En Auvergne-Rhône-Alpes, comment les autorités veulent accompagner les entreprises vers l'export

La Team France Export Auvergne-Rhône-Alpes, composée de multiples acteurs locaux et nationaux de l'économie, accompagne les entreprises vers l'étranger. Elle s'appuie notamment sur le plan gouvernemental « osez l'export », lancé en septembre, et visant à accompagner 50.000 entreprises supplémentaires d'ici à 2030. Les « Rendez-vous de la TFE », du 11 au 20 octobre dans la région, visent à faire connaître ces perspectives d'ailleurs et à lever des freins.
Le gouvernement regarde de près le secteur agroalimentaire dans le cadre du plan export.
Le gouvernement regarde de près le secteur agroalimentaire dans le cadre du plan export. (Crédits : Todd Korol)

Lever les freins de l'exportation, au même titre que ceux de la relocalisation. Olivier Becht, ministre délégué au Commerce extérieur, n'y voit pas d'incompatibilité. Au contraire. Dans le plan « Osez l'export », lancé en septembre, le locataire du quai d'Orsay auprès de Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, soutient l'objectif encore lointain d'un « retour à l'équilibre, voire un excédent du solde commercial ». L'exportation, comme l'une des « clés » de l'équilibre :

« Toutes les entreprises qui se développent à l'étranger voient leur chiffre d'affaires croître de manière assez rapide, de 150.000 euros en moyenne dès la première année. C'est un gain important, notamment pour les petites et moyennes entreprises », observait alors le ministre délégué, qui a choisi Lyon et la région Auvergne-Rhône-Alpes pour la présentation du plan.

L'Etat, avec cette nouvelle enveloppe de 125 millions d'euros, vise le cap des 200.000 entreprises françaises exportatrices en 2030, contre 150.000 aujourd'hui. Le tout, en parallèle d'une grande marche vers la réindustrialisation et la relocalisation des secteurs prioritaires. En Auvergne-Rhône-Alpes, les acteurs locaux du « G6 de la relocation » (région, CCIR, CPME, MEDEF, Bpifrance), visent les 30.000 emplois industriels ramenés dans la région d'ici à six ans, grâce au plan d'1,2 milliard d'euros voté en décembre dernier.

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La deuxième région exportatrice de biens en nombre d'entreprises

La région Auvergne-Rhône-Alpes, stratégique car ouverte sur la Méditerranée par le Rhône et sur l'Europe par l'Italie, est la deuxième région exportatrice de biens en France en nombre d'entreprises (24.129 en 2022 selon la direction régionale des douanes, dont 12.804 de moins de 9 salariés), et la 3e en valeur (70,7 milliards d'euros exportés).

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Cependant, il reste des freins que la « Team France Export » (TFE) régionale, composée des services de l'Etat, de la région, de la chambre de commerce et d'industrie, de la banque publique d'investissement et de Business France, souhaite lever. Les autorités locales entendent pour cela décliner les mesures du nouveau plan gouvernemental, notamment à destination des PME, sur lesquelles pèse la crainte d'incertitudes. D'autant plus dans le contexte inflationniste actuel, qui pèse sur les coûts.

Pour cela, elle prévoit les « Rendez-vous de la Team France Export Auvergne-Rhône-Alpes », du 11 au 20 octobre, à travers 59 rendez-vous en présentiel ou en visioconférence dans toute la région. L'objectif est de faire connaître les différents dispositifs d'accompagnement, notamment face aux difficultés associées au pari de l'export.

Un quart des entreprises échouent à l'export sans accompagnement

L'accompagnement constitue « le cœur de la stratégie », insiste Charles-Eric Baltoglu, directeur régional de la Banque publique d'investissement à Lyon : « Le financement, c'est une chose. Mais il perd son utilité sans accompagnement. C'est une dimension primordiale ». Car environ un quart des entreprises échouent en se lançant seules vers les marchés extérieurs, soutient Yves Chavent, premier vice-président de la CCI Lyon-Saint-Etienne. A l'inverse : « le taux d'échec est de seulement 6 % pour les entreprises accompagnées par la Team France Export ».

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La plupart sont en effet de petites structures, à 81 % des PME de moins de vingt salariés, aux marges de manœuvre souvent limitées. D'où le besoin d'identifier les soutiens nécessaires à la structuration d'un projet à l'étranger, relève Aude Calvignac-Juillard, responsable du pôle action économique à la direction régionale des douanes : « Notre suivi ne se limite pas à la seule règlementation. Il faut aussi solliciter les accords de libre-échange pour pouvoir en bénéficier ».

Personnaliser le suivi des entreprises

Mais comment cet « accompagnement » se matérialise-t-il ? Les autorités proposent, entre autres, un suivi personnalisé des entreprises grâce à un conseiller international France Export (45 en Aura, 250 en France, 750 à l'étranger) afin d'établir une stratégie en fonction de chaque situation (comptable, conjoncturelle).

Dans la Drôme, l'entreprise Alma Pro en a par exemple bénéficié. Le fabricant de moulins à céréales s'insère depuis, peu à peu, en Afrique. Pour Christophe Bernallin, président de la chambre de métiers et d'artisanat Lyon Rhône : « près de 20.000 entreprises de l'artisanat ont un potentiel d'export » en Auvergne-Rhône-Alpes. L'année dernière, environ 300 ont été accompagnées. D'où « l'optimisme » du représentant au regard des marges de progression possibles, également convaincu de l'influence d'effets de marque à l'étranger tel que le label « Made in France ».

« Près de 130.000 demandeurs d'emplois indiquent être intéressés par la mobilité en France »

Une fois le projet construit, sur les rails, le volontariat international en entreprises (VIE), dont bénéficient 10.000 jeunes salariés chaque année, peut soutenir une première implantation à l'étranger. Ce dispositif est aujourd'hui complété par un pendant « territorial » (contrats VTE) afin, cette fois-ci, d'accompagner depuis la France la concrétisation de projets d'exportation. Mais les candidats sont-ils au rendez-vous ? En Auvergne-Rhône-Alpes, 400 postes à l'international sont proposés par Pôle Emploi, sur 2.000 en France, indique Daniel Meyer, directeur des relations internationales pour Pôle Emploi dans la région : « Près de 130.000 demandeurs d'emplois indiquent être intéressés par la mobilité en France ».

Être représenté à l'international

Un autre point est également soulevé par les acteurs de la TFE : l'importance de la représentation à l'étranger à l'occasion de salons, d'expositions. Le plan export prévoit à ce titre l'augmentation de la subvention jusqu'à 30 % des frais. En Auvergne-Rhône-Alpes : « 25 entreprises nous ont accompagnées fin septembre, en Côte d'Ivoire », illustre Philippe Meunier, vice-président de la région aux relations internationales. Les pays occidentaux outre-Atlantique, comme les Etats-Unis ou le Canada, mais aussi les pays d'Europe centrale, font partie des cibles de la collectivité. Tout comme le secteur agroalimentaire, en direction notamment du continent africain. Pays eux-mêmes représentés à l'occasion des salons organisés dans la région. Pollutec, à Lyon, ou encore le Sommet de l'élevage, à Clermont-Ferrand, en sont les derniers exemples.

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