Mercredi matin, il soufflait comme un vent d'effervescence à Alpexpo Grenoble. Avec près de 15 000 visiteurs attendus, le salon Mountain Planet rassemble tous les grands joueurs de l'aménagement de la montagne, soit 900 exposants issus de 30 pays.

Cette année, c'est la Chine qui a été mise à l'honneur, Jeux olympiques de Pékin en 2022 obligent. Partout sur les stands, les équipes se sont adaptées, en sollicitant pour cette occasion la présence de plusieurs traducteurs chinois. "Il fallait s'équiper pour les accueillir au mieux", glisse un représentant de l'industrie.

Asie centrale

Deux jours avant l'ouverture du salon, le Cluster Montagne a d'ailleurs organisé, à destination d'une délégation de 20 pays étrangers, la visite de stations de sports d'hiver (Chamonix et Val Thorens) afin de mettre en lumière le savoir-faire français.

Car si le marché français, mature, est désormais orienté vers le renouvellement des installations existantes, les acteurs de la filière de l'aménagement de la montagne voient des perspectives de développement alléchantes du côté de l'Asie, des Balkans ou encore de l'Inde.

"De nombreux projets d'aménagements se précisent à l'étranger. Or la Savoie est la Rolls Royce du ski. On sait que les nouveaux skieurs qui émergent viendront ensuite skier chez nous", estime René Chevalier, président de la CCI de Savoie.

Le dirigeant consulaire rappelle que son département accueille 70 % de la clientèle ski, tandis que l'activité neige pèse 52 % du PIB de la Savoie.

Le tourisme "4 saisons" au cœur des préoccupations

Mais si les acteurs se tournent vers l'international, les challenges sont également nationaux, notamment à cause du réchauffement climatique. Alors que la saison d'hiver 2015-2016 a été marquée par le manque de neige, les stands dévoilent des offres fortement axées autour de la diversification des activités : luge d'été, tyrolienne, VTT, escalade, trottinette tout terrain, etc...

"Plus que de la performance sportive, les nouvelles activités sont orientées vers le bien-être et des activités ludiques. L'expérience que va vivre le client est davantage mise au cœur des préoccupations", estime Nathalie Saint-Marcel, directrice adjointe du Cluster Montagne

Cette structure regroupe 190 adhérents, dont 150 entreprises au niveau national.

"On n'en est pas au tourisme "4 saisons", mais deux saisons seraient déjà bien. Avec des équipements plus performants qui permettent d'aller plus vite et plus loin, la journée ski se raccourcit. Le défi est d'arriver à créer des activités annexes, avec un temps après-ski qui s'allonge", note le président de la CCI de Savoie.

Sur ce segment, on retrouve des entreprises diversifiées telles que le spécialiste des murs d'escalade Entre-prises (Saint-Vincent-de-Mercuze), la société d'événementiel et de scénarisation Prestalp (Grenoble), le producteur de concepts pédagogiques (aventures-jeux, légendes...) Tams Consultants ou encore le réseau stations de trail de Raidlight Vertical (Saint-Pierre-de-Chartreuse).

De plus gros joueurs comme MND (Sainte-Hélène-du-Lac) en ont même fait l'un de leurs piliers de développement, avec le lancement d'un nouveau système de luge sur rails au sein de sa marque Techfun, dédiée aux loisirs sportifs (tyrolienne, luge, via ferrata...).

Numérique et montagne, duo gagnant

Autre évolution importante ? Dans le sillon de la French Tech, le numérique insuffle un vent de nouveauté dans le domaine de la montagne, jusqu'ici plutôt porté sur les innovations techniques.

"Le numérique change la donne en proposant des services personnalisés selon le profil des clients. Ce peut-être d'informer que le trafic est chargé pour inciter les skieurs à prendre une autre piste, à localiser leur groupe mais aussi à fournir de l'information aux exploitants", explique Nathalie Saint-Marcel.

En témoignent les services offerts par la start-up Blue Cime (Montbonnot), qui propose un système de contrôle et d'alerte des défauts de fermeture sur les télésièges, Cognidis (Grenoble), avec son application mobile qui vise à optimiser le séjour des skieurs, ou encore Nivolog (Grenoble), une application mobile qui fournit de l'information personnalisée sur les conditions de neige.

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Même les grands s'y mettent : le leader du transport par câble Poma a lui-même investi dans le développement d'un nouveau simulateur afin de former les exploitants de ses futurs équipements au plus proche des conditions réelles. Un investissement qui représente plusieurs centaines de milliers d'euros.

Des acteurs locaux qui jouent collectif

Pour mettre en valeur leurs entreprises aux yeux des visiteurs étrangers, les territoires étaient à pied d'œuvre sur le salon. La CCI de Savoie a par exemple créé un village nommé "The Savoie Touch" regroupant pas moins de 34 entreprises.

"Nous n'avons pas fait de sélection, le but étant de rester ouverts, y compris à des entreprises de Haute-Savoie ou de l'Ain, avec lesquelles il existe des synergies", explique René Chevalier, à la CCI de Savoie.

Même chose du côté de l'Isère, qui a associé plusieurs partenaires (métropole, CCI, conseil départemental, AEPI, Pays voironnais, ...) pour monter un village Grenoble Alpes qui regroupe 16 entreprises sélectionnées au préalable selon plusieurs critères : leur localisation au sein du territoire, mais aussi leur volonté d'adresser ou de concrétiser leur présence sur le marché de la montagne.

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"Nous regroupons à la fois des consultants en innovation et en services (Tams Consultants), des produits connectés (Nivolog, Cognidis, Axunn, fabricant de skis basé à Chamrousse)", précise Francis Fiesinger, responsable de l'activité tourisme à la CCI de Grenoble.

Innovation et emploi

Chef d'orchestre de l'industrie à l'échelle nationale, le Cluster Montagne a pour sa part souhaité mettre en avant neuf entreprises à travers les Trophées de l'Innovation, qui doivent être remis ce jeudi 14 avril.

"Au total, la filière de l'aménagement de la montagne française représente 350 acteurs, 5000 emplois et un volume de 1 milliard d'euros par an", précise Nathalie Saint-Marcel.

Malgré les tensions économiques, la tendance est plutôt optimiste au cours des trois dernières années, poursuit-elle.

Elle en veut pour preuve le lancement d'une plateforme emploi, de concert avec les Domaines skiables de France et l'Association nationale des maires des stations de montagne, qui a recueilli 200 annonces d'emplois en l'espace de huit mois.

"Après un début de saison compliqué, nous avons le sentiment que les grandes stations s'en sont plutôt bien sorties. Par contre, on voit dans les moyennes stations, comme en Auvergne, un vrai enjeu autour de la neige de culture, qui est devenu un incontournable pour sécuriser une partie de l'activité", résume-t-elle.