Construction : Lafarge et Mazaud veulent pousser le marché lyonnais vers le béton bas carbone

Avec Interface, important chantier lyonnais de 7 immeubles de logements (pour Nexity), Lafarge, le géant des matériaux de construction, et la PME lyonnaise Mazaud, entreprise de construction, se sont alliés pour réussir le premier chantier local de cette envergure 100% de béton bas carbone. Un premier partenariat qu'ils souhaitent voir essaimer pour booster l’appétence locale pour le béton bas carbone.
Le chantier Interface utilise un béton 100% bas carbone.
Le chantier Interface utilise un béton 100% bas carbone. (Crédits : Lafarge)

C'est une première de cette envergure sur le territoire de la métropole lyonnaise :   l'ensemble immobilier Interface (Lyon 8e) représentant sept bâtiments et 161 logements, actuellement en cours de construction pour le compte de Nexity, est conçu avec 100% de béton bas carbone (soit 11.000 m3).

Le géant des matériaux de construction Lafarge France (4.200 salariés) et l'entreprise lyonnaise de construction générale Mazaud (130 salariés et un CA de 35 millions d'euros) s'en félicitent. Une première qui "doit devenir une référence régionale pour prouver qu'il est possible d'agir concrètement sur la réduction de l'empreinte carbone du BTP, pour influencer notre écosystème en démontrant que nous devons, et pouvons, prendre notre part dans la problématique environnementale", espère Cécile Mazaud, la dirigeante de l'entreprise familiale éponyme.

Ce béton bas carbone, contenant 30% de granulats recyclés, affiche, selon le groupe Lafarge, une performance de réduction d'empreinte carbone de plus de 50% par rapport à un béton traditionnel. Le chantier intègre par ailleurs des essais sur la réalisation de quelques voiles béton en formulation ultra bas carbone (réduction de 90% du poids de C02 par mètre cube). Interface est le second acte d'un partenariat engagé, en 2020, entre Lafarge et Mazaud autour du béton bas carbone. La première étape s'était déroulée en 2020 sur un chantier lyonnais de Mazaud avec l'utilisation de 60% de béton bas carbone.

Un marché du béton bas carbone encore peu développé

"Le changement de nos modes constructifs est une des clés immédiates pour la préservation de la planète. J'en suis persuadée et depuis deux ans, nous avons beaucoup avancé sur le sujet. Ce partenariat avec Lafarge est une des composantes de notre engagement sur le sujet », explique Cécile Mazaud, par ailleurs présidente de l'association Foncière Logement. Tout en précisant qu'elle travaille également sur les matériaux biosourcés avec d'autres partenaires.

Ce partenariat permet à Mazaud d'avoir accès aux dernières innovations environnementales de Lafarge, à des prix compétitifs. Et à Lafarge de pénétrer le marché lyonnais, tout en peaufinant ses formulations.

Car si Lafarge a développé une formulation de béton bas carbone depuis plus de 10 ans, notamment grâce à son centre R&D de l'Isle d'Abeau (plus grand centre de R&D mondial dédié aux matériaux de construction avec 200 salariés), celle-ci n'est accessible au marché régional que depuis 2020. "Le marché n'était pas suffisamment mature jusqu'ici", explique Gaël Figon, directeur général de l'agence Rhône-Alpes Auvergne Lafarge Holcim.

"Le partenariat signé avec Mazaud en 2020 nous a permis d'investir sur notre site du Teil en Ardèche dans une ligne de production dédiée au béton bas carbone. Cette entente avec Mazaud nous permet de tester nos produits, d'avoir les retours des compagnons, de vérifier que la mise en œuvre est facile et donc, d'améliorer encore nos produits."

Ce modèle partenarial né à Lyon a fait des petits depuis la signature avec Mazaud puisque Lafarge s'est désormais engagé avec une vingtaine d'entreprises de construction générale en France.

"Aujourd'hui, 90% du béton bas carbone produit sur ce site sont utilisés par l'entreprise Mazaud. Mais nous espérons que ce matériau va rapidement prendre son envol localement grâce à la démonstration de chantiers de grande envergure comme celui d'Interface", précise le directeur régional de Lafarge Holcim.

"Les mentalités ont évolué"

Si ce développement du béton bas carbone sera forcément porté par la nouvelle réglementation RE 2020, Cécile Mazaud reconnaît néanmoins que les positions des donneurs d'ordre ne sont pas si facilement négociables. "En 2020, nous avions l'impression de parler une langue étrangère en proposant le béton bas carbone. Aujourd'hui, les choses ont bougé, les mentalités ont évolué mais il faut pousser, ce n'est pas si simple. Pourtant, même avec la hausse du prix des matériaux, la différence de tarif est réellement acceptable à l'échelle d'un chantier ».

Et d'asséner : "Je ne vois pas de réel frein au développement du béton bas carbone. La barrière me semble uniquement psychologique en réalité."

Rappelons que selon la base Climate Watch du World Resources Institute, le secteur du bâtiment représente 3% des émissions de carbone dans le monde, contre 2,2% pour la chimie par exemple.

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