Biorecyclage des plastiques : la première usine de l’auvergnat Carbios posera ses valises dans le Grand Est

CHIMIE VERTE. Après une levée majeure de 114 millions d'euros, menée au printemps 2021, puis l'inauguration de son premier démonstrateur de sa technologie de recyclage des PET (polyéthylène téréphtalate) à base d'enzymes à Clermont-Ferrand, la pépite Carbios vient de confirmer la localisation de sa première usine de chimie verte, qui s'établira en Meurthe-et-Moselle (Grand Est). Un projet à 150 millions d'euros qui s'installera sur le site du plus gros producteur mondial de PET, le thaïlandais Indorama. Avec à la clé, 50.000 tonnes de déchets traités à compter de 2025.
Avec cette nouvelle usine qui se pose comme une première pour Carbios mais aussi plus largement à l'échelle mondiale dans le recycle du PET, se dessine la promesse de traiter jusqu'à 50.000 tonnes de déchets à compter de 2025, soit l'équivalent de deux milliards de bouteilles en PET par an.
Avec cette nouvelle usine qui se pose comme une première pour Carbios mais aussi plus largement à l'échelle mondiale dans le recycle du PET, se dessine la promesse de traiter jusqu'à 50.000 tonnes de déchets à compter de 2025, soit l'équivalent de deux milliards de bouteilles en PET par an. (Crédits : DR/Carbios)

Ce ne sera pas en Auvergne, près de son berceau de Clermont-Ferrand où elle vient d'inaugurer un démonstrateur, mais en Meurthe-et-Moselle, à Longlaville, que Carbios installera finalement sa première usine de recyclage du plastique par les enzymes, en volume. Et c'est une bonne nouvelle pour le territoire français car jusqu'ici, ses premières prospections visaient aussi plus largement l'Europe.

"En effet, la région Grand-Est se trouve au cœur du Benelux - Allemagne - France, cela représente un atout clé pour l'approvisionnement en déchets de notre usine et le soutien de l'Etat et de la Région nous ont permis de conforter notre choix", précise la société à La Tribune.

La pépite auvergnate, qui avait déjà complété une "méga levée" de 114 millions d'euros au printemps 2021, avait déjà annoncé qu'elle était en discussions avec de grands industriels du PET en vue d'associer pour co-installer cette usine. C'est finalement la région Grand Est qui a remporté la mise, et ce, pour se positionner aux côtés du plus gros producteur mondial de PET, le thaïlandais Indorama Ventures. Présent à la fois en Europe, en Afrique, en Amérique et en Asie-Pacifique, il emploie 24.000 collaborateurs dans le monde pour chiffre d'affaires de 10,6 milliards de dollars en 2020.

Avec à la clé, la promesse de traiter jusqu'à 50.000 tonnes de déchets à compter de 2025, soit l'équivalent de deux milliards de bouteilles en PET par an. Soit bien plus que son premier démonstrateur d'une capacité de recyclage de 20 mètres cubes (m3) de PET par an, qui vient de démarrer en septembre dernier. Mais toujours, avec la promesse in fine de proposer un recyclage "plus propre" que les procédés mécaniques et chimiques, utilisant depuis sa création en 2011 le principe d'une réaction enzymatique, sans solvants.

"Notre technologie permet de recycler tous types de déchets PET (emballages et textile) en tous types de produits en PET, emballages et textiles. Indorama est très présent sur l'ensemble des marché applicatifs du PET. Nous commencerons par recycler des emballages en nouveaux emballages, car c'est ce qui est aujourd'hui disponible et c'est ce que le marché demande, mais nous nous orienterons rapidement vers un recyclage fibre-à-fibre", précise Carbios à La Tribune.

200 millions d'euros d'investissements attendus

L'investissement total est chiffré à 200 millions d'euros, dont 150 millions pour sa technologie C-Zyme (intégrant entre autres une étape de purification supplémentaire), ainsi qu'une enveloppe de 50 millions d'euros visant à préparer les infrastructures du site, avec la création de 150 emplois directs et indirects à la clé.

Concrètement, il reste néanmoins une étape de "due diligence" à mener aux deux partenaires, puisqu'une étude de faisabilité sera conduite sur ce site, avant qu'Indorama Ventures ne confirme son coinvestissement dans le projet, qui pourrait aller jusqu'à hauteur de 25 %. 

Côté financements, la jeune pousse de la chimie verte, qui avait annoncé en septembre 2021 qu'elle disposait d'une trésorerie de 112 millions d'euros lors de la clôture de ses résultats semestriels, a depuis déjà obtenu un prêt de 30 millions d'euros de la part de la Banque européenne d'investissement.

Pour boucler cette nouvelle enveloppe de 200 millions d'euros, elle compte également sur un soutien financier (non dilutif) de la part des pouvoirs publics, et notamment du gouvernement français, ainsi que de la région Grand-Est.

La ministre de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, avait déjà déclaré que "l'annonce par Carbios d'un projet phare de recyclage enzymatique des plastiques démontre notre capacité à favoriser l'émergence de leaders industriels innovants dotés de technologies de pointe au profit de la transition énergétique. C'est un succès pour les startups industrielles en France ainsi qu'une étape clé dans stratégie France 2030 pour préparer notre industrie à répondre aux besoins de la transition".

Une offre qui demeurera toutefois soumise à une notification de la France auprès de la Commission européenne.

Une première mondiale, et un effet d'entraînement attendu

Cette première annonce n'en reste pas moins déterminante pour la jeune pousse et son procédé de recyclage enzymatique unique au monde et breveté : car il consistera à la fois la première pierre de son processus d'industrialisation, mais aussi une première mondiale puisqu'il s'agira de la première usine de bio recyclage des PET à entrer en service sur le principe du recyclage enzymatique à cette échelle.

Cette nouvelle étape devrait également servir de produit d'appel à l'attention des grands industriels du monde du PET, (Indorama Ventures en tête) en vue d'accélérer la diffusion de la technologie de Carbios à d'autres sites de production de PET.

Un marché mondial où près de 70 millions de tonnes de PET sont produites chaque année à l'échelle mondiale, dont les deux tiers contribuent à produire des fibres textiles tandis que le tiers restant est tourné vers les emballages.

Indorama Ventures dispose lui-même de 19 usines à l'échelle mondiale et des discussions sont déjà amorcées avec Carbios en vue d'une possible généralisation, dans un second temps, à d'autres sites.

D'ailleurs, la pépite confirme à La Tribune qu'après avoir démarré ses opérations en septembre dernier, son premier démonstrateur lui a permis, à date, de constater "des cinétiques de réaction identiques à l'échelle du démonstrateur et aux échelles précédentes (laboratoire et pilote). Nous sommes donc extrêmement confiants dans notre capacité d'industrialiser notre technologie", précise-t-elle.

Avec une ambition : « devenir la référence mondiale de l'économie circulaire des plastiques et textiles » . Car pour son directeur général Emmanuel Ladent, cette première usine de taille moyenne « ouvrira la voie au déploiement commercial et industriel international de notre procédé ».

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