Bâtiment : l’Auvergnat MS produit du sable en recyclant des déblais du BTP

La PME familiale implantée à Veyre-Monton, près de Clermont-Ferrand, propose une alternative à l’extraction industrielle du sable. Elle a mis au point une machine qui recycle les déblais du BTP pour produire un sable de construction à forte valeur ajoutée. Un équipement qui va dans le sens de la loi « anti-gaspi » prévoyant une responsabilité élargie des producteurs.
Une première installation MS, recyclant les déblais pour produire du sable, est en service depuis le printemps dans un groupe de BTP de Perpignan.
Une première installation MS, recyclant les déblais pour produire du sable, est en service depuis le printemps dans un groupe de BTP de Perpignan. (Crédits : DR MS)

Chaque année en France, le BTP génère près de 50 millions de tonnes de déblais, à savoir des terres non polluées et des matières inertes pour la plupart. Mais aussi des bétons de démolition et des résidus tels que des ferrailles, du bois ou des plastiques. Si ces déchets sont en partie recyclés, ils servent bien souvent à fabriquer du remblai, notamment pour combler des trous. D'où la recherche d'autres filières en aval, comme le fait la société puydômoise MS, qui propose de faire de ces déchets une matière que l'on peut réutiliser.

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La PME familiale, qui compte une centaine de salariés, vient de développer une technologie pour produire du sable de construction à partir de déblais, notamment afin de fabriquer du béton. Le nom de cette « mini-usine » : Save Sand by MS.

Une première installation est en service depuis le printemps 2023 à Perpignan pour le groupe de Vaills. Tandis qu'une autre vient d'être acquise par un groupe de travaux publics belge, Hublet, qui excave 100.000 tonnes de terre par an. Ce centre de traitement sera livré au premier trimestre 2024.

« Les granulats, c'est-à-dire le sable et les graviers, sont la deuxième ressource la plus utilisée dans la construction. Cela représente 18 kilos par habitant et par an pour construire des routes, des maisons et diverses infrastructures », précise Alexandre Guillaume, à la tête de l'entreprise depuis 2005 avec sa sœur, Cécile Guillaume.

D'où l'idée de l'entreprise : « Avec notre machine, nous pouvons rentrer des terres excavées, du béton de démolition, puis il en ressort du sable et du gravier de qualité pour la construction. Ce centre de traitement à échelle industrielle permet une vraie valorisation des déchets », ajoute le dirigeant.

Cela semble du bon sens, mais il a fallu de nombreuses années à MS pour mettre au point cette technologie. Car ces déblais contiennent des éléments indésirables, des bouts de plastique, de bois, de polystyrène qui venaient « polluer » le produit et empêcher une réutilisation de haut niveau.

Une quinzaine d'années d'expérience

Cela fait une quinzaine d'année que MS teste ce concept de recyclage, en faisant remonter diverses expériences. Elle est parvenue cette année à concevoir une installation de grande ampleur, dont la commercialisation a commencé. Et elle est imposante : 10 mètres de long, 22 tonnes sur la balance avec une capacité de traitement jusqu'à 180 tonnes de déblais à l'heure.

« C'est une machine entièrement conçue et fabriquée en Auvergne. Le prix est très variable en fonction de la taille de l'installation et de ce que l'on veut traiter. Nous proposons des installations sur-mesure qui peuvent coûter entre deux et dix millions d'euros », indique Alexandre Guillaume.

Selon l'entreprise, cette technologie devrait être une alternative à la « surexploitation» du sable en milieu naturel et pourrait ainsi servir à préserver les ressources. Elle s'adresse aussi à différents publics : producteurs de granulats, grands acteurs du secteur des déchets, et groupes du BTP.

Responsabilité élargie des producteurs

D'autres acteurs de la construction sont d'ailleurs déjà intéressés, sans que MS ne puisse en dire plus. Le secteur s'engage en effet de plus en plus pour réduire son empreinte carbone. Surtout, depuis le 1er mai 2023, la loi Antigaspillage pour une économie circulaire prévoit que le BTP soit concerné par le principe de responsabilité élargie des producteurs, mis en place depuis de nombreuses années dans d'autres domaines (meubles, équipements électriques et électroniques, déchets chimiques). Cela vise notamment à développer le tri, le recyclage et le réemploi des déchets du secteur et à réduire les dépôts sauvages.

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L'économie circulaire est un créneau dans lequel s'engage le groupe MS depuis de nombreuses années. L'entreprise qui réalise une trentaine de millions d'euros de chiffre d'affaires par an (dont 70% à l'international) est spécialisée dans les solutions en matière de préservation de l'eau et valorisation des sables pour le BTP. Elle fournit notamment des installations pour les travaux souterrains (creusements de tunnels avec le traitement des boues de forage et la gestion des déblais), l'industrie minérale, le traitement des eaux et enfin le recyclage (déblais de BTP).

La PME puydômoise vient, enfin, d'investir trois millions d'euros pour agrandir son atelier de « remanufacturing », où elle donne une seconde vie à ses équipements.

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