Apidae : le choix du big data pour soutenir la relance touristique locale

A quelques jours du coup d'envoi de la saison estivale, et si le monde du tourisme mutualisait ses données pour mieux commercialiser ses offres ? C’est le pari d’Apidae, une startup coopérative à la pointe du big data à but touristique, spin-off d'une agence régionale, qui compte déjà plus de 390.000 offres référencées sur sa plateforme, qui couvre déjà 26 départements.
Son ambition : demeurer le premier acteur de la donnée touristique en France.

L'aventure d'Apidae Tourisme a commencé en 2004, quand la structure naît en tant qu'agence régionale pilotée par le Comité régional du tourisme Rhône-Alpes. Son but est alors de mutualiser le coût de la gestion de l'information touristique entre les acteurs touristiques institutionnels et l'ensemble des acteurs du tourisme, depuis les socio-professionnels indépendants jusqu'aux offices de tourisme les plus importants.

« Quand on veut diffuser de l'information aux touristes, le coût de production de cette information est important, alors que c'est l'usage qui rapporte », explique Karine Feige, la directrice générale d'Apidae Tourisme.

Apidae s'emploie alors à créer une base de données mutualisée au service des offices de tourisme, qui l'exploitent en partenariat avec les professionnels du tourisme. Alors qu'à ses débuts, Apidae envoyait des questionnaires aux offices de tourisme, elle a depuis noué des liens entre sa base de données et les plateformes numériques de ses adhérents.

« L'accès aux données se fait désormais de façon industrielle, explique Mme Feige. Il y a un intérêt partagé des différents acteurs du tourisme à fluidifier les relations entre les uns et les autres pour créer de la donnée, et pour en faciliter les usages, avec notre capacité à lier les données issues de plusieurs plateformes. »

Faciliter le travail des acteurs du tourisme, éprouvés par la crise

Concrètement, les données fournies par Apidae permettent à des acteurs du tourisme de faciliter la diffusion de leurs offres, et même d'en créer plus facilement de nouvelles.

Depuis la pandémie, le site web de la ville de Thonon-les-Bains propose par exemple une boutique en ligne qui agrège les boutiques en ligne des commerces et des services locaux.

« Séparément, chaque collectivité ou office de tourisme n'a ni le volume de données, ni les compétences, ni les moyens d'entrer dans le monde de la donnée, alors que collectivement, avec 500 territoires, 500 fournisseurs de services et trois régions, nous pouvons proposer ces ressources à chacun », détaille Karine Feige.

Au fil des années, de plus en plus d'acteurs du tourisme sont attirés par cette structure qui met à leur disposition une base de données aisément exploitable, désormais accessible par près de 1.400 structures membres. Par proximité géographique, les offices de tourisme des Hautes-Alpes se sont rapprochés de l'agence. Et d'autres se sont joints, faisant passer l'effectif de l'agence de 7 à 19 employés.

Coopérative par nature

En 2019, l'agence régionale atteint ses limites. Ses services sont alors externalisés au sein d'une société coopérative, qui conserve sa dénomination.

Le sociétariat, qui compte 200 sociétaires, s'ouvre au secteur privé tout en gardant ses adhérents publics, notamment la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, des mairies, mais aussi des associations et des fournisseurs de services tels que des agences web.

L'offre est ainsi commercialisée sous la forme d'un abonnement, de 450 euros pour les structures les plus petites, comme des entrepreneurs indépendants, allant jusqu'à 10.000 euros pour les offices de tourisme les plus grands. « Ce modèle économique permet à tous d'être client », se félicite Karine Feige.

Aujourd'hui, Apidae Tourisme couvre 26 départements, trois régions, (Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d'Azur) et elle s'étend vers l'Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine.

Des rubriques identifiant les contraintes liées à la Covid

Quand la pandémie est arrivée, la base de données s'est enrichie de rubriques identifiant les contraintes liées à la Covid. Apidae a accéléré les liaisons de données avec les boutiques en ligne qui ont émergé.

C'est ainsi qu'en trois semaines, le site de la région Auvergne-Rhône-Alpes J'achète dans ma région, a pu référencer les commerces locaux.

De nouvelles évolutions sont prévues, notamment pour ouvrir la base de données à d'autres acteurs tout en maîtrisant le droit d'opposition à un usage par des diffuseurs qui ne participeraient pas au recueil de données.

« On ne veut pas donner d'accès sans que le diffuseur contribue à notre écosystème de données », souligne Mme Feige.

L'orientation d'Apidae Tourisme est de mettre des données facilement exploitable dans les mains des acteurs locaux, plutôt que laisser les grandes plateformes internationales s'immiscer  comme intermédiaires.

« La valeur doit rester dans les territoires », martèle Karine Feige, qui rappelle qu'Apidae ne se rémunère pas en commissions. La directrice générale lie cette ambition avec le développement d'Apidae.

« Nous voulons accélérer notre extension territoriale pour demeurer le premier acteur de la donnée touristique en France. » Pour cela, Apidae Tourisme prévoit de lever deux millions d'euros dans les trois prochaines années.

Appuyée par la Banque des Territoires à ses débuts, via du capital et des titres participatifs, ainsi que plus récemment avec un financement de 300.000 euros de la Caisse d'Épargne Rhône-Alpes, la société compte aussi développer son sociétariat en faisant bondir le nombre de sociétaires de 200 à 300, voire 400.

« Quand on est là pour le développement économique des territoires, il faut le montrer avec un sociétariat représentatif de ces territoires », ajoute Mme Feige.

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