Banque de la Transition Energétique : un an après sa création, l'épargne verte (surtout) fléchée vers les ENR

En septembre 2020, la Banque Populaire Auvergne Rhône-Alpes lançait sa marque Banque de la Transition Energétique. Une entité qui flèche l'argent des épargnants directement vers des projets de transition énergétique. Un an plus tard, ce système a déjà financé 74 projets, pour une enveloppe globale de 102,6 millions d'euros. Ce dispositif unique au sein des délégations régionales de la Banque Populaire se trouve par ailleurs conforté par les mesures de la loi Climat, ainsi qu'un récent arrêté concernant l'électricité photovoltaïque.
74% des crédits octroyés concernent des projets d'énergie renouvelables, dont une majorité pour l'installation de panneaux photovoltaïques, comme ici sur la propriété de la SCI Vincent Livron, représentant un crédit de 400.000 euros.
74% des crédits octroyés concernent des projets d'énergie renouvelables, dont une majorité pour l'installation de panneaux photovoltaïques, comme ici sur la propriété de la SCI Vincent Livron, représentant un crédit de 400.000 euros. (Crédits : DR BP AuRA, Vincent Livron Solaire et DWATTS)

"On collecte une épargne auprès de nos clients particuliers en leur faisant une promesse qu'elle sera dédiée à des crédits de projets de transition énergétique", résume Pierre-Henri Grenier, directeur exécutif de la Banque de la transition énergétique (BTE), marque de la Banque Populaire Auvergne Rhône-Alpes (BPAuRA).

Avant le lancement de la BTE, en septembre 2019, une étude de marché avait démontré que 55 % des clients se disaient méfiants quant à la traçabilité de leur argent. 75 % d'entre eux souhaitaient que l'épargne soit fléchée vers des projets locaux tandis que 88 % étaient prêts à contribuer à la transition énergétique.

Un an plus tard, 152,9 millions d'euros ont été collectés auprès des épargnants, principalement des particuliers (91%) et, à la marge, des PME.

74 projets financés

Cet argent est directement fléché vers des prêts destinés à financer des projets d'entreprises et de particuliers, portés sur les énergies renouvelables (installation de panneaux photovoltaïque, filière de la méthanisation, hydroélectricité...), l'accompagnement à la rénovation énergétique et l'innovation (notamment sur le stockage des énergies renouvelable).

La BTE a un champ d'action qui colle au territoire couvert par la BPAuRA (débordant du périmètre administratif de la région), mais elle n'est pas encore déclinée dans d'autres Banques Populaires régionales. Et malgré la crise sanitaire, le dynamisme de ce nouveau segment n'a pas souffert : 102,6 millions euros de crédits ont été octroyés, ce qui représente 74 projets engagés.

Parmi ces crédits, 74 % concernent des projets d'énergies renouvelables (installation de panneaux solaire, méthanisation...), 20 % sur pour l'efficacité énergétique (rénovation, véhicules propres pour les professionnels, etc.) et 7 % concernent l'innovation.

Un exemple concret : à Malataverne (Drôme) la BTE a accordé un crédit de 75.000 euros à Hevatech pour développer un procédé de conversion de chaleur fatale en électricité.

Actuellement, "130 projets pour un total de 137 millions supplémentaires d'euros de crédits sont actuellement en cours d'analyse." Une volonté clairement affichée aussi d'accompagner un plus grand nombre de "petits" projets pour avoir un impact diffus.

Un périmètre qui s'élargira à l'économie circulaire

Quant au futur de la BTE, Daniel Karyotis, directeur général de la BPAuRA, ne se risque pas pour autant à avancer de chiffre... "Le premier enjeu du nouveau plan stratégique de la BPAuRA, qui va être présenté d'ici 7 ou 8 mois, c'est d'être le leader dans l'accompagnement de la transition énergétique de nos clients", affirme-t'il.

Un parti pris qui va dans le sens des réglementations et préoccupations actuelles.

Le périmètre de la BTE pourrait aussi être amené à s'élargir à l'économie circulaire, accentuer l'accompagnement des entreprises qui doivent trouver des process industriels moins carbonés ou encore développer plus le volet transport et mobilité.

Sur ce dernier point, cela peut concerner la filière hydrogène mais aussi la question du renouvellement de la flotte des véhicules professionnels en flotte propre, avec le durcissement de la ZFE.

Au niveau des réglementations, "ça bouge très fort", note Pierre-Henri Grenier." Dans notre clientèle, nous avons beaucoup de sous-traitants et dans les cahiers des charges de leurs donneurs d'ordre, la première clause demeure le bas carbone. C'est donc un enjeu énorme de faire passer le cap de la transition énergétique. Mais ce n'est pas étonnant parce que ces donneurs d'ordre ont eux aussi ces contraintes, mais l'accélération et le ruissellement sont vraiment des phénomènes nouveaux".

Un contexte réglementaire favorable

Côté réglementaire, le directeur exécutif de la BTE évoque aussi la récente loi Climat et résilience, qui comprend  - entre autres - un volet sur la rénovation énergétique qui rentre dans les clous de la BTE. "Ça va changer la donne", commente Pierre-Henri Grenier.

Sur le photovoltaïque, qui représente 75% des crédits fléchés "énergies renouvelables" de la BTE, un arrêté "qu'on attend depuis un an est passé la semaine dernière", se réjouit-il. Cet arrêté concerne l'électricité issue des panneaux solaires.

Avant, au-dessus de 100 kWc, le propriétaire des panneaux passait jusqu'alors par un guichet unique, pour revendre son électricité à EDF au tarif réglementé. Au-dessus de ce seuil, il était soumis à un appel d'offres.

Depuis l'arrêté, ce seuil est passé de 100 kWv à 500 kWc. Une décision qui facilitera notamment la vente d'électricité issue des panneaux situés sur les hangars agricoles, épargnant ainsi aux exploitants la complexité administrative de participer à des appels d'offres. Cela permettra aussi d'élargir la surface des panneaux sur les toits.

Pierre-Henri Grenier y voit là un signal "très positif pour augmenter sur l'énergie solaire", car 35 projets photovoltaïques pour 15 millions (autour de 400.000 euros unitaires) sont en attente au niveau de la BTE.

Des subtilités législatives qui demandent un travail de veille, de compréhension et de d'accompagnement auprès des clients de la BPAuRA. Selon Daniel Karyotis, "le risque principal pour nous c'est l'instabilité réglementaire, il faut s'approprier des règles du jeu parfois complexes. On espère que les pouvoirs publics entendront qu'on aura besoin d'une stabilité réglementaire sur ces sujets-là."

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