Pourquoi Safran reprend les activités aéronautiques oxygène et azote d’Air Liquide

En reprenant les activités aéronautiques oxygène et azote d’Air Liquide (et ses 220 salariés basés à Grenoble), Safran Aerosystems met la main sur une technologie que l’équipementier ne maitrisait pas jusqu’ici : les Obogs (On Board Oxygen Generating System). Contrairement aux bouteilles d’oxygène liquide, celle technologie permet de générer de l’oxygène, sans limite de capacité, pour les pilotes.
Safran est déjà leader mondial des systèmes de fourniture d'oxygène aux pilotes d'avions civils.
Safran est déjà leader mondial des systèmes de fourniture d'oxygène aux pilotes d'avions civils. (Crédits : DR)

Le groupe Safran veut reprendre les activités aéronautiques oxygène et azote d'Air Liquide. Les deux groupes viennent d'entrer en négociations exclusives. Après la concertation de rigueur des instances représentatives des salariés et l'aval de l'autorité de la concurrence, cette acquisition devrait être effective début 2024.

Les activités d'Air Liquide visées par Safran représentent actuellement un chiffre d'affaires d'environ 40 millions d'euros. Elles sont basées sur le site grenoblois d'Air Liquide, le Campus Technologies Grenoble. Celui-ci accueille 1.400 collaborateurs au total dont 220 dédiés aux activités aéronautique Oxygène et azote. Ces 220 salariés resteront basés à Grenoble et viendront compléter l'équipe « gaz embarqués » de Safran jusqu'ici constituée d'environ 500 personnes basées aux Etats-Unis et sur l'usine Safran de Plaisir (78).

Le marché militaire en ligne de mire

Avec un chiffre d'affaires d'environ 200 millions d'euros sur le segment des systèmes de fourniture d'oxygène (masques et bouteilles d'oxygène), Safran est déjà bien présent auprès des constructeurs aéronautiques sur le sujet. L'industriel français est ainsi le numéro 2 mondial des équipements à destination des passagers et numéro 1 pour ceux (plus exigeants) destinés aux pilotes. Avec l'acquisition des activités oxygène et azote d'Air Liquide, Safran entend se renforcer significativement, en particulier sur le marché militaire.

« Dans les avions civils, les masques à oxygène servent en cas de dépressurisation de la cabine. Aujourd'hui, nos masques à oxygène pour les pilotes sont branchés sur des bouteilles. Pour les passagers, l'oxygène est fourni par des cartouches de génération chimique. Pour les avions militaires, il faut de la génération d'oxygène en continu sur toute la durée du vol. On utilise donc soit des bouteilles d'oxygène liquide, soit une technologie que maîtrise justement Air Liquide et dont nous ne disposions pas jusqu'ici : les Obogs (On Board Oxygen Generating System) », explique Sébastien Weber, président de Safran Aerosystems.

Le principe de l'Obogs : l'air est capté au niveau du compresseur du moteur et passe par un tamis moléculaire permettant de concentrer l'oxygène pour alimenter les pilotes en continu, si besoin, le pilote. Cette technologie équipe la dernière génération d'avions de combat, comme, par exemple, le Rafale, avec un avantage majeur : il n'y a pas de limite de capacité d'oxygène embarqué dans l'appareil.

L'ambition chiffrée n'est pour le moment pas affichée mais, grâce à sa forte implantation dans le paysage aéronautique international, Safran espère « développer fortement » cette activité. La technologie Obogs représente l'essentiel des activités qui seront reprises par Safran, elles seront néanmoins complétées des cagoules anti-fumées d'Air Liquide destinées à l'équipage de bord, de la fabrication de réservoirs d'oxygène liquide ainsi que des systèmes de génération d'azote pour l'inertage des réservoirs (afin de limiter les risques d'explosion).

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