Avec ses petits tracteurs électriques dédiés à l'agroécologie, l'auvergnate Sabi Agri s'attaque à l'Europe

Ce fabricant de tracteurs et robots tout électriques s’est positionné sur le segment de la petite puissance avec des machines pensées pour l’agroécologie. Il ambitionne de doubler son chiffre d’affaires cette année. D’abord positionnée sur les machines à destination des viticulteurs, l’entreprise 100% auvergnate commercialisera, en fin d’année, une nouveau tracteur qui s’adaptera à différentes cultures. Dans le même temps, Sabi Agri compte s’attaquer au marché européen, puis au grand export.
La première machine de Sabi Agri, un enjambeur électrique portant des outils classiques, est destinée à la viticulture, mais l'entreprise sortira en fin d'année un nouveau modèle adapté à tous types de cultures.
La première machine de Sabi Agri, un enjambeur électrique portant des outils classiques, est destinée à la viticulture, mais l'entreprise sortira en fin d'année un nouveau modèle adapté à tous types de cultures. (Crédits : DR Sabi Agri)

Ses machines sont présentées au salon Viva Tech, rendez-vous des start-ups et de la tech, cette semaine Porte de Versailles à Paris et devraient recevoir ce matin la visite du ministre délégué chargé de l'Industrie et de l'Énergie, Roland Lescure. L'entreprise auvergnate Sabi Agri bouscule le monde des tracteurs électriques. Créé en 2017 et implanté sur le Biopôle de Saint-Beauzire, près de Clermont-Ferrand, ce fabricant d'agroéquipements électriques et agro-écologiques a pris le contrepied de ses concurrents.

Lire aussi Michelin lance un nouveau pneu pour les tracteurs qui fait gagner du temps aux agriculteurs

« Nous nous sommes appuyés sur l'agronomie et l'agro-écologie qui prône des activités plus légères de travail du sol et la sobriété énergétique. Cela nous a poussés à revoir la forme, l'architecture de nos tracteurs, qui sont des produits différenciants par rapport à nos concurrents », explicite Laure Prévault Osmani, co-fondatrice de l'entreprise avec son mari Alexandre, ingénieur en mécatronique de formation.

Créneau de la petite puissance

Le monde du tracteur est, en effet, en train de s'électrifier avec plusieurs marques sur le marché comme Fendt, John Deere ou Seederal, mais la puissance des batteries, l'autonomie d'utilisation et le coût des machines sont autant de vrais freins pour un développement des ventes. Avec ses produits, Sabi Agri s'adresse à une cible précise : la petite puissance, pour des exploitations à forte valeur ajoutée.

« Nos machines sont plus légères, ce qui préserve le sol en évitant de le tasser et elles ont suffisamment d'autonomie et de batterie pour tenir une journée de travail. Mais elles sont surtout adaptées à un modèle agricole différent, celui de l'agroécologie qui demande moins de puissance. Les grands tractoristes proposent des tracteurs qui vont jusqu'à 1.000 kilowhatteures, nous nous sommes sur 40 kWh », détaille la dirigeante.

Et de poursuivre : « Pour nous, l'électrique est un moyen de réussir la transition énergétique du machinisme, mais ce n'est pas une finalité en soi. Aujourd'hui, avec les tracteurs traditionnels de 150 à 250 chevaux, l'énergie nécessaire pour les convertir en électrique est très importante, cela nécessite des installations électriques spécifiques, coûteuses. Avec notre solution, la recharge se fait en deux heures sur un chargeur rapide triphasé ».

Lire aussi Agriculture : réduire la taille des exploitations peut favoriser les transmissions... et l'agroécologie

Destinée aux viticulteurs, la première machine de Sabi Agri, un enjambeur électrique portant des outils classiques, est au prix de 150.000 euros, soit 10% plus cher qu'une machine thermique. Mais selon ce fabricant, l'agriculteur consomme 10 fois mois d'énergie qu'avec un tracteur classique, avec de belles économies à la clé.

Une quarantaine de tracteurs cette année

Des atouts qui intéressent les professionnels. Alors pour faire face à la demande, l'entreprise a augmenté ses capacités de production. Elle est désormais capable de produire trois tracteurs en parallèle. Objectif : doubler son chiffre d'affaires cette année et les suivantes.

« Notre entreprise prend une dimension différente avec le lancement d'une unité industrielle robuste et de série, ce qui va permettre d'améliorer notre réactivité et la qualité de nos produits. Nous avons des délais de seulement six mois entre la commande et la livraison, ce qui est rare dans le secteur », se félicite Laure Prévault Osmani dont le carnet de commande permet d'appréhender sereinement la suite.

Sabo Agri passera, ainsi, d'une vingtaine de tracteurs produits l'an dernier à une quarantaine cette année. Surtout, l'entreprise compte sortir une toute nouvelle machine à l'automne 2024. Un modèle plus traditionnel qui permettra de s'adapter à tous types de cultures (sauf grande culture) : maraîchage, paysagiste, horticulture, petit élevage... Une manière d'élargir son marché et ses débouchés.

Lire aussi Comment Metalliance, filiale du groupe Gaussin, s'organise pour livrer ses tracteurs industriels électriques à Amazon

Huit millions d'euros déjà levés

Dans le même temps, la croissance de l'entreprise est aussi portée par un doublement du réseau de distributeurs en France. Elle vise désormais l'Europe.

« Nous allons nous attaquer à de nouveaux marchés fin d'année, notamment l'Italie et la Suisse, sur le marché de la viticulture principalement. Ensuite, nous miseront sur le grand export d'ici trois ans », ambitionne la co-fondatrice de Sabi Agri.

Pour mener à bien leur projet, Laure et Alexandre Prévault Osmani ont réalisé une série A de 8 millions d'euros en 2022 auprès de leurs investisseurs historiques, Ui Investissement, Crédit Agricole Centre France et d'un nouvel arrivant, Cita. Ils ont aussi été lauréat du concours I-Lab, organisé par le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation. Preuve du potentiel de cette pépite auvergnate.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 6
à écrit le 24/05/2024 à 8:00
Signaler
Comment ca se fait que les agroecolobobos bienveillants utilisent du matériel qui pollue avec ses métaux lourds, ses acides et son carbone à la production ? Il faut les obliger socialement à utiliser des charrues et des serpettes comme du bon vieux ...

à écrit le 24/05/2024 à 6:47
Signaler
C’est faux ! Les batteries se recyclent très bien . Des entreprises ne font que ça et ce n’est que le début. Une batterie n est jete pas comme ca à la déchèterie, mais se répare et trouve une deuxième vie dans des appareils. De plus une batteries rec...

à écrit le 23/05/2024 à 18:55
Signaler
Bravo à cet Auvergnat courageux et visionnaire avec l'esprit d'entreprendre ... Espérons que lorsque cette entreprise réussira , un financier ou un concurrent ne viennent pas reprendre cette activité et la transférer dans un pays étranger .... e...

à écrit le 23/05/2024 à 15:53
Signaler
Avec ces tracteurs plus peur de se faire siphonner les cuves de fuel.

le 23/05/2024 à 20:31
Signaler
"Avec ces tracteurs plus peur de se faire siphonner les cuves de fuel." Mieux vaut perdre 500+ euros de mazout que 15 000+ euros de batterie qui finira sa vie en déchèterie au bout de 5 ans.

le 24/05/2024 à 9:29
Signaler
réponse 500€ de mazout, vous rigolez, ce sont des milliers de litres que contiennent les cuves des paysans qui ont des tracteurs au fuel.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.