Economie circulaire : MS veut recycler (aussi) le sable issus des chantiers du BTP

TRANSITIONS ECOLOGIQUES. Son concept a un nom accrocheur : « Save Sand » et son objectif, prévenir « d'une guerre du sable », l'est tout autant. Le groupe industriel puydomois MS développe un nouveau procédé de recyclage des déblais issus de chantiers du BTP, jusqu'ici considérés comme des déchets. Objectif : les transformer en sable à haute valeur ajoutée, pour mieux économiser et valoriser cette ressource.
Le secteur de la construction est responsable, à lui seul, de 50 % de l’exploitation mondiale des ressources non renouvelables, rappelle le groupe MS, qui veut en profiter pour développer un procédé de recyclage des sables utilisés par le BTP.
Le secteur de la construction est responsable, à lui seul, de 50 % de l’exploitation mondiale des ressources non renouvelables, rappelle le groupe MS, qui veut en profiter pour développer un procédé de recyclage des sables utilisés par le BTP. (Crédits : DR)

Conduit par Alexandre Guillaume et sa soeur Cécile, le puydômois MS (pour Matériel de Sablière) passe à la vitesse supérieure dans sa mission principale, qui était de purifier et traiter, entre autres, des remblais excavés et des boues de forage, à partir d'un savoir-faire développé par leur père, Jean-Paul Guillaume, au sein des carrières.

Spécialisée dans le nettoyage des sables et la valorisation des sols et des boues pour les carrières, cette PME de 100 salariés qui gère les deux tiers de ses contrats à l'international (Egypte, Australie, Singapour, etc) vient de mettre sur le marché le concept « Save Sand ».

Son nouveau procédé de recyclage présente un objectif ambitieux : transformer les déblais issus de chantiers du BTP en sable à haute valeur ajoutée. Et éviter du même temps ce qu'il nomme « la guerre du sable ». Car Mickael Welland, un géologue britannique, souligne même que « le sable est le héros invisible de notre époque car il est omniprésent dans notre vie ».

Le sable est la deuxième ressource naturelle mondiale la plus consommée par l'homme, après l'eau. Les consommations, 200 tonnes pour une maison, 3.000 tonnes pour un hôpital, 30.000 tonnes pour 1 kilomètre d'autoroute, 12.000.000 tonnes pour une centrale nucléaire... frôlent au global les 50 milliards de tonnes par an.

Partout où le béton est nécessaire, le sable l'est aussi. Le secteur de la construction est responsable, à lui seul, de 50 % de l'exploitation mondiale des ressources non renouvelables.

Indispensable mais pourtant en raréfaction, cette matière première subit aussi une flambée des prix des matériaux qui percute de plein fouet la filière du bâtiment.

"Quand s'agrègent à ce constat (...) l'explosion de la demande mondiale pour la fabrication des fioles de vaccin, force est de constater qu'il devient urgent d'entrer dans un nouveau paradigme", ajoute la société puydômoise, qui réalise habituellement 33 millions d'euros de chiffre d'affaires (dont les deux tiers à l'export).

D'où l'importance selon elle de pouvoir développer de nouveaux relais de production issu de constructions plus vertueuses, pourrait être réalisée tout en préservant les ressources (plages, rivières, etc ...).

Economie circulaire

Or, actuellement, les stériles de carrières et les déblais issus des chantiers du BTP sont pour la plupart considérés comme des déchets. Cependant, ces déblais possèdent un atout : le sable. Partout où le béton est nécessaire, le sable l'est aussi.

"Depuis 20 ans, l'entreprise mène une réflexion de fond autour de l'exploitation de déblais issus de chantiers du BTP", explique Alexandre Guillaume.

"Aujourd'hui, il existe un alignement des planètes, on peut créer de la valeur ajoutée et préserver l'environnement sur les chantiers en intégrant une plateforme de recyclage sur site. C'est une innovation qui s'adresse à tous les grands acteurs du BTP", précise Alexandre Guillaume.

Désormais, le groupe MS a mis au point un procédé de recyclage baptisé Save Sand permet de récupérer le sable, de le nettoyer puis de le reconditionner. Car dans les morceaux de pierres, ferrailles ou gravats, se trouve aussi du sable qui peut être utilisé à nouveau. La société détaille : « Chaque unité traitera des déblais issus de chantiers (ferrailles, argiles, plastiques, béton, bois...), d'excavations de routes, de curage ou de canaux. Outre le recyclage par filières, la technologie employée permettra de minimiser les besoins en eaux de lavage ».

Enjeu économique universel

Et à ce sujet, le marché est mondial, mais c'est d'abord en France que MS veut sensibiliser à la surexploitation du sable en milieu naturel. Dans le cadre du chantier du Viaduc de Millau par exemple, MS a déjà établi, pour un client, une installation de ce type et a, dans le même temps, déposé un brevet pour la correction granulométrique en ligne du sable produit, à partir des matériaux recyclés.

L'entreprise oeuvre en effet à laver et calibrer les sables, en supprimant les impuretés pour atteindre une granulométrie régulière. Cela lui permet de réemployer ensuite les déblais sur l'enceinte d'un chantier, d'exploiter les « stériles », de recycler les déchets du BTP. La définition précise de la granulométrie, ainsi que l'obtention d'un sable à haute valeur ajoutée et de qualité constante, peuvent ainsi répondre à tous les besoins de construction.

Grâce à cette solution, MS veut sensibiliser les entreprises de construction à une nouvelle économie circulaire. Chaque unité "Save Sand" traitera en effet des déblais issus de chantiers (ferrailles, argiles, plastiques, béton, bois,....), d'excavations de routes, de curage de canaux, etc...

Outre le recyclage par filières, la technologie employée permet de minimiser les besoins en eau de lavage. En incluant la déshydratation des boues, Save Sand apporte une dernière opportunité de valeur ajoutée en optimisant la ressource en eau.

Ce projet permet d'adjoindre aux chantiers BTP les notions de recyclage de matériaux aléatoires, de diminution de la ressource en eau et de circuit court en installant des usines temporaires ou permanentes de proximité (30 à 40 kms) pour minimiser les déplacements.

La proposition clé en main s'adapte à la taille et aux attentes des chantiers : autoroute, grands ouvrages...

(avec ML)

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