CHU Grenoble : un rapport révèle la brutalité du management de la direction

Un rapport rendu public par le ministère de la Santé Publique met en lumière le management déshumanisé de la direction du CHU de Grenoble. Obsession du résultat financier, manque de dialogue social, management trop centralisé, etc. Ces derniers mois, les cas d'arrêts maladie et de burn out s'étaient multiplié au sein du personnel de l'établissement.
CHU de Grenoble
CHU de Grenoble (Crédits : AFP PHOTO/PHILIPPE DESMAZES)

Cela faisait plusieurs mois que l'établissement faisait l'objet de signalement de cas de maltraitance et de souffrance au travail. Mais c'est le suicide d'un neurochirurgien de 36 ans, retrouvé mort dans un bloc opératoire le 2 novembre 2017, qui a produit un électrochoc au sein du CHU de Grenoble.

Suite à ce drame, Agnès Buzyn avait dénoncé devant l'Assemblée nationale des "situations graves de harcèlement" au sein de l'établissement et un rapport avait été commandé par le ministère de la Santé Publique. Rendu public ce lundi 8 janvier, le rapport réalisé par Edouard Couty, désigné médiateur national, s'appuie sur l'audition d'une trentaine d'employés de l'établissement.

 Excès de hiérarchie

L'état des lieux dresse une gestion managériale désastreuse qui gangrène l'ensemble des services du CHU de Grenoble.

"L'organisation classique, traditionnelle, de l'hôpital est très hiérarchique, son management est très centralisé."

Face à cette structure excessivement rigide, les employés réclament à la fois plus de transparence dans les décisions prises par la direction et plus de marge de manœuvre dans l'exercice de leur profession.

"Cette mauvaise communication induit des incompréhensions et des réactions de perte de confiance ou même de défiance totale par rapport aux responsables institutionnels qui ont ensuite des difficultés à conduire les changements nécessaires."

Un management très orienté vers les problématiques budgétaires

Le rapport fait aussi état d'un management "très resserré" et de "réunions de pôle portant quasi exclusivement sur les résultats financiers". Edouard Couty admet l'importance de la dimension financière dans la gestion du centre hospitalier, mais pointe un "manque d'accompagnement et d'une gestion personnalisée des personnes en grande difficulté".

A l'intention des dirigeants du CHU de Grenoble, il rappelle enfin que "le discours gestionnaire (...) n'est compris et admis que lorsque s'est instauré au préalable une relation de confiance".

"Entraîner une nouvelle dynamique"

Le compte-rendu conclu sur des recommandations à l'intention des responsables de tous les niveaux de l'établissement.

"Sans laisser de côté l'aspect économique et financier", Edouard Couty suggère d'évoluer vers "un management plus orienté sur la confiance, la bientraitance [pour] aboutir progressivement à un mode de management plus participatif."

Il requiert également l'exemplarité de tous les dirigeants du CHU et la participation de l'ensemble de ses salariés pour espérer résoudre les difficultés. La direction promet une organisation différente "d'ici deux à trois mois". Elle se donne cinq ans pour "arriver à une accointance entre les cadres et les chefs de service", selon une source syndicale relayée par le Parisien.

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