Alpexpo : après l'échec de l'appel d'offres, incertitudes sur le futur modèle

Revirement de situation pour Alpexpo Grenoble. Alors que l’espace de congrès grenoblois est sur le chemin de l’assainissement financier -après avoir accumulé 7 millions de dettes-, l’appel d’offres pour le choix d’une entreprise assurant la délégation de service public a échoué. Le conseil municipal est appelé à voter ce lundi soir pour un avenant de prolongation de la DSP. En attendant quoi ?

Un peu plus d'un an après avoir présenté son plan de relance, l'espace de Congrès grenoblois Alpexpo se trouve à nouveau dans une position délicate. Alors qu'un appel d'offres avait été lancé pour qu'une entreprise privée s'engage investir dans cet espace à travers une délégation de service public (DSP), le processus est un échec.

Seule une entreprise, le groupe lyonnais GL Events, avait déposé un dossier.

"Mais celui ne correspondait pas au cahier des charges, car il ne prenait notamment pas en charge les investissements comme le demandait la ville. Le maire a donc décidé de refuser ce dossier, d'autant plus que l'espace connaît une embellie depuis un an et demi", explique le directeur d'Alpexpo et conseiller municipal, Claus Habfast.

Vers une réduction de la surface

Pourtant, il y a un an, la ville murmurait que plusieurs groupes semblaient intéressés par la candidature...  Que s'est-il passé ?

"C'est un peu étonnant qu'il n'y ait eu qu'une candidature, soit, mais maintenant il faut avancer", estime le directeur général.

Contacté, le groupe GL Events n'a pas donné suite à nos demandes d'entrevue.

Parmi les nouvelles pistes envisagées, se dessine celle d'une réduction du parc d'expositions de 40 000m2, en vue de transformer 8000m2 à d'autres fins : logements, parking, commerces ou espaces à bureaux.

 "L'un des défis des parcs actuels est de rentabiliser l'occupation à l'année, qui n'est que de 20 % environ, contre 30 % pour la moyenne nationale. Un seul événement, la Foire, occupe la totalité de l'espace", reconnaît Claus Habfast.

Le directeur général d'Alpexpo rappelle que depuis 2007, plusieurs espaces de congrès avec des salles de réunion modernisées se sont imposées à Grenoble : le World Trade Center (WTC) ou encore Minatec.

Un recentrage ?

"Le rôle d'Alpexpo peut être de se recentrer sur les gros événements comme les foires, les concerts, les salons, le tout avec une taille réduite, afin de coûter aussi moins cher en frais de structure", avance Claus Habfast.

La réduction envisagée concernerait surtout le Hall 89, qui pourrait accueillir un parking couvert tandis que le grand hall pourrait être divisé en deux avec un mur thermique pour accueillir toutes les manifestations thermiques, à l'exception de la foire.

"Cela permettrait d'accueillir deux événements en même temps et de réduire les charges, à condition de rafraichir le sol. Le parking extérieur existant pourrait être ensuite ouvert à la construction par exemple", détaille M. Habfast, qui précise qu'un tel projet resterait à étudier par les villes concernées, notamment Échirolles et Grenoble.

Mais se diriger dans cette direction pourrait aussi remettre en question le format de la foire, telle qu'on la connaît aujourd'hui :

"C'est peut-être l'occasion de la concentrer un peu plus, d'autant plus qu'il existe un projet d'ouvrir une foire de printemps sur des thématiques d'habitat, de jardin, de gastronomie... C'est un format qui peut évoluer, et qui permettrait d'occuper l'espace à deux dates au lieu d'une".

Changer de business model ?

Il y a quelques mois, la ville de Grenoble avait choisi de passer d'une Société anonyme d'économie mixte locale (SAEML), permettant des participations privées, à une Société publique locale, entièrement sous l'égide de la municipalité et de la métropole.

Les cartes seront-elles rebattues ? "Cela reste à décider dans les mois à venir". Dès ce lundi, le conseil municipal va présenter au vote une prolongation de l'exploitation de 6 mois, "afin d'avoir le temps nécessaire pour mettre au clair la future structure juridique et le business model". "La SPL est là et peut continuer, mais cela peut aussi évoluer", reconnaît Claus Habfast.

Avec un budget annuel de fonctionnement qui s'élève chaque année à 300 000 euros pour les dépenses courantes, Alpexpo pourrait encore ajouter à ses dépenses des frais de 5 à 6 millions d'euros si le projet de restructuration se confirmait.

"Mais cela permettrait de valoriser la partie fermée avec une autre fonction, car le plan d'aménagement et de développement durable de la ville prévoit une redynamisation de toute la zone sud, avec des logements en accession sociale, des locaux économiques ou de nouveaux titres de commerce. C'est à l'aménageur et aux villes de trancher", glisse Claus Habfast.

La piste des grands salons

Reste une dose d'optimisme : début avril, le salon Mountain Planet a battu des records, avec une hausse de la fréquentation de 35 % et une progression du CA de 10 %. Grâce à ces résultats, le chiffre d'affaires d'Alpexpo devrait atteindre les 8,5 millions d'euros en 2016 (contre 6,5 millions d'euros en 2015).

"Beaucoup de choses vont mieux mais tout n'est pas encore résolu. Cela prendra du temps", estime Claus Habfast.

La masse salariale demeure stable depuis 2 ans et demi, avec 35 équivalents temps pleins. "Nous avons la bonne jauge", estime le directeur général, qui affirme qu'une possible réduction de l'espace n'affectera pas la masse salariale. "Nous ne souhaitons pas réduire le CA mais simplement mieux occuper le site", ajoute Claus Habfast, qui précise que le bureau des congrès de la métropole va commencer à monter des dossiers pour l'accueil de congrès, à échéance 2018-2021.

"Pour les concerts, notre concurrence directe est Chambéry ou Lyon, tandis que dans le domaine des foires, ça pourrait être Chambéry même si la clientèle n'est pas forcément la même. Par contre, il existe une concurrence très forte entre les sites pour l'accueil des congrès nationaux", estime le directeur d'Alpexpo.

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Commentaire 1
à écrit le 23/05/2016 à 18:19
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Il est rare que l'on puisse avoir raison contre tout le monde. Certes, les "idées" du maire de Grenoble et de son équipe sont probablement, et surtout par principe, respectables mais la rigidité omnisciente des ayatollahs est-elle une preuve de perti...

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