En pleine fusion, la Société Générale accueille un nouveau délégué général à Lyon

Vent de changement au sein du groupe Société Générale. Après l’annonce d’une fusion, confirmée cet automne, avec les filiales du Crédit du Nord, le réseau de "La Générale" connait déjà ses premières chaises musicales. Son délégué général en Auvergne Rhône-Alpes, Karim Idrissi, arrivé fin 2018, est déjà remplacé par Didier Pariset, en provenance de la région Nord-Ouest du Crédit du Nord. Avec, sur son bureau, le dossier de réorganisation d'un nouvel ensemble qui pourrait regrouper 331 agences et 3.235 salariés.
Quelques semaines après l'annonce d'une fusion à horizon 2023 avec les filiales du Crédit du Nord, une dizaine de nouvelles nominations ont été dévoilées à l'échelle du groupe Société Générale, dont l'arrivée d'un nouveau délégué général à Lyon pour la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Quelques semaines après l'annonce d'une fusion à horizon 2023 avec les filiales du Crédit du Nord, une dizaine de nouvelles nominations ont été dévoilées à l'échelle du groupe Société Générale, dont l'arrivée d'un nouveau délégué général à Lyon pour la région Auvergne-Rhône-Alpes. (Crédits : Reuters)

En pleine fusion avec le réseau du Crédit du Nord, c'est la Société Générale qui s'outille la première. Karim Idrissi, le délégué général à la tête de la direction régionale Auvergne Rhône-Alpes de la Société Générale, retourne en Ile-de-France au 1er mars prochain.

Il reprendra ainsi le poste de Thierry Lucas, qui a fait valoir ses droits à la retraite, à la tête de la délégation Ile-de-France Nord du réseau. A Lyon, le printemps devrait signifier l'arrivée de Didier Pariset, en provenance de de la région Nord-Ouest du Crédit du Nord pour le remplacer. Il sera ainsi appelé à superviser une équipe de 2.200 collaborateurs, 200 agences et espaces professionnels, ainsi que 13 centres d'affaires, répartis en Auvergne Rhône-Alpes.

Lire aussi : Fusion Crédit du Nord / Société Générale : les conséquences en Auvergne Rhône-Alpes

Selon la direction de la Société Générale, que nous avons contactée, "cette nomination résulte de plusieurs mouvements managériaux au sein des réseaux SG et Crédit du Nord, suite à des départs en retraite, des nominations de responsables chantiers du projet de rapprochement des deux réseaux (SG et CDN). Et ceci, en cohérence avec notre volonté de favoriser les mouvements croisés entre les deux réseaux et s'enrichir des cultures mutuelles", précise-t-on.

Une philosophie confirmée par la Banque Rhône-Alpes, qui évoque également "un souhait de pouvoir mélanger les cultures que chaque réseau apporte", tout en précisant que le calendrier de la fusion à début 2023 demeure "inchangé".

Bien que pour l'instant, le périmètre délégué n'évolue donc pas, ces mouvements inquiètent certains syndicats, qui y voient une préfiguration de la fusion annoncée à l'automne dernier entre les deux réseaux. "Ces nominations ne sont pas un hasard et pourraient préparer le terrain pour une réorganisation plus profonde", estime un représentant syndical.

"On pense que si M. Pariset est nommé à ce poste-là prochainement, c'est bien dans une logique de nous gérer ou de nous absorber, même si nous n'avons pas davantage d'informations pour l'instant", glisse Ysabel Guadamuro, déléguée CFDT Banque-Rhône-Alpes.

Des arrivées essentiellement à "la Générale"

D'autant plus qu'il s'agit d'un mouvement de fond : dans un email adressé le 21 janvier dernier à l'ensemble des salariés du réseau, le directeur général adjoint de La Société Générale, Sébastien Proto, avait en effet dressé un point d'étape du rapprochement prévu entre les deux acteurs bancaires.

Tout en justifiant que "la mise en œuvre de ce projet nécessite de mettre en place une organisation spécifique et d'avancer le plus rapidement possible pour lancer notre nouvelle banque au plus tard en 2023", celui-ci évoque déjà différents chantiers de la réorganisation, ainsi qu'une série de nominations croisées entre les deux réseaux

Lire aussi : À Toulouse, le président de la Banque Courtois remplacé par un cadre de Société Générale

En pleine fusion avec le réseau du Crédit du Nord, c'est la Société Générale qui s'outille la première. Karim Idrissi, le délégué général à la tête de la direction Auvergne Rhône-Alpes de la Société Générale, retourne en Ile-de-France au 1er mars prochain.

