Matériel outdoor : une filière régionale jusqu'ici résiliente au Covid-19

FILIERE. Si les confinements ont bloqué la pratique des activités de plein air, les détaillants de la vente en ligne de matériel outdoor n'ont pas pour autant stoppé leurs projets, bien au contraire. Confiants à l'égard d'un marché en plein essor depuis une décennie, les deux leaders régionaux Ekosport et Snowleader (deux Savoie) ont continué de mener leurs investissements au cours des dernières semaines.
Fusion d'Ekosport avec le spécialiste auvergnat du ski et du snowboard Glisshop pour former un nouveau leader, projets immobiliers pour Snowleader en Isère et en Haute-Savoie... Les détaillants de l'outdoor surfent sur une croissance qui ne semble pas connaître la crise pour l'instant.

Les deux Savoie comptent deux champions de la vente en ligne de matériel pour les sports de plein air. Nichés au coeur des Alpes du Nord, sur un terrain de jeu emblématique pour leur discipline, Ekosport et Snowleader font face aux mastodontes du domaine que sont Décathlon, Intersport, ainsi que le Vieux Campeur.

Deux sociétés qui ont démontré un dynamisme particulier en cette période de crise sanitaire et économique, avec des projets d'investissements qu'ils n'ont pas choisi de remiser au placard.

Ekosport : fusion et diversification

À Saint-Alban-Leysse (Savoie), Ekosport a déjà investi dix millions d'euros depuis trois ans pour ouvrir un entrepôt logistique et sa plateforme de commerce en ligne, ainsi qu'un magasin physique. L'investissement a porté ses fruits puisque l'enseigne appartenant au groupe Frasteya - lui-même basé à Saint-Alban-Leysse, réalisant un chiffre d'affaires global de 125 millions d'euros et employant 300 personnes au pic de la saison - voit ses ventes s'élever à 51 millions d'euros sur le web et à 18 millions d'euros dans ses magasins physiques. Le détaillant prévoit ouvrir prochainement sa septième boutique.

Ekosport se présente comme le premier vendeur de matériel de ski en Europe, avec 37.000 paires écoulées chaque année. Et l'enseigne commercialise aussi 40.000 paires de chaussures pour le trail, le trek, la rando et la balade.

Et le détaillant savoyard entend bien ne pas s'arrêter en si bon chemin, malgré la pandémie. L'enseigne vient de fusionner avec Glisshop, spécialiste auvergnat du ski et du snowboard, pour former 113outdoor. Cette entreprise constituée des deux entreprises de vente en ligne, pèse désormais un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros.

« L'idée de cette fusion est que, chacun de notre côté,  nous dépensons beaucoup de temps et d'argent dans les infrastructures informatiques et dans le marketing web, résume Yannick Morat, le président du groupe Frasteya. Nous pouvons donc réaliser des économies et des gains de productivité importants en travaillant ensemble. »

La stratégie ne se veut pas défensive. « Nous voulons gagner en efficacité en mélangeant nos talents, poursuit Yannick Morat. Il ne s'agit pas de couper des postes car nous sommes en recrutement permanent, nous avons plutôt du mal à recruter. »

L'objectif de cette fusion est de doubler le chiffre d'affaires tous les cinq à sept ans. Pour ce faire, 113outdoor se développera sur les rayons où Ekosport et Glisshop étaient peu positionnées jusqu'à présent, précise Yannick Morat. Cette croissance passera probablement par l'acquisition d'entreprises plus petites dans les domaines de l'air et de l'eau. La clientèle du plein air passe plus facilement d'un sport à l'autre de nos jours, du ski à l'escalade au parapente... « Le spécialiste puriste n'existe plus », observe le président de Frasteya.

Ces perspectives n'ont pas été ébranlées par la pandémie. L'année 2020 aura marqué une accélération des achats sur Internet, constate Yannick Morat. Et le déconfinement aura marqué l'explosion des ventes du matériel de plein air, avec des ventes bondissant de 48% entre juillet et octobre.

Le deuxième confinement aura cependant fortement ralenti les ventes en magasins, même si le commerce en ligne continue sur sa lancée. Et les incertitudes quant à la saison en stations de sports d'hiver ne diminuent pas l'optimisme de Yannick Morat :

« Je ne crois pas à une année blanche, assure-t-il. L'hiver sera compliqué, mais notre structure financière nous permet de le supporter. »

Snowleader : la croissance naturelle par la montagne

À Annecy, Snowleader n'est pas en reste. L'entreprise a levé dix millions d'euros au début de l'année 2020 pour financer son développement, tout en laissant la majorité à son fondateur, Thomas Rouault. Le détaillant haut-savoyard employant 130 collaborateurs a conclu son dernier exercice financier avec un chiffre d'affaires de 35 millions d'euros, partagé à parts égales entre la France et l'Europe.

Snowleader, qui s'appuie sur une croissance annuelle de 20 à 30%, semble se jouer de la crise économique due à la pandémie. « Sur six mois, nous demeurons sur nos objectifs prévus», constate Thomas Rouault, le président de Snowleader. La forte croissance observée lors du déconfinement aura compensé la baisse enregistrée en mars et avril.

Et le chef d'entreprise mise sur une nouvelle accélération : d'ici février 2025, Snowleader vise à tripler son chiffre d'affaires, en le faisant passer à 100 millions d'euros. Un entrepôt logistique de 25.000 mètres carrés verra le jour sur une friche industrielle au Versoud (Isère)... faute de foncier disponible en Haute-Savoie.

À l'étroit dans ses locaux annéciens, Snowleader a démarré la construction de son nouveau siège social à quelques kilomètres de la préfecture haut-savoyarde, à Épagny-Metz-Tessy, tout en demeurant concentré sur son coeur de métier :

« Notre ADN est celui de la montagne, nous n'avons pas vocation à nous diversifier, assure Thomas Rouault. Nous restons sur nos trois verticales que sont les sports d'hiver, le sport outdoor et le prêt-à-porter du quotidien. »

La croissance de Snowleader proviendra de la croissance naturelle du marché du plein air et du nombre de pratiquants, croit Thomas Rouault. Car l'année 2020 se pose comme un accélérateur des tendances existantes dans la pratique du plein air. Le ski de randonnée, associé à la liberté, maintient son essor, et pourrait croître encore plus fortement après la pandémie, souligne-t-il.

Plutôt qu'une expansion par croissance externe -  à laquelle il demeure ouvert, «mais il faudrait un projet industriel qui crée de la valeur » - Snowleader vise avant tout à  développer sa présence géographique sur des pays qu'il ne couvre pas encore, sans pour autant en préciser les destinations. Un maillage qui démarrera d'abord en ligne, puisque le plan d'ouverture de ses magasins physiques est mis en pause pour l'instant.

Car pour l'heure, Thomas Rouault estime :

« Les flux du commerce de détail sont dynamités par le développement du télétravail et le changement des habitudes des consommateurs au quotidien ».

Mais ses objectifs de croissance, quant à eux, demeureront les mêmes.

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