'industrie textile. Selon Carbios, il faut notamment développer la filière de collecte, de préparation et de tri de ces textiles. C'est justement ce que fait l'usine Nouvelles Fibres Textiles, ouverte en novembre par l'entreprise ligérienne Les Tissages de Charlieu et Synergies TLC, spécialiste de la collecte de vêtements. Doté d'une technologie de pointe, le site trie à très haute vitesse les tissus en fonction de leur composition et de leur couleur.

« Des verrous technologiques ont été cassés grâce à Carbios ou à notre machine de tri automatisée. Nous entrons aujourd'hui dans des phases de maturité. Le recyclage, c'est le plus puissant levier de réindustrialisation, de reconquête économique dans le secteur du textile. Et on peut réduire par 10 notre impact carbone avec un produit fabriqué en France, diffusé en circuit court et fabriqué avec de la matière recyclée », a détaillé Eric Boël, le dirigeant des Tissages de Charlieu, appelant le ministre « à booster ce système qui ne demande qu'à être déployé sur le territoire. »

« L'Europe est en train de se suicider économiquement »

Un message entendu par le ministre qui a voulu marquer son soutien total à ces « technologies qui changent radicalement la donne ». Bruno Le Maire a aussi rassuré ces acteurs, précisant travailler à une simplification administrative pour faciliter cette réindustralisation.

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« La simplification, c'est une nécessité absolue. L'Europe est en train de se suicider économiquement en multipliant les normes, les obligations, les règles... Quand je regarde les écarts de compétitivité et de croissance entre l'Europe et les Etats-Unis, je tire la sonnette. En France, nous portons un projet de loi de simplification que nous présenterons dans les semaines qui viennent. Il faut que les entrepreneurs puissent produire plus facilement et créer des emplois plus rapidement », a indiqué le ministre en marge de la visite.

Eric Boël, des Tissages de Charlieu, donne, de son côté, quelques pistes et notamment la mise en place d'une TVA circulaire. Cette TVA réduite pourrait être appliquée aux activités rattachées à l'économie circulaire, utilisant notamment des matières recyclées. C'est ce que préconise d'ailleurs un rapport remis en novembre dernier au ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu.

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Commentaire 1
à écrit le 16/02/2024 à 21:00
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Les enzymes hydrolysent aussi les polyamides (nylon, etc) ? Le PET est un polyester (les pulls en plastique recyclé c'est à base de PET ? On nous en parlait à une époque pour montrer que le plastique, finalement, c'est bien, une fois collecté, ça pou...

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