Crise agricole : la FRSEA et les JA maintiennent la pression sur les distributeurs

À quelques jours du salon de l’Agriculture qui s’installera à Paris à la fin de la semaine, la FRSEA et les JA Auvergne Rhône Alpes annoncent de nouveaux points de blocage. Les syndicats visent les centrales d’achats de la grande distribution et de la restauration hors foyer. Une démarche qui fait écho à des revendications essentiellement portées sur la loi Egalim.
Crise agricole, la FRSEA et les JA maintiennent la pression sur les distributeurs
Crise agricole, la FRSEA et les JA maintiennent la pression sur les distributeurs (Crédits : Fotolia)

Les agriculteurs l'avaient clairement annoncé en mettant fin aux blocages des grands axes routiers et des péages au début du mois : le salon de l'Agriculture serait une échéance pour juger des mesures prises par le gouvernement. Si celles-ci n'étaient pas à la hauteur des enjeux, ils conduiraient d'autres actions pour faire entendre leurs voix.

Les représentants de la FRSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA) Auvergne Rhône Alpes semblent en tout cas ne pas avoir été satisfaits du dialogue lancé avec le gouvernement, puisqu'ils viennent d'annoncer le blocage des centrales d'achat suivantes : la SCA Centre du groupe E.Leclerc à Yzeure (Allier), Carrefour de Bâgé (Ain), Super U de Saint-Just (Ain), Socara Leclerc à Villette-d'Anthon, Intermarché et Pomona à Saint Quentin Fallavier (Isère).

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« Les manifestations avaient ouvert la voie au dialogue pour la réalisation d'un travail au niveau national, départemental et local, reconnaît Jocelyn Dubost, président des JA Auvergne Rhône Alpes. On nous écoute mais tout le monde n'est pas prêt à aller dans le fond des choses et à proposer des solutions concrètes. »

Si les problèmes ont bien été identifiés, c'est le tempo, « trop lent », qui crispent les agriculteurs qui accusent, en parallèle, la grande distribution et les industriels de freiner les choses : « Les distributeurs pensent que la crise va passer et qu'ils pourront continuer à faire comme avant », estime Michel Joux, président de la FRSEA.

Dans le viseur des deux syndicats : la loi Egalim, l'origine des produits et la réglementation autour des centrales d'achat européennes. Des thématiques abordées par Gabriel Attal, lors de la conférence organisée ce mercredi 21 février.

Négocier à partir du prix de production

« Dans un premier temps, nous voulons une application stricte de la loi Egalim puis, nous effectuerons un travail pour l'améliorer par la suite », développe Jocelyn Dubost conscient que ce chantier prendra du temps.

Une vision qui semble rejoindre celle du gouvernement, Gabriel Attal ayant annoncé ce matin qu'un « nouveau projet de loi sera présenté d'ici l'été pour renforcer le dispositif Egalim  », le sujet prioritaire étant «d'avancer d'abord sur la construction du prix ». Un second enjeu pointé par le président des JA Auvergne Rhône Alpes.

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« Aujourd'hui, ce sont les grandes et moyennes surfaces (GMS) et les industriels qui fixent les prix et il ne nous reste que les miettes alors que nous avons des collectifs interprofessionnels capables de calculer les coûts de production. Il faut partir de ces coûts » et non pas l'inverse pour calculer les prix de vente, assène t-il. Car ceux imposés par la grande distribution « ne paient pas » les agriculteurs.

Renforcer les contrôles sur l'origine des produits

Autre grand enjeu, déjà mis en avant lors des manifestations : le renforcement des contrôles et des pénalités autour de l'indication d'origine des produits. Les deux syndicats appellent donc à un étiquetage clair et à l'imposition d'amendes fortes pour les distributeurs et les industriels. « Il faut accentuer les pénalités financières car aujourd'hui les GMS gagnent plus avec ce système qu'à payer les producteurs », pointe Jocelyn Dubost. Qui estime que les cas de fraudes sont nombreux.

« Nous avons déjà effectué des opérations de vérification, mais c'est aux services de l'Etat de le faire », ajoute-t-il. Et de manière encore plus renforcée.

Un sujet que Bruno Le Maire a d'ailleurs évoqué ce matin en conférence de presse. Ainsi, 1.400 contrôles ont été réalisés sur les 200 plus grands industriels et cinq grands distributeurs, assure t-il, indiquant 150 cas de non conformité recensés.

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La FRSEA et les JA Auvergne Rhône Alpes se rejoignent également sur un troisième point, à savoir l'imposition de règles identiques aux centrales d'achat françaises et européennes. « On se fait piquer des parts de marché par des entreprises qui ne sont pas soumises aux mêmes règles », constate avec amertume Michel Joux.

Des sujets qui, s'ils ne sont pas nouveaux, continuent à tendre les relations entre les agriculteurs et le gouvernement, et soulignent que le dossier est loin d'être clos.

Les nouvelles actions menées par les deux syndicats devraient s'arrêter vendredi soir, avant l'ouverture du salon de l'Agriculture.

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