Le CHU de Grenoble et Roche Diagnostics s’allient contre la grippe

A l’issue d’une expérimentation qui s’est déroulée en janvier dernier, le CHU de Grenoble a décidé d’implanter dès cet hiver trois appareils de Roche Diagnostics France, dont deux à l’entrée des urgences, ce qui constitue une première en France. Avec un objectif : réaliser une détection des cas de grippe en 20 minutes grâce à un prélèvement nasopharyngé effectué dès l’entrée des malades. A terme, cet appareil pourrait même évoluer pour détecter d’autres pathologies.
L'appareil de Roche Diagnostics France pourra réaliser une détection des cas de grippe en 20 minutes grâce à un prélèvement nasopharyngé effectué dès l’entrée des malades.
L'appareil de Roche Diagnostics France pourra réaliser une détection des cas de grippe en 20 minutes grâce à un prélèvement nasopharyngé effectué dès l’entrée des malades. (Crédits : DR)

Avec près de 65 000 patients accueillis aux urgences chaque année, le CHU de Grenoble Alps (CHUGA), qui observe également une forte saisonnalité suite aux accidents de ski, a décidé d'implanter trois nouveaux appareils Cobas Liat développés par Roche Diagnostics. Destinés à faciliter le diagnostic de la grippe, ils seront installés dès cet hiver à l'entrée des urgences et du service pédiatrique avec un triple objectif : détecter plus rapidement les cas de grippe, éviter les contaminations secondaires, et réduire la durée de séjour des patients aux urgences.

"C'est notre service de biologie qui nous avait mentionné qu'il existait une innovation de type qui pourrait nous permettre de diagnostiquer des cas de grippe de manière rapide et délocalisée, en l'implantant directement au sein du service d'urgence", explique le Dr Maxime Maignan, responsable adjoint des urgences au CHUGA. Un enjeu majeur pour le CHU puisque chaque année, ce dernier enregistrerait jusqu'à 1/3 d'entrées supplémentaires durant le pic épidémique.

Après une période de tests qui s'est déroulée en janvier 2018, le CHUGA a ainsi pu réaliser ces analyses délocalisées sur près de 200 patients, sur une période de 11 jours, et ce, en croisant les résultats récoltés avec ceux de son laboratoire interne. Résultat ? Près de 50 % des patients testés s'étaient révélés positifs à l'un des virus de la grippe.

Une période de tests concluante

"Nous nous sommes aperçus que nous avions des analyses de même qualité, mais avec un gain de temps considérable, ce qui permet aux médecins de prendre les bonnes décisions et d'éviter les contaminations des autres patients", affirme le Dr Maxime Maignan. Si ce nouvel appareil ne permet pas toujours de remplacer l'ensemble des autres analyses biologiques, il aurait déjà permis, au sein de la période de tests, de réduire ces dernières de 9%. "Cela n'empêche cependant pas d'aller contrôler d'autres facteurs de gravité en fonction des facteurs de risques du patient", admet-t-il.

Le CHUGA a constaté un autre atout : une prise en main facilitée par les équipes ainsi qu'une meilleure disponibilité des analyses effectués, notamment en dehors des périodes d'ouverture du laboratoire, le soir ou le week-end. Concernant le coût, l'établissement estime que ce dispositif coûtera près de 50 000 euros pour la réalisation de 1 000 à 2 000 tests. "Il est encore difficile d'évaluer le retour sur investissement, même si on sait que dans des pays qui ont un système de santé différent du nôtre comme le Canada ou les Etats-Unis, cela permet déjà d'économiser 250 dollars par patient", affirme Maxime Maignan. Selon lui, une telle implantation dépend des priorités de chaque CHU : "Nous avons pour notre part décidé de nous concentrer sur la période hivernale, où le nombre de cas et de passages reste le plus élevé".

Une technologie d'avenir ?

Du côté du groupe Roche Diagnostics, la biologie médicale est également un axe de développement majeur. "Les actes de biologie ne représentent que 2% des dépenses de santé, ils sont pourtant intégrés dans 60 % des décisions médicales", rappelle Bertrand Van Ruy, chef de produit au sein de Roche Diagnostics France.

Selon lui, la principale innovation présente au sein de ce nouvel appareil, Cobas Liat (« lab in a tube »), réside dans la miniaturisation de la technologie. "La méthode d'analyse en PCR existe déjà depuis 1983. Tout l'enjeu était de la rendre automatisée et embarquée dans une petite machine de 20 cm de haut", ajoute-t-il.

Brevetée au sein du groupe, cette innovation avait été en partie développée au sein de l'entité américaine iQuum, rachetée en 2014 par le groupe Roche, afin d'en accélérer justement le déploiement. Ces machines sont déjà commercialisées depuis l'hiver dernier en Espagne, au Danemark, mais aussi aux Etats-Unis ou au Canada, sous différents business models : "Nous proposons à la fois la vente de ces appareils, la location ou la mise à disposition de l'appareil (avec des réactifs au tarif plus élevés)", précise Bertrand Van Ruy.

Vers de nouveaux virus détectés ?

Si l'appareil actuellement mis sur le marché est capable de détecter l'ensemble des souches de grippe ainsi que du virus respiratoire syncytial (VRS), Bertrand Van Ruy n'exclut pas que cet appareil puisse être utilisé demain pour détecter plus rapidement d'autres virus ou bactéries.

"Cela suggère bien entendu qu'un virus soit connu, mais il est possible d'adapter cette technologie pour qu'elle reconnaisse par exemple le virus de la gastroentérite, voire le virus Ebola, ou même le virus du Sida...", glisse le responsable produits, Bertrand Van Ruy.

Roche Diagnostics prépare déjà de nouveaux réactifs capables de détecter le virus de la coqueluche, un champ pour lequel le CHUGA a également démontré son intérêt. "Nous avons également déjà été contactés par l'armée française, qui serait intéressée à avoir ce type d'appareils pour accompagner les missions des soldats. Mais en fonction du virus à identifier, le développement peut prendre environ deux ans".

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