Retardé par le Covid-19, un redécollage de l'aéroport de Saint-Etienne est-il encore possible ?

Ses difficultés ne datent pas du Covid, mais la crise n'aura pas facilité sa relance. Trois ans après l'arrêt des vols low cost par les collectivités locales ne souhaitant plus mettre la main à la poche, l'aéroport de Saint-Etienne Bouthéon n'a pas encore vraiment redécollé. En revanche, plusieurs pistes pourraient déboucher rapidement, tandis que son déficit a tout de même été divisé par trois.
L'enjeu : réduire au maximum le déficit supporté par les collectivités locales afin de rendre supportable pour les finances publiques le maintien de cet équipement, dont le Covid n'a pas été le seul élément perturbateur.

A l'heure où le trafic aérien tente de reprendre des couleurs en prévision de la saison estivale, l'aéroport stéphanois tourne encore au ralenti. Et ce, depuis 2017, date à laquelle les compagnies low-cost qui desservaient Saint-Etienne Bouthéon se sont vues privées de leurs onéreuses subventions publiques, servies par les collectivités locales. Elles sont donc parties poser leurs valises ailleurs, tandis que l'infrastructure a dû se contenter des vols liés aux matchs de l'ASSE, de quelques vols d'affaires et des rotations des aéroclubs locaux.

En 2020, l'aéroport aura par ailleurs permis la réalisation de 30 vols sanitaires liés au Covid-19. Au total : 18.373 mouvements ont été enregistrés l'année dernière, pour 3.500 passagers au total, soit 40% de moins qu'en 2019.

Soit un peu moins qu'en 2019 et 2018, en raison du contexte lié au Covid-19, et beaucoup moins évidemment qu'avant l'arrêt des lignes Ryan Air vers Porto et Fès ou celle de Pegasus vers Istambul. En 2016, 170.000 visiteurs avaient transité par Saint-Etienne Bouthéon.

Un équipement jugé "prioritaire"

Pour autant, Gaël Perdriau, le maire LR de Saint-Etienne et président de Saint-Etienne Métropole, n'en démord pas.

Il avait affiché la couleur dès son élection en 2014 puis en avait remis une couche, en 2019, en prenant les manettes du syndicat mixte de l'aéroport de Saint-Etienne Bouthéon : « l'aéroport est une infrastructure prioritaire et indispensable au développement économique ainsi qu'à l'attractivité du territoire. Sans lui, nous pourrions difficilement obtenir la tenue à Saint-Etienne de grands événements sportifs et culturels par exemple. Il faut le maintenir, tout en trouvant des solutions afin qu'il coute le moins cher possible aux Ligériens ».

Un point de vue partagé par Irène Breuil, chef de file de la délégation stéphanoise de la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne : "Cette infrastructure est essentielle pour la performance des entreprises et pour notre territoire de manière générale". Elle insiste toutefois : "Nous devons trouver un modèle économique pérenne. C'est absolument indispensable".

Depuis son arrivée à la présidence du syndicat mixte il y a deux ans, Gaël Perdriau planche justement sur ce point, avec les autres financeurs de cette infrastructure, sur de nouvelles pistes de développement, en s'appuyant sur le rapport établi en 2019 par le cabinet spécialisé Abington.

Celui-ci proposait alors plusieurs voies. D'abord, la remise sur les rails (ou dans les airs plutôt) de lignes régulières (mais pas low cost), avec en premier lieu un Saint-Etienne/Paris qui avait existé autrefois. Mais aussi, le développement de l'aviation d'affaires et de la formation, le renforcement de l'activité des aéroclubs et la valorisation du foncier bord de piste.

L'enjeu : réduire au maximum le déficit supporté par les collectivités locales afin de rendre supportable pour les finances publiques le maintien de cet équipement. Celui-ci a d'ores et déjà été divisé par trois depuis 2018 : le prévisionnel est de -1,2 million pour 2021, avec une contribution des membres du syndicat mixte de 1,46 million (43% supportés par le département, 30,5% par Saint-Etienne Métropole, 15% par la CCI, 7% par l'agglomération de Loire Forez et 4,5% par la communauté de communes de Forez Est.

Jusqu'au bout des pistes

"Depuis deux ans, nous travaillons sur l'ensemble des pistes proposées. La situation sanitaire ralentit les discussions et les projets, bien entendu, mais nous avons d'ores et déjà pu poser quelques jalons", souligne Gaël Perdriau.

Si l'hypothèse de la ligne Saint-Etienne/Paris est abandonnée, en raison de l'existence d'une liaison TGV, le président de Saint-Etienne Métropole espère une ouverture vers des villes de l'Ouest et du Sud-Ouest, plus difficilement accessibles depuis la capitale ligérienne. "Nous sommes en discussion avec plusieurs sociétés sur ce sujet".

Le syndicat mixte a par ailleurs avancé sur le dossier de l'activité commerciale au sol (maintenance, réparations, équipements etc). " Huit hectares sont valorisables avec un accès direct à la piste. Sur ces 8 hectares, deux disposent déjà de hangars mais ils sont en très mauvais état car ils n'ont jamais été entretenus. Les six autres hectares sont à construire. Nous sommes en discussion avancée avec une société de maintenance aéronautique (mécanique, peinture, sellerie etc), intéressée pour reprendre le hangar autrefois occupé par l'entreprise Catex ", confie Gaël Perdriau, évoquant par ailleurs un accord avec une entreprise spécialisée dans les baptêmes de l'air et les déplacements en hélicoptère.

Des discussions seraient par ailleurs toujours en cours avec Lyon Saint-Exupéry, pour des vols de délestage, avec une offre complémentaire. "La période, avec une chute du nombre de vols, ne nous aide pas à avancer avec Saint-Exupéry...", reconnait Gaël Perdriau, convaincu toutefois que le salut de l'aéroport est à portée de main. Même si celui-ci doit encore reconquérir sa certification ESEA, perdue il y a trois ans, et sans laquelle il ne peut accueillir plus de 10.000 passagers par an.

Une stratégie que conteste depuis de nombreuses années Olivier Longeon, conseiller municipal et métropolitain, tête de liste ligérienne EELV pour le premier tour des Régionales 2021.

"Cet aéroport ne sert à rien. Il n'a jamais vraiment fonctionné. Je ne comprends pas cet entêtement, je préférerais que le maire mette toute son énergie dans le développement du ferroviaire dont le bilan carbone est bien meilleur. Cette politique est d'un autre temps".

Une critique que balaie d'un revers de main Gaël Perdriau : "Je ne soutiens pas les logiques de décroissance. D'autant que les ingénieurs travaillent sur des avions moins polluants. L'innovation permettra d'allier croissance et préservation de la planète".

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Commentaire 1
à écrit le 01/07/2021 à 19:40
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Encore un équipement géré par la CCI Lyon métropole. Comme le musée des tissus revendu à la région pour 1€ symbolique après des pertes constantes. La CCI fait la démonstration de sa parfaite incompétence en matière de gestion. Et c'est elle qui conse...

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