Augmentation des prix des matériaux : la filière BTP Rhône tire la sonnette d'alarme

En 2020, la pandémie a désorganisé la production de matériaux de construction et mis à l'arrêt un grand nombre de chantiers. La situation commence à se tendre en Auvergne Rhône-Alpes où, même si l'activité reprend, les prix des matériaux de construction ne cessent d'augmenter. Dans le Rhône, les professionnels du bâtiment tirent la sonnette d'alarme et demandent à l’État d'agir afin que les entreprises puissent encaisser ces hausses.
Au niveau national, comme en région AuRA, les professionnels du BTP voient les prix des matériaux de constructions augmenter et les délais d'acheminement s'étirer.

"Depuis quelques semaines, voire quelques mois, il y a une hausse impressionnante du coût des matériaux, de l'ordre de 30% à 40%", confirme Samuel Minot, président de la Fédération BTP Rhône et Métropole.

Actuellement, la filière BTP paie, au niveau national et local, l'arrêt des chantiers et de la production de matériaux suscité par la pandémie en 2020. Résultat ? L'offre en matériaux étant devenue inférieure à la demande, les coûts ont sensiblement augmenté. Y compris en Auvergne Rhône-Alpes, où la filière enregistre des niveaux de prix exponentiels des prix.

Selon des chiffres relayés par la Capeb Auvergne Rhône-Alpes, ces hausses atteindraient même  +51% pour le cuivre, + 114% pour le PVC, + 106% pour l'acier.

Bien que le marché "post-Covid" ait repris progressivement, l'équilibre du marché a été fortement chahuté. "On ne sait plus ce qui est le bon prix, ni où il faut acheter", admet Samuel Minot.

Observé sur les produits acier et cuivre, sur le bois de construction et les métaux non ferreux, le phénomène s'attaque désormais plus récemment aux plastiques, polyuréthane et polystyrène, selon la Fédération locale du BTP.

Du retard sur les chantiers

Or, alors que la grande majorité des marchés dans le BTP sont avant tout portés par le secteur privé, les acteurs de la constructeurs se retrouvent ainsi pieds et poings liés par la hausse des prix.

"Car lorsqu'on est engagés, c'est sur un prix ferme et définitif. Par conséquent, les entreprises doivent directement assumer ces hausses et leurs marges baissent. Seuls les marchés d'État, qui ne représentent que 5%, sont quant à eux révisables", développe Samuel Minot.

Lire aussi : Le bâtiment veut provoquer un "choc" de la commande publique en AuRA

D'autant plus que ce phénomène vient s'ajouter au ralentissement de l'activité observé en raison de la pandémie : ainsi, dans le Rhône et la Métropole, l'activité des entreprises du BTP a diminué de 15%  en 2020, même si leur trésorerie ont toutefois été préservées, jusqu'à présent, grâce aux diverses aides de l'État.

"Les délais d'approvisionnement sont multipliés par deux ou trois", constate le président de la Fédération BTP Rhône et Métropole. Les plannings d'intervention sont décalés, et les entreprises sont "en grande difficulté. Il va falloir rééquilibrer".

De son côté, la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment) Auvergne Rhône-Alpes fait le même constat : "nombre d'artisans se retrouvent aujourd'hui devant un paradoxe douloureux, disposer d'un carnet de commandes rempli et ne pouvoir en assurer la réalisation, faute de matériaux disponibles ou de rentabilité des chantiers."

"Ce dérèglement se joue sur les marchés internationaux"

Mais le pouvoir de rééquilibrage n'est pas dans les mains de la filière nationale, ni même du gouvernement.

"Ce dérèglement est global, on ne peut pas vraiment agir parce que ça se joue sur les marchés internationaux. Le marché mondial s'est arrêté l'an dernier et nous ne pouvons pas régler ce flux", analyse Samuel Minot.

Au niveau européen, il ne nourrit pas d'espoir : "Même si l'on fait confiance à l'Europe pour se poser les bonnes questions, nous attendons surtout de la réactivité pour faire face."

Les deux plus gros marchés mondiaux dans le domaine des matériaux de construction, que sont la Chine et les États-Unis, accaparent actuellement le marché, provoquant des variations de prix. Par exemple, "un cube de bois se vend plus cher aux États-Unis qu'en France. On peut comprendre que certains opérateurs choisissent donc en bout de ligne ce marché pour retrouver leurs marges."

Car de l'autre côté du globe, "l'Asie a par exemple vu son activité reprendre, en exploitant une partie de la production acier auparavant destinée à l'Europe", précise la Fédération BTP Rhône et Métropole. En parallèle, certaines usines européennes ont réduit leurs productions à cause de la crise sanitaire, ce qui a pour effet de réduire encore un peu plus l'approvisionnement de marché.

"Si nous n'agissons pas très rapidement, l'ensemble de la filière du bâtiment va se trouver bloquée dans ses chantiers en cours, mais aussi dans sa capacité à répondre positivement à la commande publique à l'échelle du territoire", déclare Dominique Guiseppin, le président de la Capeb Auvergne Rhône-Alpes.

Car d'après eux, la première étape commence par la flambée des prix, tandis que la seconde est actuellement marquée par l'augmentation des délais. "La troisième étape sera tout simplement la pénurie de matériaux", prévient Samuel Minot. Aussi, l'an dernier, certaines entreprises avaient sur-stocké pour anticiper les délais, mais toutes ne peuvent pas le faire car certains chantiers sont sur-mesure.

Face à cette situation, la Fédération BTP Rhône et Métropole demande à l'État une indexation des prix des chantiers sur celui des matériaux et de ne pas subir des applications de pénalités de retard.

La Capeb Auvergne Rhône-Alpes abonde en invitant "la sphère politique locale à réagir en définissant un cadre juridique clair visant à protéger les entreprises". La confédération demande également un politique volontariste de soutien à la production et distribution de matériaux en France, en vue de privilégier notamment les circuits-courts.

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Commentaire 1
à écrit le 23/04/2021 à 15:15
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bref les prix des logements devenus inabordables pour le vulgus pecus vont encore augmenter..........bon, sachant que les banques commencent a arreter de preter a 25 ans a taux gratuits a des gens pas solvables sans apport, je pense que ca va devenir...

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