Il reprendra ainsi le poste de Thierry Lucas, qui a fait valoir ses droits à la retraite, à la tête de la délégation Ile-de-France Nord du réseau. A Lyon, le printemps devrait signifier l'arrivée de Didier Pariset, en provenance de de la région Nord-Ouest du Crédit du Nord pour le remplacer. Il sera ainsi appelé à superviser une équipe de 2.200 collaborateurs, 200 agences et espaces professionnels ainsi que 13 centres d'affaires, répartis en Auvergne Rhône-Alpes.

Selon la direction de la Société Générale, que nous avons contactée, "cette nomination résulte de plusieurs mouvements managériaux au sein des réseaux SG et Crédit du Nord suite à des départs en retraite, des nominations de responsables chantiers du projet de rapprochement des deux réseaux (SG et CDN). Et ceci, en cohérence avec notre volonté de favoriser les mouvements croisés entre les deux réseaux et s'enrichir des cultures mutuelles".

Une philosophie confirmée par la Banque Rhône-Alpes, qui évoque également "un souhait de pouvoir mélanger les cultures que chaque réseau apporte", tout en précisant que le calendrier de la fusion à début 2023 demeure "inchangé".

Bien que pour l'instant, le périmètre délégué ne change donc pas, ces mouvements inquiètent certains syndicats, qui y voient une préfiguration de la fusion annoncée à l'automne dernier entre les deux réseaux. "Ces nominations ne sont pas un hasard et pourraient préparer le terrain pour une réorganisation plus profonde", estime un représentant syndical.

"On pense que si M. Pariset est nommé à ce poste-là prochainement, c'est bien dans une logique de nous gérer ou de nous absorber, même si nous n'avons pas davantage d'informations pour l'instant", glisse Ysabel Guadamuro, déléguée CFDT Banque-Rhône-Alpes.

Des arrivées essentiellement à « la Générale »

D'autant plus qu'il s'agit d'un mouvement de fond : dans un email adressé le 21 janvier dernier à l'ensemble des salariés du réseau, le directeur général adjoint de La Société Générale, Sébastien Proto, avait en effet dressé un point d'étape du rapprochement prévu entre les deux acteurs bancaires.

Tout en justifiant que "la mise en œuvre de ce projet nécessite de mettre en place une organisation spécifique et d'avancer le plus rapidement possible pour lancer notre nouvelle banque au plus tard en 2023", celui-ci évoque déjà différents chantiers de la réorganisation, ainsi qu'une série de nominations croisées entre les deux réseaux "pour faciliter la mise en œuvre effective de la fusion et favoriser le rapprochement culturel entre les deux enseignes".

Lire aussi : A Marseille, la Société Générale change de délégation générale régionale

Au total, près de dix nominations sont ainsi annoncées au sein des différents établissements en région.

"La direction nous avait déjà expliqué qu'elle procéderait à des nominations croisées afin de réussir la transformation. Ils souhaitaient notamment envoyer des gens de la Générale vers les entités Crédit du Nord, pour faire en sorte que la fusion se passe au mieux, et que les gens s'imprègnent des deux cultures", observe Ludovic Lefebvre, délégué national adjoint CGT à la Société Générale,

Et ce sera d'ailleurs le cas à Lyon, puisque le nouveau venu Didier Pariset, arrive tout droit de la délégation Ile-de-France du Crédit du Nord.

Pour autant, ces arrivées se concentrent encore pour l'instant du côté de la Société Générale (à l'exception de la nomination d'un cadre du réseau, Stéphane Bourdonnec, à la présidence du directoire de la Banque Courtois en faveur d'un départ en retraite).

"Cela démontre bien une volonté d'absorption de la part de la Générale, tandis que le reste du tissu subira la suite du plan", estime le syndicat FO, qui y voit là une première pierre en faveur de la régionnalisation du futur réseau, alors que la banque au logo noir et rouge était jusqu'ici fondée sur un modèle plutôt dirigé de Paris.

"Cette régionalisation était incontournable, car c'est l'avantage du groupe du Crédit du Nord que de posséder un fort ancrage local. Si nous ne faisons pas ça, nous allons perdre les clients du CDN", estime pour sa part Ludovic Lefebvre, qui rappelle que l'un des "grands atouts" du réseau Banque Rhône Alpes est celui d'un processus décisionnel rapide, pour l'octroi des crédits aux professionnels par exemple.

Un premier pas vers une plus grande régionnalisation ?

"Il pourrait s'agir du hors d'œuvre visant à préparer un nouveau socle de directeurs régionaux, visant à mener à bien la fusion", croit cependant Mehdi Yahyaoui, délégué syndical Société Générale FO à Lyon. D'autant plus que selon lui, rien ne prédisposait Karim Idrissi, arrivé en 2018 Lyon, à retourner si rapidement à Paris. "Il s'agit de quelqu'un qui avait une forte expertise technique et qui provenait à l'origine de l'équipe informatique. On pourrait donc avoir besoin de lui à Paris pour gérer la transition".

