Recyclage du plastique : Carbios réalise sa plus grosse augmentation de capital

La société auvergnate spécialisée dans le biorecyclage de déchets plastiques souhaite collecter 122 millions d’euros pour boucler le financement de sa première usine de production à Longlaville, en Meurthe-et-Moselle. La clôture de la période de souscriptions est prévue ce vendredi.
Carbios a pour ambition dans les prochaines années de recycler tous les plastiques grâce à des solutions biologiques.
Carbios a pour ambition dans les prochaines années de recycler tous les plastiques grâce à des solutions biologiques. (Crédits : DR Jérôme Pallé)

Carbios entend devenir le leader mondial du recyclage et du biorecyclage de déchets plastiques de type PET d'ici à 2035. Pour atteindre cet objectif, la société de chimie verte, basée près de Clermont-Ferrand, a lancé fin juin une augmentation de capital, de l'ordre de 122 millions d'euros, susceptible d'être portée à 141 millions d'euros, en cas d'exercice intégral de la clause d'extension. Prix de la souscription : 25,32 euros par action nouvelle. Les actionnaires actuels ont jusqu'à ce soir (5 juillet) pour négocier leurs droits préférentiels de souscription. La période de souscription court, elle, jusqu'à vendredi. Le résultat de l'augmentation de capital sera connu lundi.

Créé en 2011 par Truffle Capital et introduit sur le marché d'actions Euronext Growth Paris fin 2013, l'entreprise se présente comme la première société au monde à avoir développé des technologies biologiques pour la fin de vie des plastiques et textiles. Elle compte aujourd'hui 120 salariés et ambitionne de prendre 4 à 8% des parts de marché du PET recyclé d'ici 2030 et 8 à 12% d'ici 2035. L'entreprise a déjà scellé des partenariats sur le PET avec de grands groupes, dont Nestlé Waters et PepsiCo mais aussi avec un consortium d'entreprises du textile, parmi lesquelles Puma ou Patagonia.

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Les actionnaires stratégiques et historiques de Carbios, tous minoritaires, ont déjà envoyé des engagements de souscription de l'ordre de 18,5 millions d'euros indique l'entreprise. Il s'agit de BOLD, le fonds de capital-risque de L'Oréal, de Michelin Ventures, de Copernicus ou du groupe L'Occitane.

« Cette levée de fonds doit faire le pont avec le moment où nous aurons des revenus significatifs, en 2026-2027. Cette opération nous permet de sécuriser notre financement et de tranquilliser notre croissance économique, » indique Emmanuel Ladent, le directeur général de Carbios.

 Changement d'échelle pour la PME

Cette augmentation de capital sera, pour l'essentiel, utilisée pour financer la première usine de Carbios. Usine qui devrait traiter 50.000 tonnes de déchets plastiques par an. Grâce à un procédé biologique naturel, les enzymes développés par la startup attaquent le plastique et permettent de le recycler. Finalement, 45.000 tonnes de composants plastique, de qualité vierge, devraient sortir du site et pourront être utilisées par des industriels. L'investissement est estimé à environ 230 millions d'euros.

« Il est désormais temps de déployer notre projet industriel et commercial à grande échelle avec l'ambition de mettre en service dès 2025, en France, la première usine au monde de biorecyclage des plastiques PET, en partenariat avec le Thaïlandais Indorama Ventures, un leader mondial de la production de PET recyclé pour le marché des bouteilles, » précise Emmanuel Ladent.

Cette usine sera justement construite à Longlaville, en Meurthe-et-Moselle, sur le site d'Indorama Ventures qui va injecter 110 millions d'euros dans le projet. Ce site de production sera le prolongement du démonstrateur industriel déployé à Clermont-Ferrand, sur le site de Cataroux. Il sera notamment alimenté par des bouteilles en plastique, mais aussi des barquettes alimentaires ou des déchets textiles. Pour boucler le financement de l'usine, Carbios doit aussi recevoir 54 millions d'euros d'aides de l'Etat (grâce notamment à France 2030).

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 Recycler d'autres plastiques que le PET

L'augmentation de capital permettra aussi à Carbios d'accélérer la R&D (recherche et développement), et le déploiement des activités de recherche sur d'autres polymères. L'entreprise veut, en effet, étoffer son portefeuille d'innovations.

« Notre objectif, c'est de recycler tous les plastiques à horizon 10 ans. Mais on procède par étape : aujourd'hui les PET, demain les polyamides dont fait partie le nylon très utilisé dans le textile, et après-demain les polyoléfines (polyéthylène/polypropylène ndlr). On cherche à développer des solutions biologiques pour ces plastiques-là. Des solutions de recyclage bien meilleures que celles qui existent aujourd'hui, » détaille le dirigeant, qui rappelle qu'à peine 10% des plastiques sont recyclés dans le monde aujourd'hui.

Mais pour parvenir à ce résultat, il faut des moyens matériels importants et des années de travail de recherches menées par des scientifiques pointus sur chacun des domaines, conclut, réaliste, Emmanuel Ladent.

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