Tandis que du côté du nouveau délégué général, son profil plus porté vers les RH se justifierait selon les représentants des salariés par la mise en place d'une nouvelle structuration du pôle RH au niveau régional, avec l'ambition de solidifier la gestion des quelques 1.200 salariés sur le bassin lyonnais.

Car Lyon représente un bastion central pour le groupe Société Générale : second marché sur la scène national après Paris, le bassin lyonnais héberge non seulement un centre de relation clientèle du groupe, mais également des back-offices, ainsi qu'un centre d'affaires entreprises régionales, et également deux directions d'exploitation commerciales.

"L'un des enjeux sera néanmoins de voir comment les négociations vont reprendre concernant le précédent plan de réorganisation en cours à la Société Générale, appelé à l'origine pour 2020, et qui avait été suspendu au moins jusqu'à cet automne en raison du Covid", ajoute Ludovic Lefebvre.

Les salariés s'interrogent encore sur la manière dont les deux groupes, au maillage territorial parfois très proche, pourraient fusionner : avec, d'un côté, la Société Générale qui affiche, au sein de la région, 2.200 salariés dont 300 au back-office et 80 au siège) et 198 agences pour 730.000 clients.

Et de l'autre, les trois filiales du groupe Crédit du Nord composées de la Banque Rhône-Alpes (570 collaborateurs, 70 agences), la banque Laydernier (avec ses 42 agences et 315 collaborateurs sur les deux Savoie) et la banque Nuger et ses 21 agences et 150 collaborateurs en Auvergne.

Une accélération possible ?

Certains craignent également une accélération de la réorganisation annoncée pour 2023, en raison du contexte sanitaire. "Le projet qui nous a été présenté mentionnait qu'il serait possible de créer des filiales au fur et à mesure du projet de réorganisation. Il s'agit d'une phrase anodine, mais cela peut aussi traduire une volonté de commencer cette fusion par de petites entités, pour tester notamment les retours des clients ou les conséquences informatiques", s'interroge Ysabel Guadamuro.

En marge de la procédure d'information-consultation, une première expertise commune aux deux réseaux a été commandée par les représentants du CSE et la direction, afin d'évaluer risques psychosociaux ainsi que l'impact social du plan de réorganisation, et sera conduite par le cabinet Secafi, région par région. Elle devrait s'échelonner sur deux mois. En parallèle, les discussions devraient démarrer dès le mois de février à la suite de la constitution d'un groupe spécial de négociation, commun aux deux entités.

Avec à la clé, des syndicats demanderont notamment des engagements à leur direction, concernant le plan "zéro départs contraints" annoncé, ainsi que sur les fermetures d'agences à venir.

Officiellement, la direction avait annoncé la fermeture de 600 agences en France d'ici à 2025 ainsi qu'un engagement au "zéro départ contraint", assorti de 1.500 départs à la retraite par an. Sébastien Proto l'avait rappelé lui-même : "Dans toutes les régions, au minimum dans 60% des cas, l'agence Crédit du Nord est à moins d'un kilomètre de l'agence Société Générale. Nous serons capables à la fois de réduire le nombre d'agences et de rester dans le même nombre de villes".

Ces prévisions seraient toutefois bien en-dessous de la réalité, selon la CFDT, qui dit craindre, au niveau national, 3.000 à 5.000 suppressions de postes dans le cadre de cette fusion.

Des facteurs d'inquiétudes pour les syndicats

"Il existe des interrogations sur le devenir des conseillers clientèle Pro, car si notre offre est amenée à être fusionnée avec la Société Générale, notre modèle n'est pas du tout le même et pourrait se creuser. De même que sur l'offre patrimoniale, les clients qui apportent plus de 500.000 euros sortent automatiquement du réseau SG pour aller vers le réseau de banque privée. Or, si on nous enlève ces clients, nos agences auront besoin de beaucoup moins de monde", reconnaît Ysabel Guadamuro.

"L'un des enjeux pour la réussite de cette transformation sera à la fois d'accompagner la formation, ainsi que la mobilité, pour ceux qui le peuvent. Mais l'on sait déjà que dans certaines régions comme l'Auvergne, la fermeture d'une agence pourrait être difficile à remplacer", traduit Ludovic Lefebvre.

Enfin, autre enjeu et non des moindres, certains craignent également que ce projet, qui fait suite à plusieurs autres plans de réorganisation amorcés par "la Générale" au cours des dix dernières années, ne soit cette fois le prélude d'une ultime phase de consolidation au sein de la filière bancaire française, voire à l'échelle européenne à moyen terme.

"Cela fait un moment que notre direction générale nous dit que la consolidation bancaire européenne est encouragée par Bruxelles. Mais dans le contexte actuel, il est difficile de voir quel groupe aurait les reins assez solides, et si l'État français laisserait également ce type d'opérations se poursuivre", glisse l'une de nos sources.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.